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& qu'il peut auffi fe trouver des corps voifins tout autour d'eux, & cela dans différentes pofitions & à des diftances différentes

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on ne voit pas comment le fluide plus denfe de l'air, ou des corps environnans attireroit toujours les corps électrifés en moins, fuivant des directions diamétralement oppofées. D'autres ont dit que les deux corps dans l'état négatif attirant néceffairement une partie du fluide des corps environnans, & ce fluide ne pouvant s'y introduire qu'avec peine, à caufe de la réfiftance qu'il trouvoit de la part de l'air que l'on fuppofoit condensé à la furface des corps électrifés, il formoit une atmosphere électrique autour de chacun de ces corps, & que c'étoit en vertu de cette atmosphere que les deux corps fe repouffoient mutuellement. On voit que cette explication porte fur une condenfation de l'air, que l'on fuppofe gratuitement fans la

prouver.

50. On peut juger néanmoins, par tout ce qui a été dit, que les attractions & répulsions dépendent en grande partie de la réfiftance de l'air, qui maintient les corps électrifés dans leur état pofitif ou négatif, & retarde leur retour à l'état naturel (8). Auffi, ces effets n'ont-ils prefque plus lieu fous un récipient purgé d'air, & on peut préfumer que s'il étoit poffible de

se procurer un vuide parfait, on n'y obfer

veroit plus ni attractions

les corps an-électriques.

ni répulfions, entre

51. Nous ajouterons ici un mot au fujet des atmospheres électriques, admifes par la plus grande partie des Phyficiens. Dans la théorie de M. Epinus, l'électricité a une sphere d'activité, qui s'étend autour des corps à une certaine distance. Mais ces corps n'ont point proprement d'atmosphere formée par un fluide électrique ambiant, à moins qu'on n'entende par ce mot le fluide aërien, qui entoure ces corps, & qui eft toujours électrifé jufqu'à un certain point, foit pofitivement, foit négativement. Mais cet air n'influe pas fenfiblement dans les phénomenes électriques, en forte que fi, par le moyen d'un fouflet, on parvenoit à le renouveller fans ceffe, les phénomenes ne laifferoient pas d'avoir lieu, comme dans un air tranquille.

On objectera que quand on préfente le dos de la main à une petite diftance d'un corps électrifé, on reffent une efpece de chatouillement semblable à celui que produiroient les fils d'une toile d'araignée; ce qui paroît supposer l'existence d'une véritable atmosphere électrique. On répond que cette fenfation eft occafionnée, non par le contact d'une atmosphere, mais par le

mouvement qu'imprime au fluide naturel répandu fur la furface de la main, l'action du fluide contenu dans le corps électrifé. Car fi la sensation, dont il s'agit, provenoit d'une atmosphere; un homme qui, placé fur un fupport à isoler, communiqueroit avec un conducteur électrife, devroit reffentir une légere impreffion, lorfqu'il préfente le dos de la main au conducteur. Cependant l'expérience montre que l'on n'éprouve alors aucune fenfation particuliere, ce qui vient de ce que le fluide étant en équilibre dans le corps de l'Obfervateur & dans le conducteur de la machine, fes différentes parties n'ont aucune action l'une fur l'autre. Quant à l'odeur que le fluide électrique répand dans certaines circonstances, comme cette odeur ne fe fait jamais fentir que quand le fluide fort réellement d'un corps électrifé, par quelque partie anguleufe; il eft clair qu'elle dépend de la tranfmiffion du fluide d'un corps dans un autre, & non pas d'une atmofphere, qui circuleroit autour du premier de

ces corps.

V. Des changemens que l'action des caufes extérieures peut apporter dans les attractions & répulfions électriques.

52. Nous avons fuppofe jufqu'ici que les corps qui fe repouffoient mutuellement, reftoient abondonnés à eux-mêmes & à l'action du fluide électrique, qu'ils renfermoient, au moment où ils ont commencé à exercer leur force l'un fur l'autre, fans qu'aucune caufe extérieure intervint, foit pour changer leurs distances refpectives, foit pour augmenter ou diminuer la quantité de leur fluide électrique. Et en effet tant que cette condition aura lieu les chofes se pafferont, comme nous l'avons exposé, c'està-dire, qu'il arrivera toujours que deux corps, dont les électricités feront homogenes, fe repoufferont mutuellement.

Mais fi, dans le moment auquel ces deux corps se repouffent, on fuppofe qu'une caufe extérieure agiffe fur tous les deux, ou feulement fur l'un des deux, pour le rapprocher de l'autre ; ou bien, ce qui revient au même, fi l'on conçoit dans le même tems, l'un des deux corps foit électrifé de nouveau, de maniere qu'il

que,

reçoive un furcroît de fluide électrique, ou perde une partie de celui qu'il renfermoit, les changemens d'état qui en refulteront, par rapport aux corps dont il s'agit, pourront donner lieu à des phénomenes finguliers, qui, au premier coup-d'œil, paroîtront contraires à l'analogie des opérations de la nature; mais dont l'explication fuit naturellement des principes établis par M. Æpinus & imprime, en quelque forte, à fa théorie un nouveau caractere de certitude.

Quant aux phénomenes produits par deux corps électrifés originairement, l'un en plus & l'autre en moins, nous verrons plus bas qu'ils ne font fufceptibles d'aucune variation, c'eft-à dire, que ces corps s'attireront mutuellement à toutes les diftances.

53. Concevons d'abord deux corps C, G, (fig. 4.) électrifes pofitivement, & fuppofons que tandis qu'ils s'écartent l'un de l'autre, une caufe extérieure agiffe pour rapprocher le corps G du corps C. La force répulfive du fluide de C refoulera une portion du fluide contenu dans FG, & la fera paffer dans l'autre partie GH. Pareillement la force répulfive du fluide de G, agira fur le fluide de C, pour faire paffer une portion de ce fluide, de la partie BC, dans la partie CD.

Or, il pourra arriver qu'il y ait un point

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