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de Boldork, prince de l'empire. (Les Voleurs applaudissent.)

CHARLES.

Qui applaudit à l'arrêt de mort de son semblable? (Ils se taisent.)

LE PRÉ SI D. EN T.

Le tribunal portera encore un jugement.
RAATZ MANN.

Par-devant le tribunal sanguinaire, je porte accusation contre un des princes les plus puissans de l'Allemagne, Charles Philippe, prince de Hesse-Casse!. J'ai pris beaucoup d'informations sur sa conduite. Voici des pièces qui prouvent formellement qu'il fait un commerce infâme des hommes qui lui sont soumis, et qu'il n'y a pas un mois les Anglais manquans de soldats lui en ont acheté deux mille.

LES JUGES, indignés.

La mort! la mort!

LE PRÉSIDEN T.

Le tribunal n'a pas besoin d'en entendre davanil va voter.

tage;

Ier, JUG E.

La mort.

I Ime. J UGE.

La mort.

II Ime. JUGE.

La mort.

I Vme. J UGE.

La mort.

Vme. J GE

La mort.

V Ime, JUGE.

La mort.

LE PRÉSIDEN T.

La mort..... Le tribunal sanguinaire a unanimement

porté la peine de mort, pour avoir vendu des hom= mes, contre Charles Philippe, landgrave de HesseCassel, prince de l'Empire.

ROLLER.

Ne devrait-on pas punir aussi le prince qui en achète ? Les Voleurs applaudissent.)

CHARLES, à part.

Pour le bonheur des hommes, je voudrais que ceux qui les gouvernent assistassent à quelques-uns de nos jugemens.

SCREVZER.

Camarades, pour la prochaine séance, je vous prépare un rapport qui sortira de la classe ordinaire. Tous les princes ne sont pas des tyrans; mais en revanche tous les tyrans ne sont pas des princes. (Les Voleurs applaudissent. )

UN VOLEU R.

Capitaine, un jeune homme vient de se présenter à nous; il demande à te parler.

CHARLES.

Un jeune homme ? Que peut-il me vouloir ? (Tristement.) Qu'il vienne.

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ROSINSKI.

Je cherche des hommes, et le premier d'entr'eux,

rotre capitaine.

7.

1

ROLLER, lui serrant la main. Brave jeune homme, nous sommes frères. CHARLES, s'approchant.

Connaîtriez-vous le capitaine?

ROSINSKI.

,

Qui peut t'avoir vu et le chercher encore. Celui qui étoit assis sur les ruines de Carthage, n'avoit pas un regard plus anéantissant que le tien.

CHARLE S.

Et qui t'amène vers moi?

ROSINSK I.

Ma destinée affreuse: mes semblables plus affreux. CHARLES..

Tu as déjà à t'en plaindre, si jeune ?

ROSINSKI.

J'ai entendu parler de les exploits, ou assassinats comme ils les appellent, et j'ai fait cent lieues pour venir t'offrir mes services.

ROLLER.

Bon jour, camarade.

CHARLES.

Jeune homme, tu fais un pas bien imprudent. Ta ne sais pas le métier que tu veux entreprendre? SPIEGELBERG assez haut.

Une singulière méthode de le séduire.

CHARL E S.

Eloignez-vous tous. ( Tous s'éloignent, sans sortir du théâtre.).

ROSINSK I.

Capitaine, je n'ai que vingt-deux ans; mais j'ai vu étinceler des épées, et je suis accoutumé au sillement des balles.

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CHARLES, avec bonté.

Rosinski, écoute. (1). L'attrait d'une vie indépendante a pu séduire ta jeunesse. L'abus de tous les pouvoirs, l'impuissance des loix, l'injustice de leurs ministrės, ont pu frapper ton imagination, et révolter ta sensibilité ; mais nous qui punissons les méchans, quel droit avons-nous de redresser leurs torts, de suppléer par la force à l'insuffisance des loix? Nous n'en sommes pas moins des brigands, nos jugemens des crimes, nos exécutions des assassinats. Crois - moi, si ton âme est flattée de l'espoir de quelque renommée, ah! fuis jeune insensé, il ne croît point de lauriers parmi nous les dangers, la mort, l'infamie, voilà notre partage. (Il se retourne.) Vois-tu sur cette colline cet affreux monument de la justice? C'est le tombeau qu'on garde à nos pareils.

ROSINSK I.

Qu'ai-je à craindre? Je ne crains pas la mort.

CHARLES.

La mort; qu'est-ce que la mort ? mais l'infamie; l'infamie..... Rosinski, parce que,tù as éprouvé des malheurs, peut-être imaginaires, tu veux sortir du cercle de l'humanité; tu viens chercher un assassin, tu veux devenir assassin toi-même. Tu t'est couché tranquillement après avoir coupé des têtes de pavots: mais si tes mains étoient souillées du sang de ton sem

(1) Schyller, dans cette scène, s'embellit de quelques traits du citoyen Lamartellière.

blable, si tu portais sur ton âme le poids affreux d'un homicide entends-tu bien ce mot ? d'un homicide! jeune homme, tu ne dormirais plus. ( Il lui prend la main.) Tiens, je commande à trois cents hommes capables de tout entreprendre, et presque tous déterterminés à mourir à mon premier coup d'œil. Je puis disposer de cent mille ducats qu'ils ont mis en réserve, comme la part de leur chef. Eh bien, j'abandonnerais cet empire, ces vils trésors et tout le reste de ma vie, pour m'acheter les délices d'une seule méridienne, la volupté d'une seule larme. Encore une fois, fuis, te dis-je, je ne veux pas avoir ta perte à me reprocher..

ROSINSKI, à part.

Quel homme ! ( A Charles. ) Non, je ne vous quitte plus !

CHARLES. ļ

Tu te perds. (Aux voleurs.) Vous pouvez vous approcher.

ROSINS K I.

Capitaine, si tu hésites encore à me recevoir, écoute le dernier et le plus affreux de mes malheurs, tu me forceras toi-même à m'armer du poignard de la vengeance. Ecoute-moi.

CHARLES.

Je t'écoute. Asseyons-nous tous. (Tous s'asseyent, hors Rosinski.

ROSINSK I.

Je suis un gentilhomme bohéinien. Comme presque tous les jeunes gens, je commençai par faire quelques folies; mais mon père fut assez indulgent pour me les pardonner. (Charles l'écoute attentivement.) Sa mort, que d'autres malheurs ne m'empêchent pas

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