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Il ne lui en restait plus qu'un, pour son malheur et pour le nôtre. L'aîné qui seul devait consoler sa vieillesse, est mort, du moins à ce qu'on a dit, et il faut bien le croire, puisqu'on n'entend plus parler de lui, et qu'il n'est pas venu reclamer son héritage. CHARLES.

Vous pleurez, bon vieillard ?

DANIEL.

Je ne puis en parler que comme cela. Quel bon maître il aurait fait! comme nous aurions été heureux CHARLES, à part.

Ah, Charles quel bonheur as-tu perdu. (4 Daniel.) Vous paraissez lui être bien attaché?

DANIEL.

Si je le suis, El, je l'ai vu croître sous mes yeux; je l'ai mille fois tenu dans mes bras. Dans d'autres temps plus heureux, que ne lui ai-je pas dû ! Et tenez Voici son filleul.

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Oui, avec mademoiselle Amélie, que vous des mandez.

CHARLES, qui ne l'avait pas encore consi

déré bien attentivement, le reconnuissant. Eh! c'est toi, mon cher Daniet? Et te voici, mon petit Charles. (Il l'embrasse avec violence).

L'ENFAN T.

Papa, il me fait mal.

DANIE L

Vous m'effrayez, monsieur le comte. Seriez-vous.

Ga

CHARLES, à part.

Mon émotion me trahit. ( A Daniel.) Ne soyer pas étonné de me voir si bien instruit: Paí connu Charles de Moour à l'université de Leipsick; c'était mon meilleur ami: tous les secrets de son cœur m'étaient connus. ('Il tire une bourse. ) Recevez co présent de sa part; je suis sûr qu'il m'en tiendra comple.

DANIE L.

C'est trop, monsieur le Comte, c'est trop: ma famille ne croira jamais....

CHARLE S.

-Garde tout, mon ámi, tout.... Et que fait-elle cette charmante Amélie ?

DANIEL.

Ses jours se consument dans la tristesse; son seul plaisir est de soulager les pauvres.

CHARLES à part.

Céleste créature !

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DANIE L.

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Il paraît qu'elle est déterminée à ne pas se marier. Il s'est présenté bien des comtes, des barons; mais elle a refusé tous les partis: ils ressemblaient trop peu à celui qui lui étoit réservé.

CHARLES avec transport.

Elle ne l'a pas oublié ?

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DANIE Ì.

Oh bien dui, oublié! on ne peut pas prononcer devant elle le nom de Charles, que ses yeux ne se mouillent de larmes : encore hier, elle est venue apporter un habillement tout complet à son filleul: Tiens, mon ami, a-t-elle dit, en l'embrassant, c'est peut-être le

dernier présent que je te fais; car il n'y a plus. pour moi de bonheur sur la terre, depuis que tu as perdu ton parrain. Elle s'est mise à pleurer, et moi aussi... Qu'avez-vous monsieur? vous trouvez-vous mal? CHARLES, frappé..

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Comme on m'a trompé ! Se peut-il bien ? elle l'aimerait, elle aimerait un brigand?

DANIEL.

Quel nom lui donnez-vous ? ( Jettant la bourse..) Oh! reprenez votre argent, je ne veux rien devoir à l'ennemi de mon bienfaiteur.

CHARLES la ramassant.

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Que faites-vous ? Gardez, gardez-le, je vous en conjure.

DANIE L.

Reprenez votre argent.

CHARLE S.

Moi, que je le reprenne! et que dirait l'ami d'Amélie ?....(François paraît ici et les observe. Il faut que je la voie! il faut que je la voie ! Où est-elle ?

DANIE L.

Elle demeure dans ce pavillon: mais ses rêveries. la conduise le plus souvent dans ce parc.

CHARLES, s'éloignant.

J'y vole.... (A part. ) Je n'ai pas à craindre d'être reconnu; ma voix est changée comme tous les traits de mon visage; il n'y a que mon cœur qui est resté le même.

SCENE II.

DANIEL, FRANÇOIS, en deuil.

FRANÇOI s, accourant et saisissant Daniel à la gorge.

MALHEUREUX! malheureux! quel est l'étranger qui vient de te quitter? Je vous ai vu causer des fenêtres du château. Quel est-il ? quel est-il ? Parle ? tu ne ne m'échapperas pas.

DANIE L.

Sur mon âme, monseigneur, je n'ai rien à me reprocher; cet étranger s'appelle le comte de Brand. It m'a demandé à parler à mademoiselle Amélie; je lui ai enseigné sa demeure.

FRANÇOIs, furieux.

A Amélie ? je ne veux pas qu'il lui parle; je na veux pas qu'il lui parle jamais. Misérable!

DANIEL tremblant.

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Quels complots avez-vous machinés pour vous débarasser de moi? De m'étrangler dans mon sommeil, n'est-ce pas ? de me couper la gorge en me rasant? d'empoissonner une de mes coupes ? Avoue donc. Ou bien de me servir la mort dans quelqu'un de mes repas. Avoue vîte; je sais tout.

DANIEL.

Que dieu me protège quand je serai dans la peine, comme il vrai que je n'ai rien à vous avouer de tout● ces horreurs-là.

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"

FRANCO rs.

Il t'a sûrement donné de l'argent; je suis sûr qu'il t'a serré la main plus fort qu'il n'est d'usage, à-peuprès comme on la serre à une connaissance ancienne. DANIE L.

Je ne m'en suis pas apperçu.

FRANCO I S.

Il t'a dit par exemple qu'il t'avait déjà connu, que tu devrais presque le connaître ; qu'un jour le voile tomberait de tes yeux. Comment, il ne t'a rien dit de tout cela?

DANIEL.

Pas la moindre chose.

FRANCO I S.

Qu'il se vengerait de la plus horrible vengeance? DANIEL.

Pas un mot.

FRANCO I S.

Rappelle-toi bien. Comment il ne t'a pas dit qu'il a connu très-particulièrement le défunt seigneur ? qu'il l'avait aimé infiniment, comme un fils aime son père ? DANIE L.

Je me rappelle, je crois, de lui avoir entendu dire quelque chose de semblable.

FRANCO I S.

Il l'a dit, il l'a vraiment dit; il a dit qu'il était mon frère ?

DANIEL.

Qui vous dit cela, monseigneur. Il m'a demandé des nouvelles de votre père ; et quand je lui ai appris sa mort, il a paru profondément touché. Quel bon

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