Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AMELIE.

Venez, venez,
venez, monsieur le comte.

CHARLES.

Ce portrait ? Tu pleures Amélie ?

(Elle s'éloigne précipitamment.)

SCENE I X.

CHARLES, seul.

ELLE m'aime. Oh! quel bonheur j'ai perdú ; et comme on m'a horriblement trompé ! Voilà donc les lieux de ma naissance; ce château d'où je devais répandre mes bienfaits sur un peuple qui m'aurait adoré, et revivre dans les enfans de mon Amélie. Oh ! bien aimée maison de mon père ! tu as vu le jeune Charles, et le jeune Charles était un enfant heureux. Aujourd'hui tu le revois homme, et il est dans le désespoir. Allons, un éclair de plaisir a brillé pour moi. Retournons dans le malheur. Partons.... (Il s'éloi“ gne et s'arrête. Ne jamais la revoir.... Plus d'adieu, plus de baiser sur ses douces lèvres. Non; il faut que je la voie encore; il faut que je l'embrasse. Je veux boire encore le poison de cette volupté qui enivrera tous mes sens; et puis je pars; je m'éloigne aussi loin que pourront me conduire les mers et le désespoir. Il s'éloigne, et Amélie arrive. d'un autre côté. )

SCENE X.

AMELIE, seule.

«To u pleures, Amélie. » Et il a dit cela avec une expression, une expression! J'ai cru sentir le temps se rajeunir, et renaître les jours heureux de l'amour. Ah oui si les âmes des morts ont commerce avec les vivans, cet étranger est l'ange, le génie de Charles. Il a même, il a beaucoup de sa ressemblance. Dieu ! quels voeux viens-je de me surprendre. Non, non, jamais fils de la terre n'habitera dans ce cœur où Charles est enseveli.... Cependant, pourquoi mes idées s'attachent-elles si fort à cet inconnu ? Pourquoi lui et mon Charles se mêlent-ils, s'entrelacentils dans mon cœur? « Tu pleures, Amélie. » Ah! fuis, fuis. Un cloître. Bientôt tu seras une sainte... Une sainte? Pauvre coeur ! quel mot as-tu prononcé? Mon oreille commençait à s'y accoutumer; ef à présent, à présent..... Tu m'as trahi, mon cœur. Tu me laissais croire que c'était une victoire que je remportais sur toi c'était désespoir.

SCENE X I.

AMELIE, HERMAN N.

HERMANN, à part.

LA mêche est allumée. Que la bombe éclate, sé-je en être écrasé moi-même. (A Amélie.) Ma

[ocr errors]

demoiselle,

AMELIE, effrayée.

Un espion : que cherches-tu ici ?

HERMAN N.

Si vous êtes disposée à pardonner des offenses, vous allez entendre des prodiges.

AMELIE.

Pour les offenses je n'ai point de mémoire. Qu'as tu à m'apprendre?

HERMAN N.

Ne pleurez-vous pas un amant ?

AMELIE, le mesurant d'un long regard.
Quels sont tes droits à cette question ?

HERMAN N.

Haine et amour.

AMELIE.

Y a t-il quelqu'un qui aime sous cette zone ?
HERMAN N.

Ne pleurez-vous pas aussi un oncle?

[blocks in formation]
[ocr errors]
[blocks in formation]

Je venais vous faire mes adieux. Mais, dans quelle émotion je vous trouve.,

AMELIE.

Adieu, Comte. Ah! ne fussiez-vous jamais venu. CHARLES.

Vous auriez donc alors été heureuse?...(S'éloi gnant.) Adieu.

AMELIE.

Restez ce n'est pas-là ce que je voulais dire Dieu ! et pourquoi n'était-ce pas ma pensée ? CHARLES.

Charmante, trop charmante Amélie...
À MELIE.

Comte , que vous a fait une jeune fille pour la rendre criminelle? Que vous a fait l'amour que vous détruisez'?

CHARLES.

Si vous saviez celui que vous m'inspirez.

A MELI E.

Mon cœur si par avant que mes yeux ne Vous eussent vu. Ah! puissent-ils se fermer pour toujours ces yeux qui ont souillé mon cœur !

CHARLES, avec le plus doux regard de l'amour

Quel dommage ce serait.

AMELIE.

C'était-là son regard. Comte, détournez de moi ces regards qui troublent mon âme et abusent mon imagination. Partez. Venez sous la forme d'un crocodile, je vous aimerai mieux.

CHARLES, amoureusement.

Cela est-il bien vrai ?

A MELIE.

'Ah! Comte, si tu avais un cœur faux ; si tu étais capable de t'amuser du faible cœur d'une femme...Cependant comment soupçonner tant de fausseté dans un œil qui ressemble au sien, comme réfléchi dans une glace. Ah! et pourquoi ne puis-je le croire? Heureuse si j'étais forcée à te haïr: malheureuse si je ne pouvais pas t'aimer.... Charles couvre samain de baisers. 】 Tes baisers brûlent, jeune homme?

CHARLES.

C'est mon âme que tu sens là.

AMELIE.

Va-t-en: pars; il en est temps encore. Il y a de la force dans l'âme d'un homme. Homme, donnemoi l'exemple du courage.

CHARLES.

L'homme qui te voit trembler, succombe. Dans tes bras je veux mourir. (Illa serre dans les siens.) AMELIE, troublée.

Fuis.... Laissez-moi.... Non... Fallait-il que ta vinsses des plus lointains rivages pour éteindre un amour qui a défié la mort... ( Le serrant dans ses bras.) Que lo ciel te pardonne, jeune homme.... Il est prêt à se trouver mal.) Qu'as-tu donc ? tu as l'air de mourir ?

« AnteriorContinuar »