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Carm. t. 9.

voulut user contre lui. Anthime vint enfuite à Nazianze voir l'ancien Gregoire, & fit tout ses efforts pour obliger le fils à le reconnoître comme fon metropolitain, luy promettant de le laiffer paifible dans fon fiege. S. Gregoire ne put fouffrir cette propofition, & Anthime fe retira en colere. Enfuite il luy adreffa une lettre pour l'appeller en forme à son concile, comme évêque de fa province. S. Gregoire la prit à injure; & Anthime le pria de porter au moins S. Bafile à quelque accommodement. Mais S. Bafile ne fut pas content que fon ami fût entré dans cette negociation. Toutes ces diffi- Carm.8. cultez acheverent de dégoûter S. Gregoire de cet évê- Vita Grog. f. 15 ché : & fans y avoir jamais fait aucune fonction, il s'enfuit, se retira en solitude, & s'appliqua à fervir & à instruire les malades d'un hôpital.

A.

LI.

sGregoire guavec fon pere. Carm.p.3 9.

verne Nazianze

Le S. vieillard Gregoire ne laiffa pas long-tems fon fils dans cette retraite. Il le preffa d'abord d'aller gouverner fon église de Safime : mais le trouvant inflexible fur ce point, il luy propofa de gouverner avec luy l'églife de Nazianze pour le foulager dans fon extrême vieilleffe ; & le preffa avec tant de force & de tendresse, qu'il ne put refifter. Mais il ne prétendit point s'engager par-là à gouverner aprés fa mort, n'y étant lié ni par promeffe ni par élection canonique. En cette occa- cr.8. fron il prononça un discours : où adreffant la parole à fon pere, il dit: J'admire cette antique magnanimité qui vous a mis au deffus d'un fcrupule qui conviendroit à notre tems. Vous ne craignez point que l'on prenne les motifs fpirituels pour un pretexte, & que l'on nous foupçonne d'agir ici felon la chair: puifque la plûpart regardent le gouvernement des moindres troupeaux comme quelque chofe de grand, & comme une espece de roïaume. Il déclare enfuite qu'il ne s'engage qu'à

P.14. D.

Baf. ep.33 259.

Sup. n. 16.

Carm. 4.

106.

foulager fon pere, apres quoi il prétend fuivre librement les mouvemens du S. Efprit: fans que perfonne puiffe lui faire violence. Car, dit-il, il n'eft point de nôtre loi d'ufer de contrainte; tout y eft libre: nous ne fommes pas des magiftrats, mais des precepteurs, le mystere de la religion doit eftre receu volontairement, & non pas impolé avec empire.

Pendant que S. Gregoire gouvernoit avec fon pere l'églife de Nazianze, Hellenius fon ami avoit dans la même ville l'intendance des tributs. S. Gregoire lui recommanda dix ou douze moines, les mêmes dont il a déja été parlé, dont les principaux étoient Cledone, Eulale, Helladius & Cartere. Hellenius lui promit d'en avoir foin, & pour récompenfe lui demanda quelque ouvrage de fa façon. S. Gregoire lui envoïa le lendemain une élegie de trois cens foixante-huit vers, où il releve particulierement la vie monaftique, & ceux qui la pratiquoient à Nazianze. Il dit qu'il y en avoit qui fe chargeoient de chaînes de fer pour matter leurs corps: qui s'enfermoient dans des loges, & ne fe montroient à perfonne : qui demeuroient vingt jours & vingt nuits fans manger : pratiquant fouvent la moitié du jeûne de J. C. un autre s'abftenoit entierement de parler, ne loüant Dieu que de l'efprit : un autre paffoit les années entieres dans une églife, les mains étenduës, fans dormir comme une ftatuë animée. Ces merveilles feroient incroïables fur un témoignage de moindre autorité; & nous en verrons dans la fuite d'autres exemples. Saint Gregoire remarque avec indignation que plufieurs moïnes blâmoient ceux-là comme homicides d'eux-mémes. Il s'étend enfuite fur les louanges des vierges, dont il dit que les unes vivoient en communauté, les autres. chez leur parens. Il fevante que fa ville de Nazianze,

toute petite qu'elle eft, contient un grand nombre de perfonnes pieuses.

LII. Mort de faint Gregoire le

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Greg. Naz.on

Le S. vieillard Gregoire mourut enfin âgé de prés de cent ans, dont il en avoit paffé quarante-cinq dans l'épifcopat. Pendant fa derniere maladie, qui fut lon- pere. gue & fàcheufe, il ne trouvoit point de remede plus feur 19.313. à fes maux, que de celebrer le faint facrifice. Il laiffa tous fes biens aux pauvres, & fut enterré dans le fepulcre qu'il avoit préparé pour lui & pour fon fils. Celui-ci fit fon oraifon funebre en prefence de S. Bafile, qui étoit venu le vifiter en cette occafion; & en prefence de fa mere fainte Nonne, qui n'étoit pas moins agée que le pere, & mourut peu de tems aprés. Il y marque l'affliction du peuple pour la perte de ce faint pafteur, & témoigne eftre perfuadé qu'il prie pour eux plus efficacement que durant fa vie mortelle. Il décrit l'églife qu'il avoit fait bâtir à Nazianze prefque toute à fes dépens. Elle étoit plus grande & plus belle que la plupart des autres de figure octogone, à faces égales ornées de galeries, de colomnes & de lambris, avec des fcultures au naturel. Elle etoit fort éclairée: environnée au dehors de galeries, qui formant des angles égaux enfermoient un grand efpace, avec des portaux & des veftibules qui paroiffoient de loin; le tout bâti de pierres quarrées, avec du marbre aux bases, aux chapiteaux & aux corniches. On croit que S. Gregoire le pere mourut l'an 373. l'église honore fa memoire le premier jour Pagian. 154. n. de Janvier, & celle de fainte Nonne le neuviéme d'Aouft.

