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des évêques, des clercs, des moines & des vierges. Phi- Philoft.» «.g loftorge raporte que fous le grand Conftantin, une grande multitude de Getes, c'est-à-dire de Gots, furent chaffez de leur païs, à caufe de la religion, & que l'empereur les logea dans la Mefie. Il fait remonter l'origine de leur converfion aux courfes qu'ils avoient faites dans l'Afie mineure fous l'empereur Galien: particulierement_sup./v11.6,58 dans la Galatie & la Cappadoce.

Socr. 1v. c. 33

Du tems de l'empereur Valens, les Gots étoient divisez & obéiffoient à deux rois, Fritigerne & Atharanic. La plupart étoient encore païens, & plufieurs Chrétiens sozem.vl.c.17 des fujets de Fritigerne foufrirent le martire, quoiqu'il fût allié des Romains. Mais fous Athanaric qui étoit leur ennemi, la perfecution fût bien plus grande. Il en fit mourir plufieurs par divers fupplices : les uns à caufe de la hardieffe, avec laquelle ils répondoient aux juges, les autres fans même les écouter. Car il fit mettre une idole fur un chariot, que l'on promenoit par les cabanes de ceux qui étoient dénoncez comme Chrêtiens, & on leur commandoit de l'adorer & de luy sacrifier s'ils refufoient, on brûloit les cabanes & ceux qui étoient dedans. Pour éviter cette violence, plufieurs perfonnes de tout fexe & de tout âge, jufques à des enfans à la mamelle, fe refugierent dans la cabane où étoit l'églife: Mier. Chr. an. mais les païens mirent le feu à la cabane & les brûle- 370 rent tous. Athanaric en aïant fait tuer un grand nom- 407 bre, & aïant horreur de faire mourir le refte, les chaffai aprés les avoir fait beaucoup fouffrir, & les fit paffer für les terres des Romains. Ces martyrs étoient catholiques, au raport de S. Auguftin, & il n'y avoit point encore alors d'Ariens chez les Gots.

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De tant de martirs, il y en a peu qui soient connus en particulier. On nomme Barthus & Verea preftres,

Ifid Chr. Era.

Ambr. in Luc.

1 m. 37. V.Ruinart ac Mexolog. 16.

martyr. p. 671.

Mart.

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& Arpila folitaire, que l'on dit avoir été brulez avec vingt-trois autres dans une églife où ils étoient affemblez, & on raporte leur martyre au même tems des empereurs Valentinien, Valens & Gratien, mais fous un roi Jungheric. Sous Athanaric on connoît feulement S. Nicetas & S. Sabas. S. Nicetas eft plus fameux, mais son histoire eft moins connuë. Celle de S. Sabas eft plus certaine, s'étant confervée dans une lettre de l'églife de Gothie à celle de Cappadoce, à qui fes reliques furent envoïées.

Saint Sabas Goth de nation & Chrétien dés l'enfance étoit doux, paisible & moderé dans fes paroles ; bien inftruit de la religion, qu'il favoit défendre contre les idolâtres, fans retorique étudiée, mais avec une grande liberté. Il chantoit dans l'églife, & en prenoit un grand foin. Il méprifoit l'argent & la bonne chere, fuïoit la compagnie des femmes; & s'appliquoit tous les jours au jeûne & à la priere: il excitoit tout le monde à la vertu. La perfecution aïant commencé, comme on contraignoit les Chrétiens à manger des viandes immolées aux idoles : quelques païens s'aviferent d'offrir à leurs parens Chrétiens, des viandes qui n'auroient pas été immolées pour tromper les perfecuteurs. S. Sabas, non seulement refufa d'en manger, mais dit hautement, que quiconque en mangeoit n'étoit pasChrétien. Il en preserva ainsi plufieurs c'eft-pourquoi ceux qui vouloient emploïer cet artifice, le chafferent du village: enfuite ils le rappellerent. La perfecution aïant recommencé, quelques païens en facrifiant aux faux dieux, vouloient affurer avec ferment, qu'il n'y avoit aucun Chrétien dans leur village. Mais Sabas fe prefenta hardiment dans leur affemblée, & dit: Que perfonne ne jure pour moi,car je fuis Chrétien. Etant donc preffez par le perfecuteur, ils cacherent leurs

parens,

parens, & jurerent qu'il n'y avoit dans leur village qu'un leul chrétien. C'étoit S. Sabas. Le prince se l'étant fait amener, demanda aux affiftans ce qu'il avoit de bien, & aprenant qu'il n'avoit que l'habit dont il étoit vêtu, il le méprifa, & le fit chaffer, difant: Un tel homme ne peut faire ni bien, ni mal.

