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je veux le délivrer cet infortuné. Voix, fais-toi done entendre ? Où est l'ouverture, que je la brise?

HERMANN.

Les forces d'un homme n'y suffiraient pas.
CHARLES.

Les miennes y suffiront peut-être. (Il donne quelques coups de haches, et les barreaux et les planches qui à une faible ouverture près bouchaient l'entrée du caveau, se séparent; Charles y descend.) HERMANN.

Ce n'est pas là un homme.

(Il sort hors du caveau avec un vieillard desséché comme un squelette, et le considère. )

CHARLES reculant d'horreur:

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E te rends graces, ô mon dieu. L'heure de ma déj livrance est arrivée.

CHARLES.

Ombre du vieux Moour, quel pouvoir infernal t'arrache du sein des tombeaux? Reviens-tu du séjour des morts pour dissiper mes doutes sur l'avenir et m'expliquer l'énigme de l'éternité? Parle ; je ne suis point l'homme de la pâle crainte.

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LE VIEUX MOO U R.

Je ne suis point une ombre ; je respire, je vis, mais d'une vie affreuse, tissue d'horreurs et d'in fortunes.

CHARLES.

Mais tes funérailles publiques ?...

LE VIEUX MOO UB.

Un chien mort fut déposé au tombeau de mes pères; et moi, depuis trois lunes retranché du nombre des vivans, la pitié de Hermann me nourrit dans cet affreux caveau, où pas un rayon de lumière ne m'a éclairé, où jamais un air doux et pur ne m'a rafraîchi, et où je n'entends que les chouettes sinistres et les corbeaux croassans.

11 est un dieu!

CHARLE S.

LE VIEUX MoOUR.

Comme cet air est pur, comme il rafraîchit mes sens !

CHARLE S.

O cruauté! ô barbarie !

LE VIEUX MOOUR.

Ah! si tu es homme et si tu portes un cœur d'homme; ne me demande pas le récit de mes malheurs; il te ferait détester tes semblables.

CHARLES.

Va, je la connais cette race de vipères. Et quel est le monstre qui a fait cela?

LE VIEUX MoOUR.

Ah! ne le maudis pas, mais juge de mon malheur : c'est mon fils, mon propre fils.

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Ton fils? ton autre fils: éternelle justice!

K

VIEUX MoOUR.

LE J'avais été malade, je l'étais encore, quand on m'amena un komme qui m'annonça que mon premier né avait trouvé la mort dans une bataille, et què c'était ma malédiction qui la lui avait fait chercher. HERMAN N.

Mensonge. Horrible imposture. Ce lâche, c'était moi-même, que votre François avait acheté pour em pêcher vos recherches sur son aîné, et sans doute aussi pour, dessécher tout-à-coup par la douleur le reste de votre existence.

I. E. VIEUX Moo U R.

Toi, toi? c'était concerté ! Ah! comme j'ai été trompé !

CHARLES.

Quel horrible jour commence à m'éclairer!

HERMAN N.

Ecrasez-moi comme un reptile impur; j'étais son complice: je supprimais les lettres de Charles, je défigurais les vôtres, et je lui en faisais passer de désespérantes. C'est ainsi qu'on vous a trompé : c'est ainsi qu'on l'a arraché de votre cœur et de votre héritage.

CHARLES, déchiré.

Et pour cela, voleur et assassin! Oh! insensé, insensé ! Des ruses infâmes; et pour cela voleur, incendiaire et assassin! (Il marche avec fureur.)

LE VIEUX MOOUR.

François, François.... mais je ne veux plus maudire: et moi qui n'ai rien vu, rien soupçonné. Malheur au père indulgent et aveugle.

CHARLES.

Et lui dans ce daveau! Ce n'est pas à moi de me plain

1

dre; ce n'est pas à moi d'entrer en fureur. (Il comprime sa rage.)

LE VIEUX MO O U R.

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A la nouvelle de la mort du seul fils qui devait consoler ma vieillesse, de mon Charles, ( Dans la nuit Charles étend ses bras vers son père.) je m'évanouis. Il faut qu'on m'ait cru mort; car, en revenant à moi j'étais déja dans une bierre enseveli dans un linceul. Je grattai au couvert du cercueil, et on le découvrit. Il était nuit autour de moi; mon fils François me regardait avec des yeux étincelans: quoi! s'écria-t-il d'une voix terrible, veux-tu vivre éternellement ? et il referma le cercueil. Ces tonnantes paroles m'avaient privé de tous mes sens. A mon réveil, je sentis le cerceuil rouler sur un char: quand on l'ouvrit, je me trouvai à l'entrée de ce caveau ; mon fils y était aussi, et celui qui m'avait annoncé la mort de mon Charles. Comme j'embrassai les genoux de François! comme je le priai, comme je le conjurai, le front prosterné dans la poussière de ses pieds! Mais les prières de son père n'arrivaient pas jusqu'à son cœur. Jettez - là ce squelette, dit-il il a assez

vécu.

Dieu!

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CHARLES, avec horreur.

LE VIEUX MoOUR.

De sa main sans pitié il me poussa dans ce souterrain, et il ferma sur moi cette porte. Je restai pendant vingt heures sans que personne pensât à ma peine. Jamais pied mortel n'ose approcher de ce désert: on le dit habité par les esprits de mes pères. Enfin, j'entendis quelqu'un : c'était cet homme qui m'apportait du pain; il m'apprit que j'étais condamné

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à mourir de faim, et qu'il exposerait sa vie pour me

nourrir en secret....

CHARLES.

C'en est assez. Levez-vous, cœurs de pierre. Dorment-ils d'un sommeil de mort ? ( Il tire un coup de pistolet: tous se réveillent et accourent. Le vieux Moour tombe en défaillance.).

1

SCENE V I.

LES MÊMES LES VOLEUR

Qu

,

CHARLE S.

vor! ce récit horrible n'a point arrêté votre sqmmeil, et fait dresser vos cheveux? Venez tous. Voyez ce vieillard et frémissez; l'ordre éternel est interverti, l'humanité a' perdu ses droits, la nature a brisé ses liens, le fils a massacré son père.

LES VOLEUR S.

Que dit le capitaine ?

CHARLES.

ce

Massacré : се terme est trop doux. Dans ce désert, au fond de ce caveau, en proie à tous les tourmens de la vie, de la mort, un fils a fait enfermer vieillard. Et, que sert-il de le cacher, amis, ce vieillard est mon père. (Il tombe à ses genoux épuisé.) HERMANN

O dieu! c'est Charles. Quelle

moiselle Amélie !

LES VOLEURS, Ton père? ton père !

à part.

nouvelle pour made

(Il sort.)

avec

respect.

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