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A MÉLI E.

Unmalheureux, on mendiant peut-être: qu'il monte

tout de suite.

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A

Amélie!... ( Daniel. ) Serait-ce un infortuné ?
DANIE L.

Non: mais il dit avoir d'importantes nouvelles à vous apprendre.

LE COMTE.

Qu'il entre. (Daniel sort.) Quelle nouvelle peut m'être importante, si ce n'est de mon fils.

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LE COMTE, AMÉLIE, FRANÇOIS, HERMANN, déguisé en voyageur, un havre-sac sur le dos.

FRANCO I S.

· Mon père, je viens de trouver cet homme : il vous apporte, dit-il, d'affreuses nouvelles : pouvez-vous les entendre?

LE COMT E.

Je n'en crains qu'une. Approche, mon ami; parle sans détour.

HERMANN.

Monseigneur, ne vous irritez pas contre un infortuné, si malgré lui il vous perçait le coeur. Je suis étranger, mais je vous reconnais sans vous avoir vu.

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1

J'ai connu votre fils..

HERMAN N.

AMÉLIE, s'approchant.

Tu le connais? où est-il ?

LE COMTE.

Tu connais mon fils?

HERMAN N.

Il a étudié à l'université de Leipsick; ensuite il a erré dans beaucoup de pays; il a parcouru toute l'Allemagne dans la dernière misère, à ce qu'il m'a dit, et mendiant de porte en porte le pain qui le nourrissait. La guerre s'étant allumée entre les Polonais et les Turcs, et n'espérant plus rien, la réputation du roi Mathias de Hongrie l'attira sous ses drapeaux : permettez-moi, lui dit-il, de mourir au lit des hé ros', je n'ai plus de père.

LE COMT E.

Ne me regarde pas, Amélie.

HERMAN N.

On lui donna un drapeau. Sorti de l'état pour-le

quel il était si peu né, il suivit Mathias et se couvrit de gloire à ses côtés. Nous avons couchés plusieurs fois sous la même tente; il parlait beaucoup de son vieux père, de jours autrefois heureux, d'espérances évanouies : les larmes nous en venaient aux yeux.

Assez, assez.

LE COMT E.

HERMAN N.

Nous avons eu une chaude bataille. Monseigneur ; votre fils a fait des prodiges de valeur aux yeux de toute l'armée. Cinq régimens tour-à-tour relevés, et

il est resté ; une pluie de feu tombait de tous côtés, et il est resté; une balle lui avait écrasé la main droite, il a pris le drapeau de la maiu gauche, et il est resté.

AMÉLIE, dans l'enthousiasme. Et il est resté; mon père, il est resté !

HERMAN N.

Hélas! je l'ai trouvé le soir dans le champ de bataille. De la main qu'il avait encore, il arrêtait son sang qui ruisselait d'une large blessure: Camarade, me dit-il, est-il vrai que le général est mort. Il est mort, lui dis-je : eh bien! s'est-il écrié en retirant sa main, que tout brave soldat suive son général; et bientôt il a exhalé sa grande âme.

FRANCO I S.

Malheureux qu'as-tu dit? tu as donné à mon père le coup de la mort mon père ! Amélie! mon père HERMAN N.

J'exécute les dernières volontés de mon camarade mourant. Prend ce glaive, me disait-il de sa voix expirante, tu le porteras à mon vieux père ; il est teint du sang de son fils dis-lui que sa malédiction m'a précipité dans les combats, dans la mort ; que je meurs désespéré. Amélie! Ce mot est sorti de sa bouche avec son dernier soupir.

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LE COMT E, au désespoir.

Ma malédiction l'a plongé dans le désespoir, dans la mort !

HERMANN.

Voici le glaive, et aussi un portrait qu'il m'or

donna de tirer de son sein; il ressemble beaucoup à cette demoiselle. C'est pour François, a-t-il fait entendre.

FRANCO I S.

A moi, le portrait d'Amélie? Charles! Amélie ! à moi !

AMELIE à Hermann.

Vil imposteur.

HERMAN N.

Je repète ses propres paroles. Voyez vous-même, mademoiselle.

FRANÇOIS.

Par le ciel, Amélie, c'est ton portrait, c'est vraiment le tien !

AMELIE le considérant.

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Je ne puis voir ce spectacle. ( Au Comte. ) Adieu, monseigneur. (A François, bas.) Comment avezvous pu m'ordonner cela?

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AMELIE ! Il n'est pas un fourbe..... Il est donc vrai qu'il est mort, Mort! (Chancelante.) Charles est . mort!

FRANÇOIS, considérant te glaive.

Que vois-je écrit sur ce glaive, écrit avec du sang? Amélie !

Avec son sang!

AMELI E.

FRANCO I S.

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Mes yeux ne m'abusent ils point? (Il-lit.) « François n'abandonne point Amélie ». O dieu ! Et de l'autre côté. « Amélie, la toute puissante mort a brisé no: sermens ». Vois Amélie: il a écrit cela d'une main mourante; il l'a écrit avec le sang de son cœur ; il l'a écrit sur le bord solemnel de l'éternité !

A MELI E.

Dieu ! il a écrit cela ? Il ne m'a jamais aimée. (Elle sort au désespoir.

FRANCO I S

Malédiction! tout mon art échoue contre cette tête de fer.

SCENE V I.

FRANÇOIS, LE COMTE.

LE COMTE.

MALHEUREUX vieillard! Amélie m'abandonne ! François, François, rends-moi mon fils !..

FRANCO I S.

C'est à moi plutôt à vous demander mon frère ; qui lui a donné sa malédiction? qui l'a précipité dans l'horreur des combats, dans le désespoir, dans la mort?

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