La perfecution étant renouvellée, il alla par ordre de Dieu paffer la feste avec un prêtre nommé Sansala. La troifiéme nuit aprés, un nommé Atharide vint par ordre public avec une grande troupe fondre fur le village; & trouvant le prêtre endormi dans fa maison, il le fit lier avec S. Sabas, que l'on avoit aussi tiré de fon lit. Ils mirent le prêtre dans un chariot: pour S. Sabas, ils le traînerent nud comme il étoit, par des épines qu'ils avoient brûlées depuis peu ; le preffant & le frappant à coups de fouet & de bâton. Le jour étant venu il leur dit: Ne m'avez-vous pas traîné tout nud par des lieux rudes & pleins d'épines ? voïez fi j'ay les pieds déchirez, & si l'on voit fur mon corps les marques des coups que vous m'avez donnez. Ils n'en virent aucune trace. Alors ils prirent un effieu du chariot, le luy mirent fur les épaules, & luy attacherent les mains étenduës au bout de l'effieux puis ils luy attacherent de même les pieds à l'autre, & le renverferent par terre couché fur cet effieu. Il passa ainfi la plus grande partie de la nuit.Mais pendant que les ministres de la perfecution dormoient; il vint une femme qui le délia. Îl demeura toutes fois au même lieu fans crainte, aidant à cette femme qui s'étoit relevée la nuit pour préparer à manger aux domestiques.

Le jour venu Atharide lui fit lier les mains, & le fit pendre à une poutre de la maison. Peu de tems aprés, il vint des gens de sa part qui apportoient des viandes immolées, & qui dirent au prêtre & à Sabas: Voilà ce Tome IV.

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que vous envoie le grand Atharide, afin que vous mangiez & que vous evitiez la mort. Nous n'en mangerons point, dit le prêtre, il ne nous eft pas permis. Dites à Atharide, qu'il nous faffe plûtôt mourir en croix ou de quelque autre maniere. S.Sabas dit : Qui a envoïé cela ≥ Ils répondirent: C'est le feigneur Atharide. Sabas dit : Il n'y a qu'un Seigneur, Dieu qui eft au ciel. Ces viandespernicieuses font impures & profanes, comme Atharide luy-même qui les a envoïées. Un des ferviteurs d'Atharide irrité de ce difcours, pouffa la pointe de fon dard contre la poitrine de Sabas avec tant de violence, que tous les affistans crurent qu'il en mourroit fur le champMais il luy dit : Tu crois m'avoir tué? sache que je n'en ai pas fenti plus de mal, que fi tu m'avois jetté un flocon de laine. En effet, il ne jetta aucun cri, & on ne trouva fur fon corps aucune marque du coup. Atharide aïant apris tout cela, commanda qu'on le fit mourir. On laiffa aller le prêtre, & on mena Sabas pour le noïer au fleuve nommé alors Mufée, aujourd'huy Muffous en Valachie. Il dit : Quel mal a fait le prêtre pour ne pas mourir avec moi? Les miniftres luy répondirent: Ce n'eft pas à toy à en donner l'ordre. Alors il fe mit en priere, & ne ceffa de loüer Dieu pendant le chemin. Etant arrivé au bord du fleuve, les miniftres difoient entre eux: Que ne laiffons-nous aller cet homme? il eft innocent: Atharide n'en fçaura jamais rien.S.Sabas leur dit: A quoi vous amusez-vous, au lieu de faire ce qui vous eft ordonné? Je voi ce que vous ne pouvez voir: voilà de l'au tre côté ceux qui me recevront dans la gloire. Alors ils le menerent à l'eau, & il continua de louer Dieu jufques à la fin. L'aïant jetté dans le fleuve, ils l'étranglerent avec la piece de bois, qu'ils avoient attachée à fon cou. Il étoit âgé de trente-huit ans & fouffrit le marryre le

jeudi de la femaine de pâques, le jour de devant les ides d'Avril, fous le confulat de Modefte & d'Arinthée:c'està-dire le douzième d'Avril l'an 372.

AN. 372.

XLIV. Reliques de s.

Les ministres de la perfecution retirerent de l'eau le corps du martyr, & le laifferent fans fepulcre. Mais ni les bêtes, ni les oiseaux n'y toucherent: les fideles le Sabas. garderent; & Junius Soranus duc de Scythie,c'est-à-dire, commandant des troupes qui gardoient cette frontiere pour l'empereur, fit aporter ces reliques fur les terres des Romains. Puis voulant gratifier fa patrie, qui étoit la Cappadoce, il les y envoïa du consentement des prêtres. Les reliques furent accompagnées d'une lettre de l'églife de Gothie à l'églife de Cappadoce, & à tous les chrétiens de l'églife univerfelle. Cette lettre contient la relation du martyre de S. Sabas, & finit ainfi : C'est pourquoi offrant le faint facrifice le jour que le martyr a été couronné, donnez part de cecy à nos freres, afin que le Seigneur en foit loué par toute l'églife catholique & apoftolique. Saluez tous les faints. Ceux qui font perfecutez avec nous vous falüent. On croit avec raifon que ce duc de Scythie eft celuy à qui S. Bafile écrivit une E241.105 lettre, à la fin de laquelle il dit : Vous ferez bien d'envoïer des reliques des martyrs à votre patrie: s'il est vrai, comme vous me l'avez mandé, que la perfecution qui regne en vos quartiers faffe encore à prefent des martyrs. On croit auffi que la lettre de l'églife de Gothie à celle de Cappadoce qui accompagna les reliques de faint Sabas, fut dreffée par S. Aschole évêque de Thessalonique capitale de la Macedoine : car nous avons deux lettres de S. Bafile à S. Afchole fur ce fujet, dont la premiere. semble être la réponse à la lettre de l'églife de Gothie. Il le remercie des reliques qu'il luy evoïe d'un nouveau martyr, d'un païs barbare voifin des Romains,

E.

Ep. 338.339.

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