par M. le Comte Defalleurs, Ambaffadeur à la Porte, alla rendre Mr. Defal leurs Pacha. vifite au Capitan Pacha, qui eft legrand Amiral, où j'eus l'hon- au Ca neur d'accompagner Son Excellence; nous nous embarquâmes pour cet effet fur des Caiques, pour aller à l'Arfenal, où eft la maifon de cet Officier. Lorfque: le cortége fut arrivé, l'on fit entrer M. l'Ambaffadeur dans. un petit Kioftre qui donne fur la Mer, & un moment après arriva le Capitan Pacha, qui embraffa Son Excellence d'une mat niere fort cordiale. Ils eûrent enfuite un entretien particulier qui dura une bonne heure, après lequel on fit entrer tous les Of ficiers de fa fuite, aufquels on diftribua le café & le forbec on donna le parfum à Son Excellence, & le Capitan Pacha lui fit prefent d'un beau chapelet de CO Ee Cai eft dé corail M. l'Ambaffadeur prit enfuite congé de l'Amiral, & nous nous rembarquâmes dans le même ordre que nous étionsarrivez. Peu de jours après le Caimamacan can, qui eft le Gouverneur de poffe Conftantinople, fut dépoffé1ć, dé, & l'on mit à fa place le Kiahia ou l'Intendant de la Maifon de la Validé, homme fort âgé & qui paffe pour être le plus riche de tout l'Empire; ce qui fait dire aux politiques qu'on ne lui a confié cette importante: Charge, que dans le deffein de lui faire couper la tête à la moindre occafion, pour se rendre maître de fes richeffes; mais les Nouvelliftes ne prêtent-ils pas, fouvent aux Souverains & à leurs Miniftres, des vûës & des deffeins qui n'ont d'autre fondement que celui qu'ils trouvent dans dans leur imagination? Ce qui eft vrai, c'est que les Charges les plus confidérables de la Porte fur-tout celle de Grand Vifir, qui eft fans contredit la plus belle qui foit dans le monde, font très-fragiles, & on les voit rarement demeurer longtems fur les mêmes têtes, foit que l'ambition ou l'avarice de ceux qui les poffédent, les portent à des excès & à des con-cuffions criminelles, foit que: les richeffes immenfes qu'ils ont bien-tôt accumulées excitent la cupidité & la jaloufie des Sultanes qui profitent à ces changemens, & qui font dans le fond du Serrail le mobile de pref que toutes les révolutions qui. arrivent dans ce vafte Empires & l'on peut remarquer en paffant qu'il n'y a point de lieu où L'on voie mieux qu'ici l'incon ftance Hiftoi paux ftance de la fortune, qui élevé en peu de tems les perfonnes de la plus baffe extraction, jufqu'aux fuprêmes honneurs, d'où elles les précipite prefque toû jours d'une maniere tragiques ou, pour parler plus chrétiennement, les refforts fecrets de la Providence, qui donne par tout l'Univers des leçons éclatantes qui aprennent à méprifer les honneurs & les biens, autant par leur feule fragilité, que par l'opofition qu'ils ont prefque toûjours avec la probité & la droiture. Le recit que je vais faire des re des principaux événemens qui font princi- arrivez dans l'Empire Ottoman événe depuis la derniere révolution arrivez qui mit fur le Trône le Sultan à la Achmet en 1703. fournira pluPorte fieurs autres exemples à la réle fe- éxion que je viens de faire. mens pendant: Com Comme je n'ai pas été à Con- jour du ftantinople pendant tout le tems Roi de Suéde dont on verra ici l'hiftoire, il à Ben eft bon d'avertir le public que der, cette relation vient de M. Mainard, un des principaux Marcands François, homme d'ailleurs fincere & très-bien inftruit de ce qu'il raconte. Dès que le Sultan Achmet fut monté fur le Trône, il s'apliqua à faire périr tous les Chefs des féditieux, dont il fit mourir alors quelques uns; le fameux Chalix Achmet fut exilé à Rhodes, où peu de tems après il lui fit couper la tête, malgré toute fa résistance; le Grand Vifir Achmet Pacha relegué dans la Natolie, & delà dans un petit Gouvernement, finit fes jours par le poison; le Caimacan Sari- Affan Pacha fait Tefterdar, & enfuite Be |