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16.

Is.

C. 19.

doit aux païens de ruiner eux-mêmes leurs temples. Avant luy il y avoit trés-peu de chrétiens en ces quartiers de la Gaule, & il les laiffa remplis de lieux de pieté: car aux endroits où il avoit ruiné des temples, il bâtiffoit auffi-tôt des églises ou des monafteres.

Il continuoit à faire fouvent de grands miracles. Il délivra du démon un esclave de Tetradius, qui avoit été proconful: à Trevès: il guerit une fille paralitique prête à expirer, en luy mettant dans la bouche de l'huile benite : à Paris entrant dans la porte de la ville, suivi d'une grande foule, il baisa un lepreux qui faifoit horreur à tout le monde, & luy donna fa benediction; auffi-tôt il fut gueri, & le lendemain il vint rendre graces à Dieu dans l'églife. Les filets tirez de l'habit ou du cilice de S. Martin gueriffoient fouvent les malades étant attachez à leurs doigts ou à leur col. Arborius qui avoit été préfet, aïant fa fille malade d'une groffe fievre 6. 21, quarte luy apliqua fur la poitrine une lettre du faint, & la fievre ceffa auffi-tôt. Paulin depuis illuftre par fa fainteté aïant une grande douleur à un œil où la cataracte commençoit à fe former, S. Martin luy appliqua un pinceau, & le guerit entierement. Voilà quelques-uns de fes miracles.

C.

XXXII.

30 Zom. 1.c. 36.

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Cependant la perfecution continuoit en Orient,mais Perfecution en avec moins de violence. Car comme Valens étoit à Syric. Soc v 3. Antioche,il fut harangué par le philofophe Themiftius, qui bien que païen l'adoucit un peu envers les catholiques. Il luy reprefenta qu'il ne faloit pas s'étonner de la diverfité des fentimens qui étoient entre les chrétiens, puifqu'elle étoit petite en comparaifon de la multitude & de la confufion d'opinions qui regnoient chez les Grecs, c'est-à-dire, chez les païens, qui avoient plus de trois cens opinions differentes. Valens fe reduifit donc à

pour

les en

bannir les ecclefiaftiques, au lieu de les faire mourir. 1. Theod. xv. c. Ainfi la perfecution s'adoucit, mais elle ne ceffa pas. Elle s'étendit par toute la Syrie, & S. Pelage évêque de Laodicée fut banni entre les autres. Il avoit été marié en fajeunesse. mais le premier jour de fes noces, il perfuada à fon époufe de garder la continence; & comme il n'avoit pas moins cultivé les autres vertus, il fut élû évêque tout d'une voix. Il gouvernoit cette églife depuis plufieurs années, & fut alors envoïé en exil en Arabie. Les églifes de Calcide & de Berée fe fentirent auffi de la perfecution; & S. Bafile leur écrivit des lettres courager & les confoler. Ecrivant à l'église de Calcide, Bafil. ep. 297. il marque que la perfecution n'est pas encore venuë 299. Berœons. jufques à luy & aux églifes de Cappadoce; mais que l'éxemple des églifes voifines la faifoit attendre inceffamment. Il dit on-feulement les prêtres & le clergé de Calcide; mais les plus puiffans du peuple avoient éprouvé la tentation. L'église de Berée luy envoïa le prêtre Acace, qui en fut depuis évêque : par qui il apprit le détail de leurs fouffrances, & l'union du peuple avec le clergé. Il les encourage à la perfeverance; & dit que leur exemple a déja relevé plufieurs églifes.

que non

n. 37.38.

En Palestine Philippe évêque de Scythopolis, & fucceffeur de Patrophile: puis Athanafe fucceffeur de Philippe, Gemellin, & plufieurs autres prêchoient ouvertement le pur Arianifme: foûtenant que le fils de Dieu étoit créature,& que leS.Efprit n'avoit rien de commun Epiph. har. 75. avec la nature divine, & non contens d'empoifonner le païs par leurs difcours, ils perfecutoient les catholiques à force ouverte. A Jerufalem un nommé Hilaire ou Hilarion, décrié par la communion des Ariens, occupoit la place de S. Cyrille qui vivoit encore, mais apparem- Hier. Chr. an. ment en exil. Car aprés Irenée que les Ariens avoient 349.

Epiph. har. 73.

37.

Sup....23. fait êvêque de Jerufalem au concile de C. P. en 360. S. Cyrille étoit rentré dans son siege, apparemment fous Julien, mais il avoit encore été dépoffedé par Hilaire. A Cefarée Açace le borgne étoit mort quelques années auparavant, & faint Cyrille qui étoit alors à Jerufalem mit à fa place Philumene: mais Eutychius d'Eleuteropolis, qui bien que catholique dans le cœur, fuivoit les Ariens en haine de S. Cyrille, établit à Cesaree un autre Cyrille furnommé le vieux. Saint Cyrille y mit enfuiteGelafe fon neveu fils de fa four; & les Ariens profitant de la divifion de ces trois évêques qui se difputoient le fiege de Cefarée, y établirent Euzoïus: qu'il ne faut pas confondre avec Euzoïus d'Antioche. Euzoïus de Cefarée travailla avec aplication à rêtablir la bibliotheque de S. Pamphile, faifant transcrire de nouveau les livres fur du parchemin: entre autres les ouvrages d'Origene, dont il retrouva un grand nombre, & en dreffa une table. Il étoit homme de lettres, & compofa luy-même divers ouvrages. S. Epiphane dèslors évêque de Salamine dans l'isle de Chypre, étoit en fi grande veneration, que les Ariens n'oferent l'attaquer, & il demeura paifible dans fon églife.

