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Sup. l.xvI. n.

id. ep 74.

mencement, dit S. Epiphane, quand quelques-uns de AN. 376. fes difciples nous tenoient ce langage, nous ne croions pas qu'il pût venir d'un fi grand homme : & nous difions que ne comprenant pas la profondeur de fa doctrine, ils inventoient des dogmes qu'il ne leur avoit pas enfeignez. Ainfi le concile d'Antioche & la lettre de S. Athanafe à Epictete, que S. Epiphane raporte enfuite, condamnerent ces erreurs fans parler d'Apollinaire. Mais Bafil ep.29;. en ce même tems-ci, c'est-à-dire, vers l'an 375, & 376, elles éclaterent de telle forte, qu'il n'y eut plus moïen de les fouffrir.. Les évêques Egyptiens exilez en Palestine pour la foi, s'oppoferent vigoureufement à lui: & S. Bafile leur en écrivic, leur expliquant fes erreurs, & les précautionnant auffi contre celles de Marcel d'Ancyre, que Paulin d'Antioche étoit accusé de favorifer.auth Les fectateurs d'Apollinaire allerent jufqu'à fe feparer, & il leur donna à Antioche un évêque particulier. C'étoit Vital prêtre de la communion de S. Melece, illuftre par la pureté de fes mœurs, & trés appliqué à Sozom. vs r. 25. la conduite du peuple qui étoit fous fa charge: ce qui lui avoit attiré une grande autorité. On dit qu'il crut que le prêtre Flavien le méprifoit & l'empêchoit d'approcher de Melece leur évêque à l'ordinaire. Quoiqu'il en foit, il se separa, & fe fit chef d'un quatrième parti à Antioche, Car il y en avoit toûjours deux de catholiques, celui de Melece & celui de Paulin; & d'ailleurs celui des Ariens subsistoit toûjours. Euzoïus qui en étoit le chef mourut en ce tems; à fa place, ils reconnurent pour leur évêque Dorothée, que d'autres nomment Secr.iv.c. 35. Theodore. Ce fut fous le confulat de Valens & de Valentinien le jeune, c'est-à-dire, l'an 376. Vital & Apol- 7 body.kift. c. linaire même prétendoient toûjours eftre catholiques,"

& fe vantoient d'avoir la communion de S. Damafe. Ils

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AN. 376.

prenoient grand foin de cacher leur doctrine à ceux qui n'étoient pas de leur parti, & affectoient de leur parler Cled. p. 8. 4. le langage de l'églife. S. Epiphane raporte qu'il y fut 20. 22. 23, trompé lui même.

Greg. Naz.ad

Harel. 77. n.

Etant à Antioche, dit-il, je conferai avec leur chefs, entre lefquels étoit l'évêque Vital. Il étoit divifé de Paulin, quoique tous deux paruffent enfeigner la foi orthodoxe, mais chacun avoit fon pretexte de divifion. Vital accufoit Paulin deSabellianifme: c'est pourquoi je m'abftins de communiquer entierement avec Paulin,jufques à ce qu'il m'eût donné fa confeffion de foi, dont il avoit Sup. l. xv1.n.7 l'original écrit de la main de notre bien heureux

:

pere Athanafe. Ceux du parti de Paulin accusoient Vital, de dire que J. C. n'a pas été homme parfait. Vital répondit auffi-tôt Nous confeffons que J. C. a pris l'homme parfait. Les affiftans furent furpris & remplis de joïe. Pour moi connoiffant leurs propofitions artificieuses, je le preffai de dire s'il confefloit que J. C. eût pris une chair naturelle? Il dit qu'oüi. De la Vierge Marie, fans participation de l'homme, par l'operation du S. Efprit ? Il en convint auffi. Donc le Verbe Dieu fils de Dieu eft venu prendre de la vierge la chair naturelle ? Il l'accorda d'un air ferieux. J'en eus bien de la joïe: car on m'étoit venu dire en Chipre qu'il foûtenoit le contraire. Je lui demandai encore fi le verbe avoit auffi pris une ame. Il en convint avec la même gravité, difant qu'on ne pouvoit dire autrement. Aprés l'avoir interrogé fur l'ame & fur la chair, enfin je lui demandai fi J.C. avoit un entendement ? Il le nia auffi-tôt. Je lui dis: Comment donc dites-vous qu'il a été homme parfait ? Alors il découvrit le fonds de fa pensée en ces termes: Nous difons qu'il eft homme parfait, en mettant la divinité pour entendement avec la chair & l'ame. La difpute

pure dura encore quelque tems, mais fans fruit; & S. Epiphane fe retira sensiblement affligé de voir des hommes de ce merite dans une telle erreur.

XXVI.

Herefies rou

n. 16. har. 78.

