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son livre de quelques pages avares. Non, rien de si noble que l'état de voleur. Et quand le voyageur en rencontre quelqu'un balotté par les vents: Celui-là fut redoutable, dit-il, en frémissant: et il le considère avec respect.

SCREVZER.

",

Que tu es fort, Spiegelberg ! tu as fait taire ma conscience: allons je suis voleur.

SCHOUFTERLE.

Tonnerre je suis fâché de n'avoir pas été le pre-, mier à l'être.

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Je n'ai rien; je prendrai à ceux qui ont quelque, chose que m'importe la flétrissure? D'ailleurs à tout évènement ne peut-on pas toujours avoir dans sa poche une poudre salutaire qui vous envoie dans un lieu où il n'y a plus personne qui vous poursuive? RAATZMAN N.

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Mon père m'abandonne; il a fait un voleur. I

ROLLER.

Et toi aussi, Raatzmann ? Vive les voleurs! Je le suis. (Lui serrant la main avec chaleur.) Ensemble aux enfers.

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Aux étoiles, camarades. Buvons là-dessus: vive le dieu Mercure! (Ils boivent tous.)

RAATZMAN N.

Arretez, camarades! le plus beau corps n'est rien s'il lui manque une tête: il nous faut un chef.

SPIEGELBERG, avec souplesse.

Raatzmann a raison ; il nous faut un chef éclairé, un chef d'une profonde politique. ( Les bras croisés

au milieu d'eux.) Quand je pense à ce que vous étiez il y a deux minutes, et à ce que vous êtes à présent, par une seule pensée heureuse !

RAATZMANN, rêvant.

Si l'on pouvait espérer.... s'il était possible d'imaginer.... Mais je désespère de son consentement. SPIEGEL BERG.

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Et pourquoi en désespérer, mes amis? Le poids des couronnes n'a jamais empêché personne de les accepter.

ROLLER.

Ce ne sera qu'un brigandage, s'il ne se met pas à notre tête. Sans Charles nous sommes un corps sans âme.

"

Tous, hors Spiegelberg, qui marche avec une fureur jalouse.

Charles! Charles! Charles pour capitaine !
TROLLER.

Il faut que Charles soit notre capitaine.

D

SCENE XII

LES MÊMES, CHARLES.

CHARLES, sans voir personne.

Es hommes ! des hommes ! engeance de vipères ! Des yeux en pleurs, des cours de fer! des baisers sur les lèvres, dans le sein un poignard! Les lions, les panthères nourrissent leurs enfans; les ours impitoyables caressent les leurs; et mon père.... Ah! je porterais le poids des plus horribles malheurs; mais la

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ACTE PREMIE R.

haine de mon père, le mépris d'Amélie.... O rage! ôfureur ! Charles, doux agneau, deviens tigre! et que tous mes fibres frémissans se tendent pour le désespoir et la destruction!

RAATZMAN N.

Ecoute, Charles; écoute-moi.

CHARLES, sans l'entendre:

'Confiance, une pleine confiance et point de pitié! repentir, et point de grace! Le tigre le plus féroce eût été effrayé de ma douleur, il eût été sensible à mes gémissemens; et cependant, si je publiais la réponse que je viens de recevoir, on la prendrait pour un libelle contre le genre humain. Je l'ai si indiciblement aimé ! Jamais fils n'a tant aimé son père: et Amélie ! Amélie !....

Ecoute.

ROLLER.

....

CHARLES, le considérant.

Fuis loin de moi. Ton nom n'est-il pas homme ? n'es-tu pas né de la femme? Ne souille pas mes regards, toi qui as un visage d'homme. Je voudrais être ours, et appeller tous les ours du nord contre cette race féroce. Oh! j'empoisonnerais l'océan pour lui faire boire la mort dans toutes les sources: celui qui m'offrirait un glaive pour l'exterminer d'un seul coup; celui qui me dirait où il faut frapper pour briser, pour anéantir le germe de tous les hommes, il serait mon ami, mon ange, mon dieu : je veux l'adorer.

RAATZMANN.

Eh bien, nous serons tes amis; laisse-nous donc te parler.

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ROLLER.

Viens avec nous dans les forêts Bohémiennes ; nous voulons y rassembler une bande de voleurs.

(Charles le regarde fixement. ) Tous, hors Spiegelberg.

Tu seras notre capitaine.

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Qui t'a inspiré cette pensée? Tu ne l'as pas tirée hors de tou âme d'homme. Oui, par la mort, c'estlà ce que nous devons faire: voleurs et assassins; aussi vrai que je sens palpiter mon coeur, je suis votre capitaine.

Vive le capitaine!

TO US.

CHARLES.

Le bandeau tombe de mes yeux. Quel insensé j'étais de vouloir rentrer dans leurs tombeaux ? Non, j'ai soif de grandes actions; je brûle, j'étouffe. Loin de nous toutes les loix, excepté les nôtres.... Voleurs et assassins, voilà notre partage. Les hommes ont caché l'humanité, quand j'en appellais à l'humanité. Loin de moi sympathie et pitié: je n'ai plus de père; je n'ai plus d'amour; le sang et la mort m'apprendront à oublier que jamais quelque chose d'humain me fût cher. C'est dit: je suis votre capitaine. Et vive le plus implacable d'entre vous qui brûlera et assassinera avec plus de férocité! car, je vous le déclare à tous, il sera récompensé en roi. Formez tous un cercle autour de moi, et jurez moi fidélité et obéissance jusqu'à la

mort.

Tous, levant la main, Spiegelberg même. Jusqu'à la mort !

CHARLE S.

Et à présent, par cette main de voleur, je vous jure ici de rester jusqu'à la mort, votre fidèle et dévoué capitaine; ce bras changera sur-le-champ en cadavre le premier qui tremble, hésite, où recule; et qu'on en fasse autant de moi, si je lèse mon serment. Etes-vous contens ?

Tous contens.

TOUS.

CHARLE S.

Marchons donc ne craignez ni le danger ni la mort nos destins sont immuables et chacun de nous sera surpris par son jour de mort, ou sur les coussins voluptueux de la mollesse, ou dans le ravage horrible des combats, ou à la potence, ou sur la roue: une de ces morts-là nous est réservée. ( Ils sortent tous. )

SPIEGELBERG, en sortant, à part.

Tu as oublié la trahison.

༄༑ པ༈

FIN DU PREMIER ACTE.

L

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