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séparé par des liens de fer et des murs impénétrables, ni les hommes (tous ceux qui m'entouraient avaient cessé de l'être,) ni par conséquent les nobles penchans des êtres libres livrés à eux-mêmes, renfermé dans un cercle étroit où la nature à la gêne n'avait plus rien de sa grace, de son originalité, de son audace, ne connoissaut point les chef-d'œuvres de la nature, ( car on sait que les portes de cet institut ne s'ouvrent pour les femmes que lorsqu'elles n'intéressent pas encore et lorsqu'elles ont cessé d'intéresser ne connoissant donc ni les hommes ni, leur destinée, mon pinceau devait nécessairement manquer le milieu entre l'ange et le démon, et produire un monstre qui heureusement n'existait pas, et auquel je ne souhaiterais l'immortalité que pour éterniser l'exemple d'une production enfantée par la subordination et le génié; union qui répugne à la nas

ture.

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Que le climat sous lequel je suis né soit toute mon excuse. Si, des plaintes sans nombre portées contre cette pièce, il en tombe une seule sur moi, c'est d'avoir osé peindre des hommes deux ans avant d'en avoir trouvé.

• Les Voleurs me coûtent ma famille, ma patrie. Dans un âge, où c'est encore la voix du grand nom bre qui fixe notre inquiétude et détermine nos sentimens et nos pensées, où le sang bouillant d'un jeune homme se ranime aux doux regards qui l'applaudis sent, où mille pressentimens d'une grandeur future entourent son âme exaltée, et où il entrevoit déjà dans l'avenir la divine immortalité, au milieu des jouissances des premiers éloges, qui des provinces les plus éloignées venaient me séduire, on m'interdit ma

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plume dans ma patrie, sous peine d'être renfermé. Tout le monde sait la résolution que j'ai prise; je me tais sur le reste : je ne me crois permis, sous aucun prétexte, d'en demander raison à un prince qui jusqu'à cet instant m'avait servi de père.

» A présent toutes mes relations sont dissoutes; le public est seul aujourd'hui mon étude, mon souverain, mon père; c'est lui seul que je crains, que je respecte; je ne sais quoi de sublime s'empare de moi à cette idée ! Je n'aurai pour juge que le cœur de

l'homme. »

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Paris, 19 pluviôse,, l'an IIIe. de la république. Près de deux années se sont écoulées, et cet ou vrage n'a pas paru. Les lugubres évènemens qui ont rempli la France les horreurs qui l'ont inondé pendant cet intervalle en ont été une triste cause. Il paraît aujourd'hui dans des jours et sous des auspices plus heureux mais l'émotion qui a fatigué les âmes subsiste encore. Les ames noircies long-temps de monstrueuses aventures et de forfaits sans exemple, frémiront à peine, peut-être, de ceux très inférieurs dont on leur offre le tableau. Je n'ai rien changé à cet ouvrage, mais tout est changé pour lui. y a deux ans, je craignais la force de son auteur: aujourd'hui, peu s'en faut que je ne redoute sa faiblesse. Il est horrible pour la France que tout ce que cette tragédie contient d'épouvantable en évènemens n'ait plus le droit d'y paraître trop extraordinaire, et soit devenu presque trivial. Long-temps en France, qu'était-ce que des voleurs de grands chemins? qu'était-ce que leurs assassinats? qu'était-cé ?... Profitons au moins du seul avantage quia puisse résulter pour nous de la désastreuse époque qui a été,

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Nos âmes trempées par le malheur sont devenues capables de fortes émotions, se sont ouvertes aux beautés grandes, majestueuses, pittoresques; et désormais un trait sublime, un mot d'amour, et sur-tout un cri de douleur, répondra à toutes les ames allumées. La passage est fait de notre littérature belle, mais étroite, mais comprimée, mais molle quelquefois, à une littérature plus vaste, plus libre, plus sentimentale et sur-tout plus énergique. Un beau trait tuera une belle critique. On disait autrefois les règles et puis le cœur ; op dira désormais le cœur et puis les règles : peutêtre même en viendra-t-on à les lui soumettre toutes.

Quelles affreuses scènes se sont passées ! quelle carrière s'est ouverte à l'historien, au peintre, au poëte, à l'auteur dramatique ! quels tableaux offriront les Robespierre, les Carrier, les . . . . . . Comme là on pourra peindre toute la beauté hideuse du crime: mais ces sujets ne sont pas mûrs pour notre génération. L'auteur destiné à s'immortaliser par leurs noires peintures sourit peut être dans son berceau, et un jour vengera les pleurs de sa mère.

En reportant mes pensées sur cette, tragédie, je suis satisfait de son auteur; il a tracé une série de crimes, et rarement néanmoins un plus beau monument a été élevé à la vertu. Jusques dans ses morceaux les plus forcenés, il la montre, toujours dans le lointain, belle, attrayante, telle que son image existe dans tous les coeurs honnêtes; et son héros, comme ses lecteurs, ivres de ses chastes attrails, ne sont pas un moment sans sentir tout le bonheur de la posséder, et tout le désastre de l'avoir perdue.

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QUATRE ASSASSINS.

Le PRÉSIDENT et les CONSEILLERS de la Chambre

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La Scène se passe en Allemagne, dans le quinzième siècle, à l'époque de la paix publique.

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MAIS,

FRANCO I S.

AIS, vous portez-vous bien, mon père ? votre pâleur m'inquiète.

LE COMTE.

Je ne porte bien, mon fils; qu'avais - tu à mè dire?

FRANCO I S.

La poste est arrivée. Une lettre de mon correspondant de Leipsick......

LE COMTE vivement.

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Des nouvelles de mon aîné? de mon Charles?

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