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Theod IV. 9.

& de Venetie; & parle d'Auxence comme déja condamné. Elle dit que ce qui avoit été fait à Rimini, a été corrigé dés le commencement, par ceux-mêmes qui y avoient affifté : qu'ils ont avoué qu'on les avoit furpris, par une expreffion nouvelle; & qu'ils n'avoient pas compris qu'elle fût contraire à la définition de Nicée. Car, dit la lettre, le nombre de ceux qui étoient à Rimini, ne peut former aucun préjugé: puis qu'il eft certain, que ni l'évêque de Rome, dont il faloit demander l'avis avant tous les autres, ni Vincent qui a confervé pendant tant d'années la pureté du facerdoce, ni les autres femblables n'y ont point donné leur confentement. Vû principalement, comme nous avons dit, que ceux mêmes qui avoient paru ceder à la violence, étant mieux confeillez, ont protesté qu'ils en avoient du déplaifir. Les évêques d'Illyrie reccurent auffi la lettre fynodale Valef. not. ad. qui leur étoit adreffée, & qui à la fin-les exhortoit à dé- Pagi an.365.n. clarer la fincerité de leur foy. En effet, aïant obtenu de Theod. Chron l'empereur Valentinien la permiffion de s'affembler, ils p. 52. an. an. tinrent un concile, & firent un decret contenant une confeffion de foy, conforme à celle de Nicée, où ils difent: Nous croïons comme les conciles qui viennent d'être tenus à Rome & en Gaule, une seule & même substance du pere & du fils & du S. Efprit en trois perfonnes; c'est-à-dire, en trois parfaites hypoftafes. Tou chant l'incarnation, ils difent que J. C. eft un Dieu, portant la chair, & non un homme portant la divinité; & anathematisent celuy qui a écrit, que le fils étoit en puiffance dans le pere, avant que d'être actuellement engendré : ce qui convient à toutes les créatures. Ils femblent marquer icy Marcel d'Ancyre. Ils envoïerent ce decret aux évêques d'Afie & de Phrygie, à qui ils donnerent charge de s'informer, s'il étoit vrai que l'on

8.

366.

Sup. n. 9.

Theed IV. c. 8°

XXI. Lettre de S. Athanafe aux

Africains.

2.934.

enseignât dans toute l'Afie que le S.Esprit est separé du pere & du fils: comme ils disent l'avoir apris d'Euftathe leur confrere. C'est apparemment l'évêque de Sebafte, qui en revenant de Rome avoit paffé en Illyrie. Ils leur recommandent auffi la difcipline des ordinations: de tirer les évêques du corps des prêtres, les prêtres & les diacres du corps du clergé, & non du confeil des villes, ou des charges militaires. Enfin ils mettent les noms des fix évêques Ariens qu'ils avoient déposez. L'empereur Valentinien accompagna cette lettre d'un refcrit adreffé aux mêmes évêques d'Afie & de Phrygie: où il les exhorte à embraffer le decret du concile d'Illyrie, & à ne pas abufer de l'autorité de l'empereur, c'est-à-dire, de fon frere Valens pour perfecuter les ferviteurs de Dieu.

Le même concile d'Alexandrie écrivit auffi aux évêques d'Afrique, c'est-à-dire,de la province de Carthage: Tom. 1. p. 31. pour les fortifier contre ceux qui vouloient faire valoir le concile de Rimini, au préjudice du concile de Nicée, fous prétexte de l'obfcurité du mot de consubstantiel. S. Athanafe écrivant au nom de ce concile, fait voir que concile de Rimini, tant qu'il a été libre n'a rien voulu ajoûter au concile de Nicée: qu'il a même excommunić Urface, Valens, Eudoxe & Auxence; & qu'ainfi il eft plus contraire que favorable aux Ariens. Il fait voir quelle est l'autorité du concile de Nicée : pourquoi il s'eft fervi du terme de confubftantiel, & quel en eft le fens. Enfin il traite en peu de mots de la divinité du S. Efprit. Au refte, quoique cette lettre aux Africains foit au nom de quatre-vingt-dix évêques d'Egypte & de Lybie, elle est proprement de S. Athanafe; & les évêques au nom defquels il parle, n'étoient pas tous prefens au concile : mais ils étoient fi unis de

P. 9+1. D.

fentimens, qu'ils foufcrivoient les uns pour les autres. Cette lettre eut fans doute fon effet ; & l'églife d'Afrique demeura ferme dans la foy de la Trinité, comme tout le reste de l'Occident.

P. 640. D.

XXII. Lettre à Epicte

te.

Tom. I. p. 582.

P.588. C.

