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'L'AU MONIER.

C'est donc là ta réponse. (Aux voleurs.) Ecoutez, vous autres, ce que la justice me charge de vous notifier. Si à l'instant vous lui livrez le scélerat qui est votre chef, non-seulement elle vous fait grace de la vie, mais le souvenir même de vos forfaits est effacé vous rentrez dans la sociéte; des emplois veus y attendent; le chemin des bonneurs peut vous être ouvert. Courage donc; assurez-vous de lui, et soyez libres.

CHARLE S.

Entendez-vous, messieurs? Vous êtes environués : captifs, et on vous offre la liberté; jugés, et on vous laisse la vie; damnés, et on vous ouvre le ciel. A vons tous, vous n'avez pas un cheveu qui n'entre dans les enfers. Hésitez-vous? Est-il si difficile de choisir ?

L'AUMONI ER, stupéfait.

Comment s'appelle ce démon qui parle par sa bouche? (Aux voleurs.) Douteriez-vous de la bonne foi du magistrat. Voici votre pardon scellé et signé de tous les membres. (Il leur remet un papier.)

CHARLES.

Vous ne répondez pas ? Pensez-vous renverser cette haie de bayonnettes qui déja vous environne; ou mettez-vous de la gloire à braver le danger dans l'espérance de tomber avec moi et de mourir de la mort des héros? Ah! désabusez-vous ; ils ne vous en feront pas l'honneur, ne vous traiteront pas même comme moi, mais comme de vils brigands, de serviles instrumens dont je voulais user pour exécuter des desseins plus hardis, des entreprises plus élevées. Eutendezyous ces cris? Le cercle se resserre. Voyez-vous les

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éclairs de leurs sabres? Il ne vous reste qu'un moment. (Avec force. } Je vous rends à tous vos sermens. Ah! ma vie ne m'est pas bien précieuse, et j'ai honte de votre sacrifice. (Tous les Foleurs aussi étonnés que l'Aumonier se regardent.)

L'AUMONI ER, à part..

Je reste confondu.

CHARLES.

Avez-vous peur que je n'annulle par un suïcide efféminé le traité qui m'attache à vous? Non, voici toutes mes armes : livrez-moi; je renonce à tout, jusqu'à l'empire que j'ai sur ma personne. (Il quitte, jette tous ses pistolets et poignards.) Craignezvous encore quelque résistance ? J'attache mòn bras à cette branche de chêne. Regardez-moi, je suis sans défense; un enfant pourrait m'accabler. ( Avec ̧explosion.) Voyous qui mettra le premier la main sur son capitaine sans armes.

ROLLER.

Et quand toutes les furies de l'enfer nous entoureraient, quiconque n'est pas un traître sauve le capitaine.

LES VOLEURS, accourant tous et le délivrant avec enthousiasme.

Sauve, sauve le capitaine.

SCREVZER, déchirant le papier de l'aumonier. Tiens, voilà ton pardon; le nôtre est à la pointe de nos sabres.

RAATZMAN N.

Sors d'ici, misérable, et va dire à tou sénat que tu n'as pas trouvé un traître dans la troupe du Grand

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armes.

Allez lui rendre compte de ce que vous avez vu. (L'aumonier se retire.) Camarades, ce que je vous disais était ma pensée; mais votre magnanimité me fait presque chérir la vie: chacun de vous a des droits sur cette tête. Je lève mon poignard; et aussi vrai que j'ai une âme, je ne vous abandonnerai jamais. Nous sommes libres; et, à qui ne résisterions-nous pas; dans ce bras il y a une armée. Nous sommes tous prêts. Vous vous rappellez mes dispositions: la liberté ou la mort, voilà le cri du combat. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'ils n'en auront pas un seul de vivant. (Ils se rangent et défilent devant Charles, commandés par leurs chefs.)

Les trompettes sonnent; on voit une partie du com bat, et la toile se baisse.

FIN DU QUA

QUAT

Ì ME A C T £

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ACTE V.

Le théâtre représente un nouveau site de la forêt de Acte précédent. Il est affreux : on voit dans un côté, environné de broussailles, l'ouverture d'un caycau.

SCENE PREMIERE.

LES BRIGANDS, harrassés, descendent de la montagne, CHARLES paraît le dernier, la hache à la main; il descend et va tomber au pied d'un arbre.

CHARLES.

An! de l'eau, mes amis, un peu d'eau, s'il est possible: la rivière n'est pas loin; mais vous êtes tous expirans de fatigue.

ROLLER.

J'y cours.

CHARLE S.

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Nous avons combattus comme des amis, des frères.

ROSINSK I.

Ils se souviendront de la journée de l'aumonier. CHARLE S.

Quelles sont les pertes de part et d'autre?

ROSINSK I.

Près de cinq cents hommes de leur côté restés morts sur la place. Du nôtre, dix-sept blessés, , quinze morts: mais le brave Screvzer en est ; il a fait des prodiges.

CHARLE S.

Sa mort me fait envie.

ROSINSK I.

Il semblait la chercher. Je l'ai vu s'élancer au milieu d'eux, fendre les rangs, frapper, renverser, tout ce qui l'approchait. Ah! je n'ai pu que le

venger.

CHARLES.

A la place où il est tombé, on lui aurait élevé un mausolée, si, au lieu de périr pour moi, il fut mort pour servir les passions de quelque ministre ambitieux. A-t-on pansé Raatzmann ?

ROSINSK I.

Son état est désespéré. Deux coups de feu dans la poitrine, et treize coups de sabre sur le corps. Il m'a déjà demandé la mort pour être délivré de ses tourmens. Je sais mourir, a t-il dit; mais je ne puis souffrir. Je n'ai osé lui rendre ce triste service. ROLLER, accourant.

Tiens, capitaine, voilà de l'eau fraîche comme la glace.

CHARLES, la buvant avec volupté.

Ah!... Roller, quel bienfait !

ROLLER.

. Non-seulement de l'eau, mais tout mon sang, tout mon sang, capitaine.

Noble ami!

CHARLES, pénétré.

FRITZLE R.

Capitaine, Raatzmann approche de son dernier moment; il a voulu encore te voir et te dire adieu. On te l'amène.

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