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3°. Le fluide de A attire la matiere propre de B. 4o. La matiere propre de A exerce auffi fur la matiere propre de B une action que nous déterminerons plus bas.

Il eft clair d'abord, d'après ce qui a été dit, (3), que l'attraction de la matiere propre de A fur le fluide de B, eft égale à la force répulfive mutuelle des deux fluides: car il en eft ici du corps B, vis-à-vis du corps A, comme d'une partie quelconque d'un feul corps, l'égard d'une autre partie du même corps. Ainfi les deux forces dont il s'agit, fe faifant équilibre, leur effet eft comme nul.

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En fecond lieu, la premiere force est égale à la troifieme, c'eft-à-dire, qu'autant la matiere propre de A attire le fluide de B, autant le fluide de A attire la matiere propre de B. Pour le prouver, obfervons que l'effort que font les deux corps, pour fe porter l'un vers l'autre, en vertu de l'attraction mutuelle de leurs fluides & de leurs maffes, doit être eftimé ici, comme la quantité de mouvement dans le cas de l'équilibre, c'est-à-dire, par le produit des maffes & des viteffes. Cela pofé, plus la matiere propre ou la maffe de A eft confidérable, plus chaque molécule du fluide de B a de vîteffe pour fe porter vers A. Donc cette vîteffe eft proportionnelle à la maffe de A. Donc la quantité de

B

mouvement du fluide de B, où le produit de la viteffe de ce fluide par fa maffe, eft comme la maffe même de A, multipliée par la maffe du fluide de B. On verra de même, que l'effort avec lequel B eft attiré par le fluide de A, eft comme la maffe de ce fluide, qui determine ici la vîtesse de B, multipliée par la masse de B.

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Soit M la maffe de A; Q fa quantité de fluide; m la maffe de B; q fa quantité de fluide; les deux attractions, ou les quantités de mouvement feront comme le produit de M par q, eft au produit de Q par m. Mais les quantités de fluide naturelles étant proportionnelles aux maffes, on aura M eft à m, comme Q eft à 2; & multipliant l'un par l'autre, les extrêmes & les moyens, on trouvera que le produit de M par q eft égal au produit de Q par m; c'eft-à-dire , que les quantités de mouvement, & par conféquent la pre

miere & la troifieme des forces mentionnées ci-deffus font égales entr'elles. Or, la premiere étant égale & contraire à la feconde, il s'enfuit que l'effet de la troifieme eft néceffairement balancé par une quatrieme, qui lui eft pareillement égale & contraire. Mais il ne refte, pour la quatrieme force, que celle qu'exerce la matiere propre de A fur celle de B; d'où M. Æpinus conclud, 1o. que les molécules de la matiere propre des deux corps A & B, ont une

force répulfive mutuelle; 2°. que cette force eft égale à l'une quelconque des trois premieres forces; c'est-à-dire, qu'il y a égalité entre les quatre forces dont il s'agit.

20. Quoique l'existence d'une force répulsive, mutuelle entre les molécules propres des corps, paroiffe fuivre immédiatement des principes de la Théorie de l'Électricité (a), tels que M. Francklin, & tant d'autres Phyficiens après lui les ont admis; l'Auteur ne diffimule pas la répugnance qu'il a eue d'abord à fe perfuader que la force dont il est question pût avoir lieu dans la nature. Mais il ajoute, qu'après y avoir bien réfléchi, il n'a rien trouvé dans cette fuppofition qui fut contraire à l'analogie des opérations de la nature; puifqu'il y a une multitude de circonftances où l'on obferve des actions répulfives entre les corps. La gravitation universelle prouvée par Newton ne peut faire ici une difficulté folide. Car, comme l'effet de la répulfion dont on a parlé eft détruit par l'action du fluide électriqué, dans tous les corps qui renferment

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(a) Cette conféquence n'eft pas néceffaire puifqu'il eft probable que l'on trouvera une autre maniere d'expliquer la chofe, quand la nature du fluide électrique nous fera plus connue. Voyez le Difcours préliminaire. 1

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leur quantité naturelle de ce fluide, cette répulfion eft comme nulle, par rapport à l'attraction univerfelle dont elle ne trouble point l'action fur les différens corps, excepté dans les cas où ceux-ci donnent des fignes extérieurs d'électricité, d'où résultent des effets particuliers, qu'il faut regarder comme des efpeces d'exceptions à la loi générale. Et fi l'on objecte à M. Epinus, que deux forces oppofées, telles que la répulsion & l'attraction, font incompatibles dans le même fujet; il répond, que ne confidérant pas ces deux forces, comme inhérentes à la matiere mais comme produites par des causes extérieures, il ne peut être accufé de contradiction, puifque rien ne répugne à ce qu'un corps foit follicité à la fois par deux puiffances contraires. C'eft ainfi , par exemple, que les molécules d'un fluide élaftique fe repouffent mutuellement en vertu de leur reffort, quoique foumifes à la loi de la gravitation universelle.

deux corps

21. Nous venons de voir A que & B, dans l'état naturel, n'avoient l'uni fur l'autre aucune action fenfible qui pût être attribuée à l'électricité. Concevons que le fluide de A foit augmenté d'une certaine quantité. En reprenant les quatre forces mentionnées ci-deffus, favoir :

1o. L'attraction de A fur le fluide de B.

2o. La répulfion mutuelle des deux fluides. 3o. L'attraction du fluide de A fur B. 4o. La répulfion mutuelle de A & de B. Il fera facile de voir que l'accroiffement du fluide de A, n'altere, en aucune maniere, la premiere & la quatrieme force; puifque l'action du fluide de A n'entre point comme élément dans ces forces. Il n'y aura que la feconde & la troifieme force qui fubiront des changemens. Or, dans l'état naturel, la feconde force eft à la troisieme (19), comme le produit des maffes des deux fluides, eft au produit du fluide de A par la maffe de B. Mais ces deux produits étant égaux, fi l'on augmente d'une même quantité leur facteur commun, qui eft la maffe du fluide de A, il eft clair que l'égalité fubfiftera toujours. Donc dans le cas où le fluide de A feroit augmenté, la feconde force fera équilibre à la troifieme; & comme la premiere est égale à la quatrieme dont elle balance l'effet, il s'enfuit que le corps A, dans l'hypothese préfente, n'aura pas plus d'action fur le corps B, que s'il étoit dans l'état naturel.

Si l'on fuppofe, au contraire, que le fluide de B foit diminué d'une certaine quantité, on trouvera que la fecondé & la troifieme force font encore égales, comme dans le cas précédent.

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