Imágenes de páginas
PDF
EPUB

,

Apolog. c. 37.

encore tout fon éclat. Maintenant qu'elle s'eft étendue AN. 363. & qu'elle a pris le deffus : vouloir changer la religion chrétienne ce n'étoit rien moins entreprendre que d'ébranler la puiffance Romaine,& mettre en peril tout l'empire. Ce que S. Gregoire dit icy du petit nombre des chrétiens fous les perfecutions precedentes, fe doit entendre par comparaison du prodigieux accroissement, qui ariva durant la paix fous Conftantin & Conftantius: car au refte, Tertulien faifoit bien voir dés fon tems, que le nombre des chrétiens étoit très grand en foy, & trés capable de refifter aux perfecuteurs, s'ils n'euffent été retenus par les faintes maximes de l'évangile. S.Gregoire releve l'injuftice de la perfecution de Julien, P. 99. en montrant la moderation des chretiens dans leur profperité. Avons-nous, dit-il jamais traité les vôtres,comme vous nous avez fi fouvent traitez? Quelle liberté vous

nous ôtée contre qui avons nous excité les peuples ou les magiftrats? de qui avons-nous mis la vie en peril?qui avons-nous exclus des charges & des honeurs dûs au merite? Il montre enfuite l'abfurdité du deffein qu'avoit Julien de copier les pratiques du chriftianisme. Nos maximes, dit-il, nous conviennent tellement,qu'il P. 192 eft impoffible à d'autres de les imiter: parce qu'elles ne fe font pas tant établies par l'induftrie des hommes,que par la puiffance divine & par le tems qui les a fortifiées. Enfuite, fuppofant l'executionréelle du deffein de Julien: Qu'il y ait, dit-il, un theâtre magnifique : que les heraurs appellent le peuple, qu'il s'affemble, que ceux qui prefident foient les plus confiderables par l'âge, la vertu, la naissance la sagesse mondaine. Ils feront ornez de pourpres, de couronnes : car les païens font grand cas des marques de dignité, & de ce qui diftingue du vulgaire. Voudront-ils encore en ce point s'abaifler juf

[blocks in formation]

ques à nous imiter,& mettre la grandeur dans les mœurs, plûtôt que dans l'exterieur? Car nous faisons peu d'état de ce qui frappe les yeux : notre grande application eft à former l'homme interieur, & à porter le peuple que nous inftruisons aux chofes fpirituelles. Cecy femble montrer que les évêques & les prêtres ne portoient pas encore d'ornemens confiderables, & que l'appareil des affemblées ecclefiaftiques étoit fort fimple.

S. Gregoire continuë: Que ferez-vous enfuite? vous ferez paroître des interprêtes des oracles divins, vous ouvrirez des livres de theologie & de morale. Quels livres, de quels auteurs? Il fera beau de faire chanter la theogonie d'Hefiode, les guerres des Titans & des Geants avec leurs noms terribles. Enfuite, il fait paroître Orphée & Homere, parcourant les fables les plus infàmes & les plus abfurdes. Il montre les impertinences des allegories, par lesquelles on s'efforçoit de les expliquer. Car, dit-il, s'il y a chez eux une autre theologie: qu'on nous la montre à nud, afin que nous les combattions. Mais pourquoy prefenter au peuple à fi grands frais, des objets impies & fcandaleux, dans les temples & fur les autels S'ils difent que ce font des inventions des poëtes, pour attirer le peuple par la fable & par la mufique : pourquoy rendent-ils de fi grands honneurs à ces poëtes, qui deshonorent leurs dieux, au lieu de les punir comme des impies? Nous avons auffi une doctrine cachée: mais ce qui paroît n'a rien d'indecent, & ce que l'on cache eft merveilleux : c'eft un beau corps, dont l'habit n'eft pas méprifable. Pour vos fables, leur fens caché eft incroïable, & l'écorce pernicieuse. Aprés la doctrine des païéns, il attaque leur morale ; & montre que leurs fables renverfent les plus grands principes: comme l'union entre les hommes, fondement de la focieté civile,

le

le respect pour les parens, le mépris des richeffes, la chafteté & la fobrieté: puis il oppofe la perfection de la AN. 363.

morale chrétienne.

P. 122. D.

p. 129. C.

Dans le fecond difcours contre Julien, S. Gregoire marque les reproches ordinaires des païens contre les chrétiens en ces termes : Voila ce que nous difons nous autres, pauvres Galiléens adorateurs du crucifié, difciples des pecheurs & des ignorans. Nous qui chantons p 123. D. affis avec de vieilles femmes, confumez par de longs jeûnes & demi - morts de faim: paffant la nuit en des veilles inutiles. Et enfuite: Nous n'avions autres armes, autre muraille, autre défense que l'efperance en Dieu : étant entierement deftituez de tout fecours humain, montrant que les feules armes des chrétiens persecutez font les prieres. Il conclud par deux avis importans qu'il donne aux fideles. Le premier de profiter du châtiment, & ne pas oublier la tempefte dans le tems du calme. Témoignons notre joïe, dit-il, non par la propreté du corps, la magnificence des habits, les feftins & les excez de bouche, dont vous fçavez les fuites encore plus honteuses. N'ornons pas de fleurs nos places publiques, ou les vestibules de nos maifons; n'y allumons pas des lampes, & ne les deshonorons pas par le fon des flutes, & nos tables en y répandant des parfums. C'est ainsi que les païens celebrent leurs nouvelles lunes: mais ce n'eft pas ainfi que nous devons honorer Dieu. C'est par la pureté de l'ame, par la joïe interieure, la lumiere des faintes pensées, l'onction mystique,la table spirituelle. L'autre avis qu'il donne aux fideles, eft de ne pas le préva, 14.0 loir du tems pour se vanger des païens, mais de les :... vaincre par leur douceur. Que celuy, dit-il, quieft le plus animé contre eux les referve au jugement de Dieu. Ne fongeons ni à faire confifquer leurs biens, ni à les Tome IV.

