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XXIII.

Autres lettres de
S Athanafe.

Tom. 2. p.35.

IS

par

Il écrivit auffi à un abbé nommé Ammon, pere de plufieurs monafteres, contre la fuperftition ridicule de quelques moines,qui fe croïoient foüillez les excremens & les évacuations naturelles; prenant trop grosfierement ce paffage de l'évangile : Ce n'eft pas ce qui Marc. VII, 15 entre en l'homme qui foüille l'homme, mais ce qui en fort. Il faut prendre garde, dit S. Athanafe, d'où fort ce qui foüille l'homme. Ce n'eft pas du corps, mais du cœur où eft le depoft des mauvaises pensées & des chez. Il montre doctement que tout l'ouvrage de Dieu eft bon & pur : que toutes les fonctions naturelles du corps font innocentes & utiles, & qu'il n'y a que l'abus, qui en rend quelques-unes criminelles: comme l'homicide eft un crime, quoi qu'il foit permis & même loüable de tuer les ennemis en guerre juste.

Synef. ep. 67 p.

209. 210.

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Il y avoit dans la Pentapole aux confins de la Lybie, deux bourgades nommées Palebifque & Hydrax, qui avoient toujours été du diocese d'Erythre, & n'étoient pas affez confiderables pour avoir un évêque. Toutefois comme Erythre étoit éloigné de ces bourgades, & qu'Orion évêque d'Erythre étoit un vieillard fort doux : les habitans de ces bourgades, fans même attendre fa mort, voulurent se donner un évêque, qui fut plus propre les défendre de leurs ennemis, & à prendre foin de leurs affaires temporelles. Un nommé Sidere vint alors de l'armée, pour faire valoir quelques terres qui luy avoient été accordées. C'étoit un jeune homme agiffant & vigoureux capable de fe faire craindre à fes ennemis, & de fervir sès amis. Les habitans de Palebisque ne trouverent perfonne qui leur convînt mieux : d'autant plus que l'on avoit befoin d'habileté & de prudence, pour s'opposer à l'herefie dominante. Ils choifirent donc Sidere pour leur évêque, & le firent ordonner par un seul

évêque, qui fut Philon de Cyrene.

Cette ordination étoit tout-à-fait irreguliere. Il devoit être ordonné à Alexandrie,ou fur les lieux par trois évêques, avec la permiffion de l'évêque d'Alexandrie. Mais la perfecution ne permettoit pas d'obferver la rigueur des regles. Ainfi S. Athanafe ceda au tems, & laissa ce nouvel évêque à Palebifque.Il fit plus: & le jugeant capable des plus grandes affaires, il le transfera quelque tems aprés à Ptolemaïde metropole de la province: pour y conferver la doctrine catholique, qui y étoit prefque éteinte, depuis que Second l'un des premiers Ariens en avoit été évêque. Mais Sidere quitta Ptolemaïde dans fa vieillesse pour revenir à Palebiique; & comme il n'avoit fuccedé àperfonne dans ce fiege, auffi n'eût-il point de fucceffeur.

D'un autre côté S. Athanafe emploïa toute la rigueur des peines ecclefiaftiques contre le gouverneur de Lybie, homme de mœurs brutales, abandonné à la cruauté & à la débauche. S. Athanafe l'excommunia, & en écrivit aux autres évêques, particulierement à S. Bafile: afin que tout le monde évitât sa communion S. Bafile .47. fa luy fit réponse qu'il avoit publié l'excommunication dans fon églife, que ce malheureux feroit l'execration de tous les fideles, & que perfonne n'auroit de commerce avec luy, ni de feu, ni d'eau, ni de couvert. Il ajoûte qu'il a notifié cette condamnation à tous les domestiques, les amis & les hôtes du gouverneur : ce qui peut faire croire qu'il étoit de Cappadoce. On voit icy quelles étoient dés lors les fuites de l'excommunication, même pour le commerce de la vie civile.

Nous avons auffi deux lettres de S. Athanafe, pour la défense de S. Bafile. La premiere à deux prêtres, Jean & Tom, 1. 951. Antiochus,où il le nomme vray ferviteur de Dieu. L'au- p.952. tre à un prêtre nommé Pallade, où S. Athanafe parle

8. Cor. 37. 22.

XXIV.

S Balile calom

nić.

Bifile. ep. 203.

204.

ainfi: Quant à ce que vous m'avez demandé touchant les moines de Cefarée, qui s'opposent à notre frere l'évêque Bafile : ils auroient raison si sa doctrine étoit suspecte: mais ils font affurez, comme nous le fommes tous, qu'il eft la gloire de l'églife, & qu'il combat pour la verité : loin de le combattre luy-même, il faut approuver fa bonne intention. Car fuivant le rapport de Dianée ils fe chagrinent en vain: & je fuis perfuadé qu'il fe fait foible avec les foibles, afin de les gagner. Nos freres doivent louer Dieu d'avoir donné à la Cappadoce un tel évêque. Mandez - leur que c'est moy qui l'écrit, afin qu'ils aïent les fentimens qu'ils doivent pour leur pere, & qu'ils confervent la paix des églises.

