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de Smyrne portent fur la tête un tarpouche, qui eft une espece de bonnet de brocard d'or ou de velours cramoifi, brodé d'or ou d'argent, elles attachent ordinairement cette tocque avec un mouchoir de couleur, dont elles laiffent pendre un bout à côté du visage. Leurs habits, furtout de celles qui font riches font pour l'ordinaire des plus riches étoffes & de toutes fortes de couleurs & leurs chemifes de toile, très fine & rayée ; ces rayes font quelquefois d'or, & le caleçon qu'elles portent fous la chemise eft de même; elles joignent à cela de longues cadenettes de leurs cheveux qui pendent fur leurs épaules, avec de petites pieces d'or ou d'argent au bout; un fil de perles autour du col & autour des bras, & des pendans d'oreille,

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ou d'or, ou de perles, avec des fleurs de toute efpece autour de leur tête. On conviendra aifément que cet habillement est fort galant, & qu'il furpaffe en cela celui des Dames de France, dont le goût déclaré pour toutes les modes nouvelles, prouve qu'elles n'en ont pas encore trouvé une qui les fatisfaffe entierement. Les femmes Juives font vétuës de la même maniere, excepté la coëfure, fur laquelle elles attachent une efpece de platine, qui eft d'étain ou de cuivre, & qu'elles couvrent d'un fatin blanc, brodé d'or ou d'argent, ainfi que la mouffeline avec laquelle cette platine eft attachée. Leurs cheveux font enfermez dans une bourfe de foie qui pend fur les épaules, à peu près comme en ufent ici nos. Cavaliers. Les perles qu'elH 4

les

les ont autour du col font fi ferrées les unes auprès des autres & en fi grande quantité, que leurs colliers font un très-grand nombre de tours.

Toutes les femmes, quand elles fortent, ou pour aller dans les rues ou en d'autres lieux, font vétuës, à la maniere du païs, d'un habit de toile blanche, qui leur couvrant la tête, leur envelope tout le corps; leur vilage eft couvert d'une gaze, qu'elles. baiffent quelquefois pour être vûës, & qui eft fi mince & fi fine, qu'elles peuvent fort bien voir tous les objets. Lorsqu'il fait vilain, & qu'il y a de la boue dans les ruës, elles vont, comme les hommes, avec des botines de maroquin jaune.

Tel eft le païs que je vais parcourir dans ce livre, où je me

fuis apliqué fur-tout à déterminer la véritable fituation des Villes & des Fleuves, dont les noms font aujourd'hui ou changez ou extrêmement corrompus.

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Î'Afic.

Le 27. de Juillet, mon équi- Départ page étant prêt, je pris une de ConBarque pour paffer la Proponti- nople de, qui fépare l'Europe de l'A- pour fie, & j'arrivai heureusement le 28. à Montagniat, petite ville fituée fur le bord Oriental de la Propontide, à 60. mille de Conftantinople; elle s'apelloit autrefois Myrlée, du nom de Myrlus, chef des Colofoniens, fon fondateur. Philippe, Roi de Macédoine pere de Perfée, étant entré en Bithynie, la faccagea & y laiffa Prufias, qui l'a rebâtit & l'a fit apeller Apamée, dù nom de fa femme ou de fa mere. M. Spon, dans fon voiage du HS

Le

Levant, confond cette Ville avec la Nicopolis de Bithynie; mais je crois qu'il fe trompe. La Ville dont il parle n'étoit pas le premier Port qu'on rencontroit en venant de Byfance ; & ce qui ne laiffe aucun lieu de douter de mon sentiment, c'eft que je trouvai dans cette Ville plufieurs médailles d'Apamée. Quoiqu'il en foit, il est aisé de juger, par › par les ruïnes qu'on y rencontre, que cette Ville étoit autrefois plus confidérable qu'elle ne l'eft aujourd'hui.

Montagniat eft affez peu plée; les Chrétiens, & les Juifs fur-tout , y font tout le commerce de Brouffe & de toute la Bithynie. Mon féjour n'y fut pas long; j'en partis à deux heures après-midi du même jour que j'étois arrivé, & après fx heures de marche, dans une affez

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