Desfectateurs d'Apollinaire vinrent les Antidicomarianites, c'est-à-dire les adverfaires de Marie, qui di- chant la fainte foient qu'elle n'étoit pas demeurée vierge, & qu'aprés Epiph. her. 27. la naiffance de J. C. elle avoit eu des enfans de S. Joseph. S. Epiphane aïant appris que cette erreur avoit cours en Arabie, écrivit une grande lettre pour la refuter, adresfée à tous les fideles de cette province, depuis les évêques jufques aux laïques, & même aux catecumenes. lly raporte plufieurs traditions touchant S. Joseph, que l'on croit avoir été tirées de quelques livres apocryphes: mais il répond folidement aux objections que les heretiques pretendoient tirer de l'écriture,contre la perpetuelle virginité de Marie. Il y eut dans le même tems & dans le même païs une erreur toute oposée, qui faifoit regarder la fainte Vierge comme une espece de divinité. On nomma ceux de cette fecte Collyridiens, par ce que le culte qu'ils rendoient à la Vierge, confiftoit principalement à lui offrir des gâteaux nommez en grec Collyrides. Cette fuperftition étoit venuë de la Thrace & de la haute Scythie, & avoit paffé jufques en Arabie; il n'y avoit guere de femmes qui n'en fuffent infatuées. Elle ornoient un chariot avec un fiege quarré, qu'elles couvroient d'un linge; & en un certain tems de l'année pendant quelques jours, elles prefentoient un pain & l'offroient au nom de Marie; puis elles en prenoient toutes leur part. S. Epiphane combat cette fuperftition, en montrant, que jamais dans la vraïe religion les femmes n'ont eu part au facerdoce. Que ce culte eft une idolâtrie, puis qu'il n'a pour objet que Marie, qui toute parfaite qu'elle eft, n'eft qu'une créature fimple,

Tom: V

Rr

Id, har. 79.

XXVII.

née d'Anne & de Joachim, felon le cours ordinaire de la nature. S. Epiphane dans cette herefie, & la precedente, rapporte quelques traditions, touchant les parens & la naiffance de la fainte Vierge. Il conclud qu'elle doit estre honorée, mais que Dieu feul doit estre adoré.

S. Epiphane fut toûjours attaché à la communion de Commence Paulin, dont il fut le principal appui en Orient. Il étoit phane. alors âgé pour le moins de foixante ans. Le lieu de fa S3 naiffance fut Befanduc bourgade de Palestine, dans le

mens de S. Epi

n. 17.

territoire d'Eleutherople. Des fa jeunesse il embrassa la vie monaftique, dans laquelle il fut inftruit par d'excellens maîtres, & frequenta entre-autres S. Hilarion. Il demeura prés du lieu de sa naissance, & passa aussi beaucoup de tems en Egypte pour s'inftruire: enforte qu'il devint tres-célebre pour la difcipline monaftique Ephiph, har 26 en Egypte & en Palestine. Etant en Egypte & encore jeune, il converfa avec des Gnoftiques, & aprit de leur propre bouche leurs mysteres infames. Il y eut de leurs femmes qui le tenterent; & n'aïant pu le corrompre, elles difoient en leur ftile: Nous n'avons pu fauver ce jeune homme. Il en fut prefervé par une grace particuliere, & même il le découvrit aux évêques des lieux, qui en firent bannir environ quatre-vingts. Aprés avoir gouverné quelque tems un monaftere qu'il avoit fondé en fon païs, il fut ordonné malgré lui fous ce regne de Valens, évêque de la metropole de l'Ifle de Chipre nommée auparavant Salamine & alors Conftantia; & comme c'étoit une ville maritime & de grand abord, fon application même aux affaires temporelles fit éclater fa vertu, & le rendit ́en peu de tems celebre par tout le monde. En l'année 374. il compofa son Ancorat à la priere de quelques preftres & de quelques vertueux

Ep. init. hares.

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laïques de l'églife de Suedre en Pamphylie: qui le prierent de leur expliquer la foi de l'églife fur la Trinité, particulierement fur l'article du S. Efprit. Il nomma ce difcours Ancorat, en grec Ancyrotos: comme un ancre Acor. init. propre à affermir l'efprit agité de doutes. Il y traite amplement le myftere de la Trinité, & celui de l'Incarnation contre les nouvelles herefies, & même quelques. digreffions; entre-autres un abregé de cronologie, depuis le commencement du monde jufques à fon tems qui finit ainfi : Cette année eft la quatre-vingt-dixiéme depuis Diocletien, la dixiéme de Valentinien, & de Valens, la fixiéme de Gratien, fous le confulat de Gratien pour la troifiéme fois & d'Equitius indiction feconde: qui font les caracteres de l'an 374.

Deux ans aprés, il commença fon grand ouvrage contre les herefies, à la priere d'Acace & de Paul prêtres & Archimandrites, c'eft à-dire fuperieurs des monasteres de Carchedone & de Berée en Syrie : dont la lettre est dattée de l'an 92. de Diocletien, douziéme de Valentinien & Valens, & huitiéme de Gratien, c'està-dire l'an 375. S. Epiphane intitula cet ouvrage Panarion, qui fignifie, comme il dit lui-même, un cofret plein de medicamens & de remedes contre divers poifons. Il y compte jusques à quatre-vingt heresies, dont il fait l'hiftoire, & les refute chacune en particulier, finissant aux Meffaliens. A la fin il met une expofition de dogmes de l'église catholique, & une description des principaux points de fa difcipline, qui merite d'eftre raportée en cette hiftoire.

Ancor. n. 60.

XXVIII.

l'églife.

Premierement, dit-il, la virginité eft gardée par plu- Difcipline de fieurs perfonnes, & honorée : enfuite le celibat, la continence, la viduité : puis le mariage, principalement s'il eft unique. Toute fois il eft permis à un homme de

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