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loix fur chacun des phénomenes en particulier. Dès-lors ces réfultats fi divers & quelquefois même contraires en apparence les uns aux autres, ne font plus pour l'œil éclairé par la Théorie, que les différens points de vue d'un fait unique.

De toutes les Théories que l'on a imaginées pour expliquer les phénomenes électriques, celle du célebre Francklin a été le plus généralement adoptée. Cette Théorie porte en général fur deux faits, l'un, que les molécules électriques ont la propriété de fe repoufler mutuellement, même à une certaine diftance; l'autre, qu'elles font attirables par tous les corps connus. Ces deux faits admis tous les autres en découlent, comme autant de corollaires qui fe déduifent d'un même principe.

Mais il faut bien remarquer, que par les termes de forces répulfives ou attractives, on ne prétend pas défigner des forces inhérentes aux molécules de la

matiere. Car, comme l'observe très-bien M. Epinus (a), un corps ne peut agir où il n'eft pas. Tout ce que l'on entend, c'eft que deux molécules électriques ne peuvent fe trouver en préfence, fans s'écarter l'une de l'autre, quelle que foit la caufe qui produife ce mouvement retrograde. De même, une molécule électrique libre ne peut fe trouver vis-à-vis d'un corps, fans s'approcher de ce corps, quel que foit l'agent qui l'y follicite.

Que fait donc la Théorie? Elle prend un ou deux faits qu'elle ne cherche point à expliquer, mais qui, une fois donnés, mettent tous les faits connus en rapport les uns avec les autres, en forte qu'ils empruntent des deux premiers un jour, à l'aide duquel ils s'éclairent enfuite mutuellement. Un autre avantage des Théories, c'eft qu'elles nous mettent à portée de déterminer d'avance, d'une maniere certaine, l'effet qui doit avoir lieu, dans

(a) Tentamen Theoria eledricitatis & magnetifmi, &c. pag. 7.

telle circonftance, &, par une fuite néceffaire, de produire à volonté tel effet, en amenant les circonftances dont il dépend, lorfqu'il s'agit d'un objet qui tient à la Phyfique expérimentale. Ainfi les Théories, non-feulement nous dévoilent en partie les refforts cachés que la Nature fait jouer dans les opérations qui fe pafsent actuellement fous nos yeux; mais elles étendent nos vues jufques fur les résultats des opérations futures, & les foumettent même, en quelque forte, à notre pouvoir.

On voit, par ce qui précede, à quoi se réduit la véritable Phyfique, &, fi j'ofe le dire, la feule raisonnable. Nous ne connoiffons pas les caufes premieres, ni les loix les plus générales d'où dépendent les effets naturels. L'Être fuprême qui a établi ces loix, & qui les maintient, voit feul la chaîne entiere dont elles forment les premiers anneaux. Parmi les différens effets fubordonnés à ces loix nous obfervons certaines directions que

les perturbations qu'ils éprouvent, mais de les annoncer, d'en déterminer d'avance, & l'époque & la quantité. Rien de plus admirable que cet accord conftant & général entre les résultats de la Théorie & ceux de l'obfervation, accord qu'ont servi à vérifier de plus en plus les progrès que l'Aftronomie phyfique a faits de nos jours, &, en particulier, les profondes recherches de MM. de la Grange & de la Place, qui partagent la gloire de Newton, en contribuant à la lui assûrer.

M. Francklin avoit eu celle de pofer les fondemens d'une Théorie de l'électricité, beaucoup plus fatisfaifante que tous les fyftêmes qui avoient paru jufqu'alors. Il s'étoit attaché, fur-tout, à prouver l'existence des deux électricités pofitive & négative. Il avoit fait voir, par des expériences qui paroiffent décifives, qu'en même temps que l'une des deux furfaces. de la bouteille de Leyde, acquéroit une certaine portion de fluide électrique audeffus de fa quantité naturelle, la furface

oppofée perdoit une partie de la fienne, & que la propriété de donner cette fecouffe violente que l'on reffent dans l'expérience de Leyde, étoit produite par le retour rapide de la quantité excédante du fluide communiqué à la furface électrisée en plus, vers la furface électrisée en moins. Mais cette Théorie étoit fufceptible d'être traitée avec un nouveau degré de précifion, & développée d'une maniere plus étendue qu'elle ne l'avoit été par ce Savant célebre. M. Epinus, de l'Académie de Pétersbourg, a entrepris cette tâche, & l'a remplie avec tout le fuccès qu'on devoit attendre de fa fagacité & de fon génie (a). En appliquant le calcul au principe de l'électricité pofitive & négative en exprimant l'action des forces que les corps électriques exercent les uns fur les autres, en vertu de leur excès ou de leur défaut de fluide, par

(a) Tel eft l'objet de l'Ouvrage que nous avons cité plus haut, & qui a été compofé en 1759.

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