:

Le fils ne put fe retirer auffi-tôt qu'il avoit efperé. Ses meilleurs amis lui reprefenterent les efforts des heretiques pour s'emparer de cette églife; & lui perfuaderent de la gouverner encore quelques tems: non comme

8.

P. 28. C.

313. C.

Martyr

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Id.ep. 222

Er.225.

évêque titulaire, mais comme un évêque étranger, qui prenoit foin d'une églife vacante, ce qui étoit alors affés 99 ordinaire. Car il protefta toûjours qu'il n'avoit jamais Id. ep. 65.8.4. été évêque de Nazianze, mais feulement de Safine; & dès les funerailles de fon pere, il déclara aux évêques qui y affiftoient, qu'il n'en prendroit foin qu'en attendant qu'ils y euffent mis un pafteur, comme il les en fupplioit.Sa fanté étoit dès lors trés-mauvaise. On rapporte à ce même tems où il gouvernoit ainfi l'églife de Ej. 12. Nazianze aprés la mort de fon pere, le difcours prononcé en presence de Julien fon ancien ami, qui avoit alors la charge de regler à Nazianze l'impofition des tributs. Il lui recommande les pauvres, le clergé, les philosophes, c'est-à-dire, les moines. Aucun lien, dit-il, ne les attache ici bas, ils poffedent à peine leurs corps. Ils n'ont rien pour Cefar, tout eft pour Dieu, les hymnes, les prieres, les veilles, les larmes ; leurs biens font B. ep.304 hors d'ateinte. Julien l'avoit invité à venir luy aider à Cenfi. regler l'impofition: mais une maladie l'en empêcha.

Orat. 9. p. 12.

Greg. ep. 108.

Nous avons auf une lettre de S. Bafile, par laquelle il prie un officier d'exempter les moines des charges publiques: comme n'aïant plus ni leurs biens qu'ils ont donnez aux pauvres, ni leurs corps, parce qu'ils les confument par la penitence. On voit par-là que les clercs & les moines n'étoient pas exempts des charges publiques fous ce regne. En effet nous avons une loy de Valens, qui veut que l'on foûmette aux charges des Goth.fr villes les clercs qui y étoient fujets par leur naiffance, & du nombre de ceux que l'on nommoit Curiales : à moins qu'ils n'euffent été dix ans dans le clergé. Cette 11. de deck-loy eft de l'an 370. adreffée à Modefte préfet du préPagi an. 375.n. toire; & par une autre loy que l'on croit du même tems, il ordonne la même chofe pour les moines.

L.9 C Th. de epifc. is sti

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10.

C. Th

S. Gregoire ne demeura pas long-tems à Nazianze aprés la mort de fon pere & de fa mere; & preffé de fes continuelles infirmitez, il ne fit point de difficulté de laisser cette église à laquelle il n'étoit point attaché. Il efperoit même par-là preffer les évêques de donner un pasteur à Nazianze, comme il les en avoit fouvent priez. Il quitta tout d'un coup, fe retira à Seleucie en Îsaurie,où sainteThecle étoit particulierement honorée, & où il y avoit un monaftere de filles apparemment accompagné d'un pour les hommes. Il y demeura affés long-tems; & comme on l'accufoit de pareffe ou de mépris pour l'église de 'Nazianze, il répondit : qu'il n'é- Epift. 22. toit pas affez mal inftruit, pour preferer un peu de repos aux récompenfes que Dieu prepare à ceux qui travaillent felon les ordres.

L

LIVRE DIX-SEPTIE ME,

à

Es évêques d'Orient réfolurent d'écrire encore aux évêques d'Occident pour implorer leur fecours. S. Bafile excité par S. Eufebe de Samofate en écrivit S. Melece, & luy dit: Ce qui me paroît le plus important à écrire aux Qccidentaux, & qui n'a point encore été traité : c'est de les exhorter à ne pas recevoir fans examen à leur communion ceux qui viennent d'Orient: mais de prendre une fois un parti, & ne recevoir les autres, que fur le témoignage de ceux à qui ils ont accordé leur communion. Et qu'ils ne s'arrêtent pas aux formules de foy; autrement ils fe trouveront en communion avec les partis oppofez, qui emploïent fouvent les mêmes paroles, bien que trés-éloignez de fentimens. La lettre fut dreffée & portée par le prêtre

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