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AN. 362.

Odiff.xiv.v.56.

les enfuite qu'un facrificateur ne doit point aller au théatre, ni boire dans un cabaret, ni exercer un métier vil ou honteux. Honorez ceux qui obéïront, & chassez les autres.

Etabliffez en chaque ville plufieurs hôpitaux, pour exercer l'humanité envers les étrangers : non-feulement d'entre les nôtres; mais envers tous, pourvû qu'ils foient pauvres. J'ai déja reglé le fonds neceffaire pour cette liberalité en commandant que l'on donnât tous les ans par toute la Galatie trente mille boiffeaux de bled, & foixante mil feptiers de vin dont je veux que le cinquième foit employé pour les pauvres qui fervent les facrificateurs : le refte diftribué aux étrangers & aux mandians. Car il eft honteux qu'aucun Juif ne mendie que les impies Galiléens, outre leurs pauvres, nourriffent encore les nôtres, & que nous les laiffions fans fecours. Apprenez aux Hellenistes de contribuer pour ces œuvres, & à ceux de la campagne d'offrir aux dieux les prémices des fruits. Montrez-leur que ces liberalitez font de nos anciennes maximes. Enfuite il rapporte trois vers de l'Odiffée, où Homere faifant par ler Eumée, reprefente l'obligation d'affifter les étrangers & les pauvres, comme envoyez par Jupiter.

:

Julien continuë ainfi : Voyez rarement les gouverveurs chez eux : écrivez-leur le plus fouvent. Quand ils entrent dans la ville qn'aucun facrificateur n'aille audevant mais feulement quand ils viennent aux temples des dieux; & qu'il demeure au dedans du vestibule: qu'aucun foldat n'y entre devant eux; mais qui voudra les fuivre. Dés que le magiftrat touche la porte du lieu facré, il devient particulier : c'eft vous comme vous favez, qui commandez au dedans : fuivant la loi divine, à laquelle on ne peut refifter fans arrogance. Je fuis

prêt

prêt à fecourir les habitans de Peffinonte, s'ils fe rendent propice la mere des dieux: s'ils la negligent, non feu- AN. 361. lement ils ne feront pas innocens ; mais, j'ai peine à le dire, ils reffentiront mon indignation.

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Dans un autre écrit adreffé auffi à un pontife, il dit qu'il lui a donné cette charge, étant persuadé de son merite, afin qu'il puiffe inftruire les autres avec plus d'autorité: non feulement dans les villes, mais à la campagne. J'agirai de concert avec vous, dit-il, moi qui par la grace des dieux porte le titre de fouverain pontife: non que j'en fois digne, mais je defire de l'être, & je les en prie continuellement. Il commence enfuite à lui donner des preceptes de morale, & dit que les pontifes doivent vivre comme étant toûjours en la presence des dieux, dans une grande pureté, s'abstenant non seulement de faire des actions deshonnêtes, mais de prononcer ou d'oüir des paroles fales qu'ils doivent éloigner d'eux les railleries infolentes, & les converfations impures: ne lire ni Archiloque, ni Hipponaz, ni les auteurs de l'ancienne comedie: c'eft-àdire du caractere d'Ariftophane, qui en effet eft très-infame. Il veut qu'ils fe reduifent à l'étude de la philofophie, & encore de celle qui reconnoît les dieux pour auteurs, & qui en parle dignement : c'est-à-dire celle de Pythagore, de Platon, d'Ariftote & des Stoïciens. Mais il leur défend les Epicuriens & les Pyrroniens, regardant comme un effet de la providence des dieux, que la plûpart de leurs livres fuffent déja perdus. Il leur confeille de lire les histoires veritables, non les fables compofées en forme d'histoire, principalement celles qui traitoient d'amour, comme nos romans, parce qu'elles ne font propres qu'à allumer les paffions. Toute lecture, dit-il, ne convient pas aux perfonnes confacrées aux dieux,

Tome IV.

C

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p. 552.

1.553.

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il veut qu'ils s'appliquent principalement à purifier leurs penfées. Qu'ils apprennent les hymnes des dieux, furtout ceux que l'on chante dans les temples. Qu'ils prient fouvent en particulier & en public : s'il le peut trois fois le jour, du moins le matin & le foir. Qu'ils obfervent exactement les cérémonies établies par les anciennes loix qu'ils pratiquent les purifications reglées, principalement la nuit qui precede le jour de leur fervice : qu'ils viennent enfuite au temple, & y demeurent le tems prescrit par la loi, comme à Rome, de trente jours. Pandant tout ce tems ils doivent s'occuper à mediter la fageffe, à prévoir & à difpofer tout ce qui regarde le fervice des dieux, fans fortir du temple pour aller chez eux, ou à la place publique, ou pour vifiter le magiftrat. Le tems du service étant paffé, le prêtre doit ceder la place à un autre ; & revenant à la vie commune, il peut aller chez fes amis, & même se trouver aux repas où il fera prié, mais avec choix : il peut paroître dans la place, mais rarement; & parler au gouverneur, mais pour ceux qu'il doit raifonnablement fecourir. Dans le temple & pendant le fervice, il doit porter des habits très-magnifiques : mais au-dehors des habits fimples & ordinaires, & ne pas abufer pour la vanité de ce qui lui eft accordé pour l'honneur des dieux.

