Imágenes de páginas
PDF
EPUB

1

pénétrer toutes fortes de corps; mais il y a de grandes différences entre les corps, relativement à la maniere dont fe fait ce trajet à travers leurs pores. Tous ceux qui ne font point 'électriques par eux-mêmes, & qu'on appelle, pour abréger, corps an-électriques, livrent un libre paffage à la matiere électrique, qui se meut dans leurs pores avec beaucoup de facilité. Quant aux fubftances idio-électriques, ou qui s'électrifent par le frottement, M. Francklin penfoit que le verre qui eft du nombre de ces fubftances étoit imperméable à la matiere électrique (a). M. Epinus n'eft pas tout-à-fait du même sentiment. Il croit plutôt que la matiere électrique fe meut dans le verre, & en pénétre les pores, mais avec beaucoup de difficulté & de lenteur; & il étend cette propriété à tous les autres corps idio-électriques, tels que le foufre, les réfines, J'air fec, &c.

[ocr errors]

Au refte, lorfque M. Epinus parle d'attractions & de répulfions, il ne prétend pas que les corps aient la propriété d'agir les uns fur les autres à distance. Il regarde, au contraire, comme un axiôme indubitable cette propofition, qu'un corps ne peut agir où il n'eft pas. Les mots d'attraction & de répulfion, défignent

(-4) Obfervations sur l'électricité, pag. 183 & 1841

feulement des faits que l'Auteur adopté pour principes, & dont il déduit l'explication des phénomenes, fans rechercher la cause immédiate de ces faits. (Voy. le Disc. préliminaire. )

3. Chaque corps a une certaine quantité d'électricité qui lui eft propre, & que l'on peut appeler fa quantité naturelle d'électricité. Cette quantité eft proportionnelle à la maffe. Tant qu'elle refte la même, le corps ne donne aucun figne extérieur d'électricité, d'où il fuit qu'il y a équilibre entre la force attractive qu'un corps exerce fur fa quantité naturelle de fluide électrique, & la force avec laquelle les molécules qui compofent cette quantité, fe repouffent mutuellement. Mais fi l'on vient à augmenter ou à diminuer cette même quantité, par quelque moyen que ce foit; alors l'équilibre étant rompu, le corps dont il s'agit, deviendra fufceptible de produire au-dehors divers phénomenes électriques.

4. On dit d'un corps, qu'il eft électrifé pofitivement, ou négativement, lorfqu'il a plus ou moins que fa quantité naturelle d'électricité. On fe fert auffi, dans les mêmes cas, des termes d'électrife en plus, ou électrifé en moins. Le verre acquiert, par le frottement, une électricité pofitive fur la furface frottée. Celle que l'on communique, par le niême moyen, au foufre à

2

la Cire d'Espagne & aux matieres réfineuses, eft négative. Nous verrons dans la fuite, par quels indices on peut juger fi l'électricité d'un corps eft pofitive ou négative.

II. Des loix auxquelles eft affujettie la matiere électrique, en conféquence des principes qui viennent d'être expofés.

5. Les différens phénomenes qui dépendent de T'action du fluide électrique, peuvent fe réduire en général à deux claffes. La premiere comprend ceux où le fluide paffe d'un corps dans un autre, qui en a une moindre quantité. Les phénomenes de la feconde claffe, font ceux où les corps eux-mêmes ont des mouvemens progreffifs, par lefquels ils s'approchent ou s'écartent les uns des autres. M. Epinus expofe d'abord les loix que fuit la matiere électrique, dans les cas qui appartiennent à la premiere claffe comme étant les plus Amples.

6. Suppofons un corps qui ait reçu une certaine quantité de fluide électrique au-deffus de fa quantité naturelle, ou qui foit électrife pofitivement (4). Il s'agit de déterminer l'action du fluide fur une molécule électrique, fituée auprès de la furface du corps. Tant que ce corps étoit dans fon état naturel, la force attractive de fa

[ocr errors]

matiere propre, à l'égard de la molécule dont il s'agit, étant égale à la force répulfive que fon fluide exerçoit fur cette même molécule, (3), ces deux forces fe faifoient équilibre, & la molécule reftoit immobile auprès de la furface da corps, fans être attirée ni repouffée. Mais à caufe de l'accroiffement qu'a reçu le fluide renfermé dans le corps, la force répulfive de ce fluide fe trouve elle-même augmentée ; & alors. fon action l'emportant fur celle de la force attrac tive, la molécule eft repouffée en raifon du furcroît de fluide ajouté à la quantité natu→ relle.

Les autres molécules fituées auprès de la furface du corps, étant dans le même cas que celle dont il s'agit, la couche entiere formée par ces molécules fera repouffée, & forcée de s'éloigner du corps, a moins que quelqu'obftacle ne s'y oppofe. Si l'ou conçoit tout le fluide renfermé dans le corps, comme divifé en une multitude de couches concentriques, il fera facile. de voir que celles de ces couches, qui feront fituées vers la furface d corps, s'écarteront fucceffivement du centre; er forte qu'il fe fera un effluvium continuel de matiere électrique, jufqu'à ce que l'équilibre foit rétabli, ou que ·le corps n'ait plus que fa quantité:

naturelle de fluide.

7. Concevons maintenant un autre corps, que

ait perdu une partie de fa quantité naturelle d'électricité, ou qui foit électrifë négativement. Alors la force répulfive du fluide fur une molécule fituée près de la furface du corps, étant inférieure à la force attractive de la matiere propre de ce corps, par rapport à la même molécule, l'attraction exercera fur celle-ci une partie de fon action, d'où l'on conclura, par un raifonnement femblable à celui que nous avons fait pour le cas d'une électricité pofitive (6), qu'il y aura une affluence continuelle de matiere électrique dans le corps, jufqu'à ce qu'il ait recouvré fa quantité naturelle d'électricité.

8. Il peut y avoir deux caufes qui s'opposent aux effets que nous venons de décrire, l'une interne, & l'autre extérieure. La premiere aura lieu, fi le corps eft du nombre de ceux qu'on appelle Idio-électriques (2). Car le fluide ne pouvant fe mouvoir qu'avec beaucoup de difficulté à travers ces fortes de corps, fon effluence dans le premier cas, & fon affluence dans le second, en feront fenfiblement retardées. L'autre cause eft celle qui provient de la nature des corps environnans, dans le cas où ceux-ci font pareillement idio-éle&riques, tels qu'un air bien fec. La réfiftance que ces corps oppofent au mouvement de la matiere électrique, produira dans les effluences & affluences dont nous avons parlé

« AnteriorContinuar »