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mort dans nos contrées ; s'il fait naître un de ces tyrans qui se jouent de la vie des peuples, est-ce à nous de sonder la profondeur de ses décrets? de lui demander compte de tant de désastres, nous, instrumens passifs qu'il emploie ou qu'il brise à son gré ? Ah! si jamais le sang de mes malheureuses victimes s'élève contre moi, (Il tire une lettre de son sein.) voilà, dirai-je, voilà mon excuse. La malédiction d'un père, l'abandon d'un frère, le mépris d'Amélie ont porté le désespoir dans mon âme. Sans crainte, avec cette lettre, j'apparaîtrai au terrible tribunal de l'Eternel. Les cruels! ils ont brisé mon cœur ; ils m'ont fait détester les hommes; et pourtant, dans tout le cours de mes fautes, jamais, non jamais, je n'avais fait couler les larmes d'un innocent infortuné.

Qu

SCENE XII.

CHARLES, UN VOYAGEUR.

CHARL E, S.

QUE vois-je ? un homme!.... Je n'assassinerai plus aujourd'hui. Il suffit de le dépouiller. Quel emploi pour l'amant d'Amélie !

LE VOYAGEUR, se croyant seul. Egaré dans cette forêt, qu'on dit n'être pas sûre.... CHARLES un pistolet à la main.

La bourse ou la vie.

LE VOYAGEUR.

Dieu !

CHARLE S.

La bourse ou la vie.

LE VOYAGEURĄ

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Cet homme n'a plus rien à perdre; qu'on le laisse aller et qu'on respecte ses jours.

LE

VOYAGEUR, douloureusement.

Ah, mon père! mon père!

CHARLE S.

Que dit-il? son père! Parle, voyageur; tu as excité ma curiosité: eh bien! ton père ?

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Mon père est un honnête marchand de Leipsick: il m'écrivit, il y a dix jours, que par des malheurs inattendus il allait être forcé de cesser ses paiemens, si je n'accourais à son secours : je pleurai en lisant la lettre de ce bon père.

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CHARLES.

Il ne l'a jamais abandonné?

LE VOYAGEUR.

Pas plus que je ne voulais l'abandonner moi-même.

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Placé chez un seigneur, à six lieues d'ici, je lui servais de secrétaire, et il m'avait toujours paru satisfait de ma conduite; j'ai espéré qu'il serait sensible à ma situation, et je lui ai exposé celle de mon père: je l'ai supplié d'ajouter à la faible somme qu'il m'avait été possible d'amasser chez lui, pour me mettre en état d'aller secourir efficacement l'auteur de mes jours: il m'a reçu durement et sur ma demande réitérée, il a eu la cruauté de me chasser de chez lui, en me disant: va le secourir ton père. J'ai alors usé de la dernière ressource qui me restait : je me suis engagé sous la condition de n'être pas forcé de rejoindre sur le champ: j'allais porter à mon père le prix de mou engagement; et en y joignant le peu que je possédais, je me flattais de lui être bien utile : malheureusement vous m'avez rencontré et vous m'avez enlevé l'honneur de mon père.

CHARLES.

Non, nous ne t'enleverons rien. Ah! vertueux voyageur, tu me crois donc le plus vil de tous les mortels? Voilà, voilà ce que j'avais eu la cruauté de te ravir et accepte, je t'en supplie, cette somme beaucoup plus considerable; tu le peux, cet argent est pur. Accorde-moi la grace de me mettre pour quelque chose dans ton action sublime. ( Aux voleurs,

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qui se sont approchés. ) Cet homme est sacré; malheur à celui qui oserait dérober un cheveu de sa tête. Que six d'entre vous le conduisent jusqu'aux confins de la forêt: ils m'en répondront.

RAATZ MAN N.

Voyageur, acceptez aussi cette marque de mon estime, et de mon admiration. (Beaucoup de voleurs Le forcent accepter des bourses d'argent et d'or.) CHARLE s, les considérant.

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LE VOY A GEUR, à part.

Et ce sont-là des voleurs? Leur chef sur-tout.... (A Charles.) Homme magnanime! puisse votre père, si vous en avez un, vous récompenser de ce que vous faites pou rle mien..

Mon père !

LE

CHARLE S.

VOYAGEUR.

Ah! puissiez-vous être un jour heureux auprès de lui, vous le méritez.

CHARLEs, avec effort.

Voyageur, retire-toi..... (Le voyageur s'éloigne.) Arrête quel est le scélérat qui t'a chassé ?

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Le comte de Boëk. (Il sort escorté de six voi Jeurs.)

SCENE XIII.

CHARLES, LES VOLEURS.

RAATZ MAN N.

CE bon voyageur! il s'en va bien satisfait.

GRIMM.

Sa conduite est vraiment respectable.

SCREVZER.

C'eût été dommage de le tuer.

SPIEGELBERG.

Il s'éloigne chargé de vos présens.

ROLLER.

Tant mieux; il en fera meilleur usage que nous. CHARLES.

Ecoutez-moi tous: (Tous les voleurs s'approchent.) Amis, plus d'une année s'est écoulée depuis que les injustices de nos semblables nous ont envoyé dans les forêts de la Bohême. Ici, à cette même place, nous jurâmes de leur rendre tous les maux qu'ils nous avaient faits. Guerre aux hommes: tel fut notre serment et notre devise; nous les avons horriblement remplis. Vous le savez nous comptons moins de cheveux que d'assassinats. Une centaine de voleurs courageux a fait trembler l'Allemagne, et nousy avons versé une mer de sang: moi-même à votre tête, je vous ai donné l'exemple du carnage; et sans m'être souillé d'aucun crime pareil à celui de l'antropophage qui vient de périr de ma main, vous savez avec quelle ardeur j'ai poursuivi, j'ai exterminé mes semblables

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