Cette condefcendance de S. Bafile, dont S. Athanafe Diferecion de dit que quelques-uns fe fcandalifoient,étoient apparemment la maniere dont il parloit de la divinité du S. Efprit. Car il fe contentoit que les Macedoniens, qui vou-. loient fe réunir à l'églife, confeffaffent la foy de Nicée, & declaraffent qu'ils ne croïoient point le S.Efprit créatu-. re: fans les obliger à dire expreflément qu'il eft Dieu.Et luy-même dans fes écrits & dans fes difcours publics, s'abftenoit de luy donner formellement le nom de Dieu quoi qu'il usât des termes équivalens, & qu'il montrât fa divinité par des preuves invincibles. La raifon de cette conduite étoit la circonftance du tems. Il voïoit que les heretiques avec la protection de Valens, ne cherchoient qu'un pretexte pour chaffer de leurs fieges les évêques les plus zelez pour la verité, & luy-même tout le premier : que l'églife d'Orient étoit pleine de divifion & de troubles. Ainfi il contoit que le moïen le plus efficace pour conferver la religion, étoit de procurer la paix, ufant à l'égard des foibles de toute la condefcendance poffible; & il esperoit qu'aprés leur réünion, Dieu les éclaireroit

Greg. Naz. or. 20. p. 364.

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davantage par

la communication des catholiques, & par l'examen paifible de la verité. C'eft ainfi que S. Gregoire de Nazianze juftifie la conduite de fon ami. qui s'en explique luy-même dans deux lettres aux prêtres Dep. 203, 204 de Tarfe.

C.

Greg. ep. 26.

S. Bafile n'avoit pas laiffé de nommer le S. Esprit Dieu dans des écrits publics, lorfqu'il le croïoit utile: comme dans fa lettre à l'église deCefarée écrite vers l'an 363. Et il en ufa toûjours ainfi dans les entretiens particu- Ep. 141. p. 914. liers, fur tout avec S. Gregoire de Nazianze: à qui il Greg. or. 20. 1. protefta, comme ce faint le témoigne, qu'il vouloit 365. A. perdre le S. Efprit s'il ne l'adoroit avec le pere & le fils comme confubftanftiel. Ils étoient même convenus, que tandis que Bafile uferoit de cette précaution, Gregoire qui étoit moins expofé à la perfecution, prêcheroit hautement cette verité. En un repas où faint Gregoire se trouva avec plufieurs de leurs amis communs, la converfation tomba fur S. Bafile. Tous en parloient avec admiration, & loüoient ensemble les deux amis : quand un des conviez qui étoit moine s'écria: Vous êtes de grands flateurs. Loüez tout le reste, j'y confens: mais pour le capital, qui eft la foy, ni Bafile ni Gregoire ne meritent point de loüanges: l'un la trahit par fes difcours, l'autre par fon filence. Où l'avez-vous apris, dit Gregoire, temeraire que vous êtes? Le moine répondir: Je viens de la fête du martyr Eupfyque, & là j'ay oui le grand Bafile parler merveilleusement bien de la divinité du pere & du fils pour le S. Efprit, il a paffé par auprés. D'où vient, ajoûta-t-il, regardant Gregoire, que vous parlez clairement de la divinité du S. Elprit, comme vous fiftes en une telle affemblée; & que Bafile en parle obfcurement, & avec plus de politique que de picté? C'eft, répondit Gregoire, que je fuis un homme

A a iij

Bafil. epist. 33.

tioche

XXV.

Sup. n. 18.

Baf ep. 324.

caché & peu connu: ainfi je parle fans confequence. Bafile eft illuftre par luy-même & par fon êglife, tout ce qu'il dit eft public: on luy fait une forte guerre, & les heretiques cherchent à relever quelque parole de fa bouche, afin de le chaffer de l'églife, luy qui est prefque la feule étincelle qui nous refte. Il vaut donc mieux ceder un peu à cet orage, & faire connoître la divinité du S. Esprit par d'autres paroles ; la verité confifte plus dans le fens, que dans les mots. Mais quoique pût dire S. Gregoire de Nazianze, les affiftans ne goûterent point ce ménagement: Il rendit compte de cette conversation à S. Bafile, qui luy répondit: Si nos freres ne font pas encore convaincus de mes fentimens, je n'ay rien à répondre. Car comment perfuaderai-je par une perite lettre, ceux qu'un fi long-tems n'a pas perfuadez; Dans peu, Dieu aidant, les calomnies feron convaincuës par des effets. Car nous nous attendons à être bien-tôt au moins chaffez de l'église & du païs, pour la défense de la verité : peu-être nous arrivera -t'il encore pis. Et quand il n'arriveroit rien de ce que nous efperons: le tribunal de J. C. n'est pas éloigné.

Le voïage du diacre Dorothée, que faint Bafile avoit Concile d'an- envoïé en Occident de concert avec S. Melece & avec S. Athanafe, ne procura aux Orientaux autre fecours que des lettres qui furent apportées par Sabin diacre de l'églife de Milan. Il en rendit à S. Bafile de la part de S. Valerien évêque d'Aquilée; & il apporta à AnTent 2. conct. tioche la lettre du concile de Rome tenu par quatrevingt-treize évêques contre Auxence, à laquelle font joints trois extraits des decrets du même concile, qui expliquent la foi de la Trinité : c'est-à-dire, la divinité du verbe contre les Ariens, les demi-Ariens & Marcel

Sup. n. 19.

842.

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