! pour toute richeffe, de refifter courageufement en cette AN. 362. ne pas Or. 10. p. 167. Cette lettre ne fut pas fans effet, & Cefaire ne trom- C tiens. IX.. Julien pervertit un grand nombre de foldats & d'offi- Confeffion de ciers de fes troupes : les uns ambitieux & intereffez, les foldats Chiéautres foibles dans la foi, qui n'avoient pour loi que la volonté du prince. C'étoit une ancienne coûtume d'ado. Greg Naz.or.3 rer, non feulement les empereurs, mais encore leurs images; & cette adoration n'étoit qu'un honneur civil, fans rapport à la religion. Les images des empereurs p. 83.84. AN. 362. étoient ordinairement accompagnées de victoires, de captifs ou d'autres femblables figures indifferentes: mais Julien fit joindre aux fiennes des idoles, afin qu'on ne pût leur rendre les honneurs ordinaires fans idolâtrie : Jupiter qui fortoit du ciel, & lui prefentoit la couronne & la pourpre Mars & Mercure qui le regardoient, comme pour rendre témoignage à la valeur & à fon éloquence. La plupart n'y firent point de reflexion, & les adorerent: quelque peu éviterent ce piege, étant mieux inftruits & plus pieux; & ils en furent punis comme d'un manque de refpect envers l'empereur. Il furprit encore plufieurs foldats par cet artifice. C'étoit la coutume qu'en certaines occasions l'empereur afsis fur un tribunal élevé diftribuoit de fa main des largeffes à fes troupes : leur donnant des pieces d'or, felon leur rang & leur merite. Julien y ajouta une ceremonie extraordinaire. Il fit mettre auprès de lui un autel avec des charbons ardens, & de l'encens fur une table : Sozom. V.6.17. voulant que chacun mit de l'encens fur le feu avant que de recevoir fon or. Ceux qui furent avertis éviterent le piége en feignant d'être malades; quelques-uns par interêt ou par crainte négligerent leur falut : la plûpart ne s'apperçurent point de l'artifice. Quelques-uns de ces derniers s'en allerent manger enfuite; & voulant boire, ils invoquoient à leur ordinaire le nom de J. C. levant les yeux au ciel, & faifoient le figne de la croix fur la coupe. Un de leurs camarades s'en étonna, & leur dit: Qu'est-ceci : vous invoquez J. C. après l'avoir renoncé. Comment, répondirent les autres demi-morts d'étonnement: Que voules-vous dire ? Parce, dit-il, que vous avez mis de l'encens fur le feu. Auffi-tôt ils s'arracherent les cheveux, jettant de grands cris, fe leverent de table, & coururent dans la place tranfportez de zele, criant & difant: Nous fommes Chrétiens dans le Theod. 111. c.16. cœur que tout le monde l'entende, & Dieu premierement à qui nous vivons, & pour qui nous voulons mou- AN. 362. rir. Nous ne vous avons point trompé Sauveur JESUS: nous n'avons point renoncé à la bien-heureufe confeffion. Si la main a failli, le cœur ne l'a point suivie. L'empereur nous a trompez : nous renonçons à l'impieté, nous voulons l'expier par nôtre fang. Ils coururent jufqu'au palais, & jettant aux pieds de l'empereur l'or qu'il avoient reçu, ils s'écrierent: Vous ne nous avez pas fait un prefent, vous nous avez condamnez à mort: faites-nous grace, immolez-nous à J. C. jettez-nous dans le feu, coupez nos mains criminelles : donnez vôtre or à d'autres, qui le prendront fans regret. L'empereur fut tellement irrité de leur har- Theod. 11.6.17. dieffe, que dans le premier mouvement, il commanda qu'on leur coupât-là tête. On les mena hors la ville, & le peuple les fuivit, admirant leur courage. Quand ils furent arrivez au lieu de l'execution, le plus âgé de tous pria le bourreau de commencer par le plus jeune, de peur que le fupplice des autres ne le décourageât. Ce jeune homme nommé Romain s'étoit déja mis à genoux, & le bourreau avoit l'épée nuë à la main quand on vint annoncer la grace, & crier de loin de ne les pas, executer. En effet, Julien y aïant fait reflexion, ne voulut pas leur donner la gloire du martyre. Le jeune foldat en fut penetré de douleur, & dit : C'est que Romain n'étoit pas digne de porter le nom de martyr. L'empereur ne leur fit grace que de la vie; & les bannit aux extremitez de l'empire: leur défendant de demeurer dans les villes. Entre les officiers Chrétiens qui prefererent leur religion à leur fortune on remarque les empereurs qui fuccederent les premiers à Julien: favoir Jovien, Va AN. 362. Vit. 1.2. Theod 111.c116. lentinien & Valens. La confeffion de Valentinien fut remarquable. Comme il commandoit la compagnie des Scr. 13 gardes de l'empereur, que l'on nommoit Joviens : il éAng. XVII. c. toit de fon devoir de le fuivre, & d'être toûjours le plus Sozom.vi.c.6. proche de fa perfonne. Julien entroit un jour en danfant dans le temple de la Fortune; & des deux côtez de la porte étoient des gardiens du temple avec des branches trempez d'eau luftrale, pour en arrofer ceux qui entroient. Une goute de cette eau étant tombée sur le manteau de Valentinien, il donna un coup de poing au miniftre du temple, difant qu'il l'avoit fouillé de cette eau impure; & déchira l'endroit de fon manteau qu'elle avoit touché. L'empereur en fut irrité & le bannit, fous pretexte qu'il ne tenoit pas fa compagnie en bon état ; ne voulant pas lui procurer l'honneur d'être confeffeur de J. C. Ille relegua dans une garnison d'un païs déPhiloft. vi.c. fert. Sozomene dit à Melitine en Armenie, Philostorge à Thebes dans la haute Egypte; & peut-être fut - il transferé de l'une à l'autre. Mais il ne fut point caffé pour cela; ni privé de fa charge, non plus que fon frere Valens ni Jovien; parce que Julien les jugeoit utiles au fervice de l'état. 7. Soc. 4. c. I. X. Martyrs fous Julica. Theod. 111. c. 6. Nonobftant fa feinte douceur & fes précautions, pour priver les Chrétiens de la gloire du martyre; ils furent perfecutez ouvertement en divers lieux, & ily eut plufieurs martyrs. Les ordres que l'empereur l'empereur donna pour rétablir l'idolâtrie remplirent les villes de féditions. Les païens ouvrirent leurs temples, & allumerent du feu fur leurs autels; la terre fut arrofée du fang des victimes, l'air rempli de l'odeur de la graiffe. Ils couroient par les ruës comme agitez de démons qu'ils adoroient; fe mocquant des Chrétiens, & leur infultant avec la derniere infolence. Les Chrétiens les plus imparfaits ne pouvant des pouvant fouffrir leurs blasfêmes, répondoient par D , |