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cienne Thiatire, fi connue par l'Apocalypfe de S. Jean; & comme M. Spon a prouvé cet article, fans replique, dans fon Voiage du Levant, il eft inutile de répéter ici ce qu'il a dit fur ce, fujet, les lecteurs pourront le confulter. Comme la Caravane étoit campée à une lieuë de cette Ville, il fallut tout abandonner pour l'aller rejoindre. A mesure que j'avançois dans la Campagne voiois des reftes d'Aqueducs, qui avoient fervi autrefois a conduire les eaux dans la Ville & dans les maisons de Campagne qui étoient aux environs, fans parler de plufieurs Monumens qui paroiffent encore fur les collines voifines. Nous fimes le Conac dans une belle Prairie qui Le étoit arrofée par la Riviere de zou eft Zairzou,qui coule au Couchant;

Zair

je

c'eft

des an

c'eft l'Hermus des anciens, qui l'Her-" fe va jetter, avec le Pactole, à mus l'entrée du Golphe de Smyr-ciens, ne. Ce fut-là que nous trouvâmes une autre Caravane, que la crainte des voleurs fit joindre à la nôtre, & à mesure que la fûreté augmentoit, la difficulté de vifiter les lieux éloignez du chemin devenoit plus grande, › par les nouvelles que nous aprenions tous les jours du danger qu'il y avoit à tenir cette route, & par conséquent à fe féparer de la compagnie.

Le 23. on décampa à une heure, après minuit & on marcha pendant dix heures dans une trèsbelle Plaine, où nous eûmes quelques allarmes; mais les voleurs, qui virent bien que nous étions en trop grand nombre pour être ataquez,& que chacun fe tenoit fur les gardes, & avoit fes

I 2 armes

armes en état, n'oférent pas s'aprocher. Nous en vîmes quelques troupes qui ne laifférent pas que de nous donner de l'inquiétude; mais nous en fûmes quittes pour la peur. Quelques précautions que puiffent prendre les Pachas qui commandent dans tout le Levant, il eft impoffible de purger les chemins de cette maudite engence, qui fatigue fi fort les Voiageurs & oblige les curieux à fuivre les Caravanes, fans ofer fouvent aller vifiter des lieux dont la connoiffance feroit fi utile à l'Histoire & à la Geographie.

Au bout de la Plaine que nous venions de traverfer, on trouve la Ville de Manachie où nous paffâmes la nuit ; comme le danger delà à Smyrne n'étoit plus fi grand, j'abandonnai la Caravane, quoique j'euffe paié

les

les chevaux, dans le deffein de féjourner plus long tems dans les lieux qui méritent quelqu'a

tention.

Mana

chie eft

celle de

Mont

Sipile.

La ville de Manachie, qui eft La vilfituée au pied d'une très-haute le de bien avoir une Montagne, peut bonne lieuë de longueur; elle eft la mêfort grande & bien peuplée;il y a me que fur une petite Colline un Châ- Magne teau que les Turcs n'ont pas fie du beaucoup de foin d'entretenir & qui commande tellement à la Ville, qu'il en peut être regardé comme la Citadelle; trois méchantes pieces de canon, qui ne tirent que pour faluër les Pachas à leur arrivée, en compofent toute l'Artillerie. Ce Fort étoit aparemment plus confidérable autrefois, puifque la Colline fur laquelle il eft fitué étoit environnée de trois murailles flanquées de tours, dont

il refte encore quelques débris. Les Turcs, qui habitent cette Ville,m'affurérent que les Montagnes voifines produisent plufieurs plantes fingulieres,& qu'il y en a une entr'autres qui éclai re pendant la nuit comme un flambeau, nouvelle espèce de Phosphore que les Naturaliftes. n'avoient pas encore découvert; mais que je voudrois avoir vu moi-même, pour juger fi les Herboristes de ce païs-là ne confondent pas la plante dont il eft question, avec un amas de vers luifans qui deffus.

s'affemblent

Quoiqu'il en foit

, on voit de très beaux Bazars dans la ville de Manachie, les Mofquées y font affez bien bâties, & l'on y trouve trois Hôpitaux: l'un pour les malades; l'autre pour les lépreux, & le troifiéme

pour

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