Il faut raporter au même tems, c'eftà-dire, aux dernieres années de S. Athanafe, fa fameuse lettre à Epictete; puis qu'il y parle d'abord des conciles de Gaule, d'Espagne & de Rome, où les Ariens qui fe cachoient encore,avoient été anathematifez, & l'autorité du concile de Nicée reconnue. Il y avoit eu à Corinthe une difpute touchant le myftere de l'incarnation. Quelquesuns difoient que le corps de J. C. étoit consubstantiel au verbe, prétendant qu'autrement on admettroit quaternité au lieu de trinité. De-là fuivoit que le corps de J. C. n'étoit pas tiré de Marie, puis qu'il étoit éternel comme la divinité: ou que la divinité du verbe avoit changé de nature en devenant chair. D'autres donnoient dans l'excés oppofé, & difoient que J. C. étoit un homme adopté pour être fils de Dieu; & par confequent femblable aux autres prophetes. Que le verbe de Dieu étoit un autre que le Chrift fils de Marie, qui avoit fouffert. Ceux qui difputoient fur ces questions étoient des difciples d'Apollinaire : mais il n'étoit pas emarit. 6. 4. encore reconnu pour auteur de ces erreurs. Comme elles excitoient beaucoup de trouble, on fut obligé de tenir un concile : où tous demeurerent à la fin d'accord, & convinrent de la foy catholique. On redigea par écrit les actes du concile, & Epictete évêque de Corinthe, qui y avoit assisté, les envoïa à S. Athanafe.

P. 591. Epiph.haref 77.

Il put lire fans horreur de telles propofitions; & pour les refuter, il rappelle ceux qui les avancoient au concile de Nicée, auquel ils doivent fe conformer, s'ils P.58+. font enfans de l'églife. Ce n'eft pas, dit-il, du corps de

P. 585. C.

J. C. mais du fils de Dieu luy-même, que le concile a
déclaré qui eft confubftantiel au pere: il a dit que le
corps eft tiré de Marie. En effet, fi le verbe eft confub-
ftantiel au corps
tiré de terre, & le même verbe confub-
ftantiel au pere: le pere fera confubftantiel au corps
fait de terre; & comment vous plaindrez-vous que les
Ariens font le fils créature, vous qui faites le pere con-
fubftantiel aux créatures? fi le
corps eft avant Marie
éternellement, comme le verbe, à quoi fert l'avene-
ment du verbe ? vouloit-il fe revêtir de ce qui luy étoit
confustantiel: vouloit-il s'offrir pour luy-même en fa-
crifice & fe racheter luy-même ?

Il montre enfuite par l'écriture que J. C. a pris un corps femblable au nôtre, du fang d'Abraham & de la substance de Marie qui l'a veritablement enfanté & alaité de ses mamelles. Ce corps a fouffert la circoncision, la faim, là foif, le travail, & enfin la croix : au lieu que le verbe eft impaffible. Ce corps étoit dans le fepulcre, tandis que le verbe fans le quitter defcendit aux enfers: parce que le corps n'étoit pas le verbe, mais le corps du verbe, qui s'eft attribué les fouffrances de fon corps, afin que nous puiffions participer à fa divinité. Tout cela n'a point été fiction & apparence, mais verité & realité: autrement le falut des hommes, & la refurrection ne feroit que fiction & apparence, fui, vant la doctrine de Manes. J.C. dit aprés fa refurrection: L. XXIV. 39 Touchez & voïez; un efprit n'a pas de la chair & des os, comme vous voïez que j'en ay. Il ne dit pas: Je fuis de la chair & des os, mais : Je les ay. Quant à ce Jon. 1. que dit faint Jean: que le verbe a été fait chair : c'est comme ce que dit S. Paul: que J.C. a été fait malediction. Non qu'il foit devenu la malediction même, P. mais parce qu'il s'en eft chargé. Au refte il ne faut

Gal.11.13.

point

point craindre que le corps de J. C. étant d'une autre nature que le verbe faffe quaternité au lieu de trinité. La créature ne peut être égalée à Dieu, & la divinité ne reçoit point d'addition. L'incarnation n'a rien ajoûté au verbe : c'est la chair feule qui a receu des avantages înfinis par l'union du verbe.

Rem. 19. S.
Jc. xx. 28. p.

590.

Mar. 1.

Quant à ceux qui difoient que le fils de Marie n'étoit pas le Christ, Seigneur & Dieu, S. Athanafe leur demande, pourquoi donc dés fa naiffance îl eft nommé Emmanuel, c'est-à-dire, Dieu avec nous ? Comment S. Paul dit qu'il est Dieu beni dans les fiecles ? Pourquoi S. Thomas en le voïant s'écrie: Mon Seigneur & mon Dieu? Si la parole de Dieu eft venuë au fils de Marie, comme aux prophetes: pourquoi est-il né d'une vierge, & non d'un homme & d'une femme comme les autres faints ? Pourquoi eft-il dit de lui feul, qu'il eft mort pour nous? de lui feul, qu'il eft venu à la fin des fiecles? Pourquoi eft-il le feul qui foit déja reffufcité? Il eft dit des autres, que la parole de Dieu leur a été adreffée : & de celuy-cy feul, que la parole ou le verbe a été fait chair, C'est luy que le pere a montré fur le Jourdain & fur la montagne, en difant : C'est ici mon fils bien aimé. C'eft luy que les Ariens ont renoncé, & que nous reconnoiffons & adorons, ne feparant point le fils & le verbe : mais fachant que le verbe même eft le fils, par qui tout a été fait, & qui nous a rachetez. Et un peu aprés, Je vous prie, vous P. 591, & tous ceux qui entendront ce difours, de le prendre en bonne part : s'il y manque quelque chofe pour la doctrine, de le corriger & m'en avertir. Si le fujet n'eft pas exprimé avec la dignité & la perfection convenable, d'excufer la foiblefle de mon ftile. C'eft ainfi que le grand Athanafe jugeoit de ses êcrits dans le tems où il étoit le plus confommé en doctrine.

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