Qu'aucun des prêtres, continuë-t-il, n'approche en aucune maniere des spectacles impurs, & ne les introduise dans fa maifon. Je voudrois les banir entierement des théatres, s'il étoit poffible, & les rendre à Bacchus p. 556. dans leur ancienne pureté. Mais ne croïant pas que cela foit poffible, ni expedient quant à préfent, je renonce à cette affectation. Seulement je veux que les prêtres laissent au peuple l'impureté des fpectacles. Qu'aucun

d'eux n'aille donc au théatre, & n'ait pour ami un co- AN. 362. medien, un meneur de chariots, ou un danfeur. Je leur permets feulement d'aller s'ils veulent aux combats fa

crez,

où il est défendu aux femmes, non feulement de combattre, mais de regarder. Pour les chaffes, qui fe font dans les théatres des villes : non feulement les prêtres doivent s'en abftenir, mais encore leurs enfans. Après ces paroles de Julien, on ne doit pas s'étonner que les fpectacles fuffent défendus aux Chrétiens.

Il vient enfuite au choix des prêtres, & veut que l'on ne confidere que leur affection envers les dieux & envers les hommes, fans s'arrêter aux richeffes ni à la naissance. Pour les exciter à la liberalité, il dit: Les impies Galiléens aïant observé que nos prêtres négligeoient les pauvres, fe font appliquez à les affifter, & comme ceux qui veulent enlever des enfans pour les vendre, les attirent en leur donnant des gâteaux : ainsi ils ont jetté les fideles dans l'athéïsme, en commençant par la charité, l'hofpitalité & le service des tables: car ils ont plufieurs noms pour ces œuvres qu'ils pratiquent abondamment.

p. 557.

3 f. 101. &c.

Julien vouloit pouffer plus loin l'imitation du Chrif Greg. Naz. or. tianisme, & établir dans toutes les villes des écoles pu- Səzem.v.c.16. bliques femblables aux églifes, où l'on fit des lectures & des explications, foit pour la morale, foit pour les myfteres; que l'on priât à certains jours, & à certaines heures à deux choeurs : qu'il y eût des châtimens reglez pour les fautes: des préparations pour être initié aux cérémonies facrées. Outre les hôpitaux il vouloit bâtir des monafteres: c'est-à-dire des lieux de retraite, de méditation & de purification pour les hommes & pour les vierges. Il admiroit entre autres l'ufage des lettres ecclefiaftiques que les évêques donnoient aux voïa

AN. 362. geurs, & fur lesquelles ils étoient reçus par tous les Chrétiens avec touteforte de charité. Mais Julien n'eût pas le tems d'executer tous ces beaux deffeins.

VIII. Conteffion de

Celaire.

Greg. Naz Pro.

όσο

Cependant il s'efforçoit de perfuader tout ce qu'il pouvoit de Chrétiens, par les bienfaits, les honneurs, les promeffes, les careffes: defcendant jusqu'à des flateries indignes de fon rang. Il attaqua entre les autres Cefaire frere de S. Gregoire de Nazianze, qu'il trouva à la 10. p. 163. 164. cour de C.P. exerçant la medecine avec une grande confideration. Il avoit étudié à Alexandrie, non feulement la medecine, mais la geometrie, l'aftronomie, la philofophie & l'éloquence. Etant venu à C. P. fon merite & fon exterieur avantageux lui attirerent l'eftime de tout le monde. Pour l'y arrêter on lui offrit des honneurs publics, une alliance noble, & la dignité de fenateur. La ville envoïa une députation à l'empereur Conftantius, pour le fupplier d'y arrêter Cefaire en qualité de medecin: ce que l'empereur accorda. Il vivoit noblement à la cour, exerçant sa profession gratuitement, cheri des grands & de l'empereur même. Toutefois il ne fe laiffoit ni éblouir par les honneurs, ni amolir par les délices; & comptoit toûjours pour fon capital d'être Chrétien. Souvent même il foûtint la verité de la religion par des difcours fubtils, fervens & pieux.

Id ep. 17.

Quand Julien fut parvenu à l'empire, Cefaire demeura quelque tems à fa cour ce qui caufa un grand scandale. S. Gregoire fon frere lui en écrivit en ces termes : Vous nous couvrez de confusion: Je voudrois que vous puffiez entendre ce que difent de vous ceux de la famille, les étrangers & tous les Chrétiens qui nous connoiffent. Voir les fils d'un évêque fervir à la cour, defirer la puiffance & la gloire feculiere, fe laiffer vaincre à l'interêt, & ne pas compter pour toute la gloire &

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