Hier. epift 141.
Ad de Script

Hier.ep.61.c.2.

XXXIII.

Edelfe.

6. 12.

Ruf. 11.5.5.

Saint Barses ou Barfin, aprés avoir vêcu long-tems Perfecutions à dans la folitude, fut évêque d'Edeffe en Mefopotamie, Theo, bift. Iv Valens le relegua d'abord dans l'ifle d'Arcade en Phenicie. Mais aiant appris que les maladies qu'il gueriffoit par fa parole luy attiroient les peuples en foule, il l'envoïa en Egypte à la ville d'Oxirinque ; & comme fa reputation y attiroit encore tout le monde, il l'envoïa en Thebaïde, à une place nommée Philo fur la frontiere des barbares. On garda long-tems fon lit à Arade: il y étoit en grand honneur du tems de Theodoret, & plufieurs malades étoient gueris,en y couchant. L'église

latine

:

Secr, 1v. c. 18 Sezom. VI 18.

latine honore la memoire de S. Barfes le trentiéme de Janvier, & la grecque le quinziéme d'Octobre. A fa place Valens envoïa à Edesse un évêque Arien mais tout le peuple fortoit hors de la ville, & s'affembloit dans la campagne. Valens en fut lui-même temoin, lorsqu'il vint à Edeffevifiter l'église fameuse de l'apôtre S. Thomas. Il en fut fi irrité, qu'il frappa de fa main le prefet Mo- Theod. v.6 16. defte, parcequ'il n'avoit pas eu foin d'empêcher ces affemblées : & lui commanda de ramaffer les foldats qu'il avoit fous fa charge, & ce qui fe trouveroit de troupes, pour diffiper cette multitude. Modefte, quoi qu'Arien fit fecrettement avertir les catholiques de ne fe point affembler le lendemain au lieu où ils avoient accoûtumé de prier:parce qu'il avoit ordre de l'empereur de punir ceux qui s'y trouveroient. Il efperoit par cette menace empêcher l'affemblée & appailer l'empereur. Mais les fidelles d'Edeffe n'en furent que plus excitez à s'affembler; & dès le grand matin ils fe rendirent avec plus de diligence qu'à l'ordinaire au lieu accoûtumé & le remplirent. Le prefet Modeste l'aïant appris, ne favoit quel parti prendre. Toutefois il marcha vers le milieu de l'affemblée, faisant avec sa suite un bruit extraordinaire pour épouvanter le peuple. En paffant dans la ville il vit une pauvre femme qui fortoit brufquement de sa maison, fans même fermer la porte, tenant un enfant par la main, & laiffant traîner fon manteau negligemment, au lieu de fe couvrir à la maniere du païs. Elle coupa la file des foldats qui marchoient devant le prefet, & paffa avec un extrême empreffément. Il la fit arrêter, & lui demanda où elle alloit fi vîte? Je me preffe, dit elle, d'arriver au champ où les catholiques font assembléz, Tu es donc la feule, dit Modefte, qui ne fais pas que le prefet y marche, & qu'il fera mourir tous ceux qu'il y trouvera ? Oui répon-I Tome IV. Dd

Theod. IV. c. 17

1o.

dit-elle, je l'ai oui dire ; & c'est pour cela même que je me presse, craignant de manquer l'occasion de fouffrir le martyre. Mais pourquoi mene-tu cet enfant, dit le prefer? Afin, dit-elle qu'il ait part à la même gloire. Modeste étonné du courage de cette femme, retourna au palais, & en aïant entretenu l'empereur, lui perfuada d'abandonner une entreprise, dont le fuccès feroit honteux & malheureux.

Valens refolut donc d'épargner le peuple, & ordonna au prefet Modefte de prendre les preftres & les diacres, & de leur perfuader, ou de communiquer avec l'évêque Arien, ou les chaffer de la ville, & les envoïer aux extrêmitez de l'empire. Modefte les aïant tous affemblez, effaïa de les perfuader, en difant : qu'il faloit estre insensez pour vouloir resister à un fi grand prince. Comme ils demeuroient tous en filence, le prefet s'adreffa au preftre Euloge, qui étoit leur chef,& lui demanda pourquoi il ne répondoit point. Euloge dit :Vous ne m'avez rien demandé. Toutefois, dit le prefet, il y a long-tems que je vous parle. Euloge dit : Vous parliez à tout le monde. Si vous m'interrogez en particulier, je vous dirai ma pensée. Et bien donc, dit le prefet, communiquez avec l'empereur. Euloge répondit : Est ce que l'empereur a receu le facerdoce avec l'empire ? Le prefet piqué de cette réponse, reprit : Je ne dis pas cela, impertinent, je vous exhorte à communiquer avec ceux avec qui l'empereur communique. Nous avons un pafteur, dit Euloge, & nous fuivons fes ordres. Alors le prefet les envoia en Thrace au nombre de quatre-vingts.

Les grands honneurs qu'ils receurent pendant ce voïage, exciterent la jaloufie de leurs ennemis. Car les villes & les bourgades venoient au devant d'eux les feliciter fur leur victoire. Valens en aïant receu des plain

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