P

[ocr errors]

AN. 368.

traîner devant les tribunaux pour estre bannis ou foüettez; ni en un mot à leur rien attirer de ce qu'ils nous ont fait souffrir. Rendons les, s'il eft poffible, plus humains par notre exemple. Si quelqu'un des vôtres a fouffert votre fils, votre pere, votre parent, votre ami; laiffez-luy larecompenfe entiere de fes fouffrances.Conrentons-nous de voir le peuple crier publiquement contre nos perfecuteurs, dans les places & les theâtres, & eux-mêmes reconnoître enfin que leurs dieux les ont p. 132. D. trompez. Telle eft la vengeance que S. Gregoire de Nazianze propofe aux chrétiens. Quoique dans ces deux difcours il n'épargne pas Julien, on ne peut le foupçonner de luy rien impofer, quand on les compare avec ce qu'ont dit de luy les païens & fes admirateurs, comme Libanius & Ammian Marcellin: mais il y avoit en ce prince un tel mélange de bonnes & de mauvaises qualitez, qu'il étoit facile de le louer & de le blâmer fans alterer la verité.

Amm.xxv≤c. 4.

Caf.

Aur. Vict. de

LII.

Jovien rend la

Socr. 111. c. 24.

:

L'empereur Jovien perfuadé que l'impieté de fon paix à l'églife. predeceffeur avoit attiré les malheurs de l'empire, écriSozom v1.c.3. vit fans differer aux gouverneurs des provinces, que l'on s'affemblât dans les églifes. Alors on ceffa de voir couler le fang des victimes que Julien prodiguoit on ferma tous les temples des idoles; les païens fe cachoient les philofophes quittoient le manteau nommé en grec Tribonion, & en latin Pallium, qui étoit la marque de leur profeffion; & reprenoient l'habit commun. On voit par les medailles de Jovien qu'il remit la croix au Labarum. Il rendit les immunitez aux églifes, au Sozom. VI. c. 3. clergé‹ aux veuves, & aux vierges; & tout ce que Con ftantin & fes enfans avoient ordonné en faveur de la religion, & qui avoit été revoqué par Julien. Jovien rétaTheod, 1-6. 4. blit en particulier la diftribution du bled, que Conftan

AN. 363.

Soxom V'. c. ¿

tin avoit donnée aux églises : mais à caufe de la difette qui courroit alors, il n'en rétablit que le tiers; avec promeffe de rendre le tout, quand la famine feroit ceffée. Il fit auffi une loy qu'il adreffa àSecond préfet du pretoire d'Orient, portant peine de mort contre ceux qui L. 2. Cd. Th. oferoient enlever les vierges facrées, ou même les folli- de ra; vel citer au mariage : car fous Julien, plufieurs en avoient lib. x 5 Cod épousé par force ou par féduction.

Mart. tit. 23.

de epife.

62.

21. p. 394.

Si-tôt que Jovien fut rentré fur les terres de l'empire, Theod. Iv. hift. il fit une loy, par laquelle il rapelloit les évêques bannis, foit par Julien, foit par Conftantius; & ordonnoit que les églifes feroient rendues à ceux qui avoient confervé la foy de Nicée dans fa pureté. Et comme il connoiffoit Greg. Nax. or. S. Athanafe pour le principal défenfeur de la foy, il le pria par une lettre de luy écrire exactement ce que l'on devoit croire. S. Athanafe n'avoit pas attendu fon ordre pour fortir de fa retraite : mais fi-tôt qu'il eut appris la mort de Julien par la revelation de Didyme, il parut au milieu de fon peuple qui en fut agreablement furpris; & rentra dans les fonctions ordinaires.

Aïant reçû la lettre de l'empereur, il affembla les évêques les plus fçavans, & luy fit réponse au nom de tous les évêques d'Egypte, de Thebaïde & de Libye. Ils luy déclarent que l'on doit uniquement s'attacher à la foy de Nicée, & ajoûtent: Sachez, empereur cheri de Dieu, que c'est la doctrine qui a été prêchée de tout tems, & dont les églifes particulières conviennent. Celles d'Espagne, de Bretagne, des Gaules : celles de toute l'Italie, & de la Campanie de Dalmatie, de Myfie, de Macedoine, & de toute la Grece: toutes celles d'Afrique, de Sardaigne, de Chypre, de Crete: de Pamphylie, de Lycie, d'Ifaurie: celles de toute l'Egypte & de la Libye: du Pont, de la Cappadoce & des

:

LIII.

Lettre de faint vien.

Athanafe à Jo

Theod. IV CIL. 245

ap. Art. tom.

t

p. 246. D.

« AnteriorContinuar »