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étoiles fatales, & que nôtre corps dépendoit des douze fignes du Zodiaque, attribuant le belier à la tête, le taureau au cou, les jumeaux aux épaules, & ainfi du refte, fuivant les rêveries des astrologues. Ils ne confesfoient la Trinité que de parole; difant avec Sabellius que le Pere, le Fils & le S. Efprit étoient les même, fans aucune distinction réelle de perfonnes. Ils differoient des Manichéens, en ce qu'ils ne rejettoient pas ouvertement l'ancien teftament; mais ce n'étoit qu'artifice, car ils expliquoient tout par des allegories & joignoient aux livres canoniques beaucoup d'écritures apocriphes. Ils s'abstenoient de manger de la chair comme immonde ; & en haine de la generation feparoient les mariages, malgré la partie qui n'étoit pas de leur opinion; difant en general, que la chair n'étoit pas l'ouvrage de Dieu, mais des mauvais anges, Ils s'affembloient de nuit, hommes & femmes, prioient nuds, & commettoient beaucoup d'impuretez, qu'ils couvroient d'un secret profond; car ils avoient pour maxime de tout nier quand ils étoient preffez, ce qu'ils exprimoient par un Leo. ep. 15. al. 93. vers latin, qui fignifie : Jure parjure-toi, ne trahis le ad Turib. c. 4.14. fecret. Ils jeûnoient le dimanche, le jour de Pâque & le jour de Noël & fe retiroient ces jours-là pour ne pas fe trouver à l'églife; tout cela, parce qu'en haine de la chair, ils croïoient, que J. C. n'étoit né ni reffufcité qu'en apparence. Ils recevoient dans l'église l'euchariftie comme les autres, mais ne la confommoient pas.

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Idace évêque de Merida attaqua avec tant de chaleur Inftantius & les autres Prifcillianiftes, que loin de les ramener, il ne fit que les aigrir; au contraire Hygin de Cordoue, qui les avoit pourfuivis le premier, fe laiffa honteufement corrompre, & le reçût à fa communion. Enfin aprés plusieurs difputes, il fe tint un concile à Sarragoce,

AN. 380.

Sarragoce, où les évêques d'Aquitaine fe trouverent
avec ceux d'Espagne. Nous avons un fragment de ce
concile, qui femble en être la conclufion, datté du
quatrième d'Octobre de l'Ere 418. c'est à dire l'an 386.
Douze évêques y font nommez, entr'autres Fitade, que
l'on croit être faint Phebade d'Agen: enfuite faint Del-
phin de Bordeaux: Ithace évêque de Sofsube ville d'Ef-
pagne, que l'on ne connoît plus, & Idace de Merida.
Ce fragment contient huit canons, qui défendent de
jeûner le dimanche par superstition, & de s'absenter des Can. 21
églifes pendant le carême, pour fe retirer dans les mon-
tagnes ou dans des chambres, ou pour s'affembler dans
des maisons de campagne. On défend auffi de s'abfen-
ter pendant les vingt-un jours, qui font depuis le dix- Can: 4.
septiéme de Decembre jusques au fixiéme de Janvier,
c'eft à dire depuis huit jours avant Noël jufques à l'Epi--
phanie: ce qui montre que deflors il y avoit au moins
une femaine pour fe préparer à la fête de Noël. On
condamne celui qui fera convaincur de n'avoir pas con- Can. 37
fumé l'euchariftie, qu'il aura reçûë dans l'églife : les
femmes qui s'affemblent avec des hommes étrangers, Can. 1.
fous prétexte de doctrine, ou qui tiennent elles-mêmes
des affemblées, pour inftruire d'autres femmes: ceux qui
s'attribuent le nom de docteurs fans autorité legitime.
Ceux que les évêques auront feparez de l'églife, ne doi- .7.
vent point être reçus par d'autres évêques. On défend
aux clercs de quitter leur miniftere, fous prétexte de ..
pratiquer une plus grande perfection dans la vie mona-
ftique: enfin on défend de voiler les vierges qu'à l'âge
de quarante ans, & par l'autorité de l'évêque; c'eft la
premiere fois que nous trouvons qu'il foit parlé de vie
monaftique en Efpagné: voila ce qui nous reste du con- „s,
cile de Sarragoce..

Tome IV..

Bbb.

c. 5.

Sulpic. ibid.

Mais il eft certain d'ailleurs que les heretiques n'ayant AN. 380. ofé s'expofer au jugement du concile, furent condamnez en leur absence favoir les évêques Inftantius & Salvien: Et Elpidius & Prifcillien laïques. Ithafe de Soffube fut chargé de publier le decret des évêques, & particulierement d'excommunier Hygin de Cordouë, qui avoit reçû les heretiques aprés les avoir dénoncez le premier. Inftantius & Salvien loin de fe foûmettre au jugement du concile, voulurent fortifier leur parti, en donnant le titre d'évêque à Prifcillien. Ils l'ordonnerent donc évêque de Labine ou Labile, que l'on croit être Avila, comprise alors dans la Galice.

Hier. a&
Clefiph c.

Profper. Chr. an.

380.

LV III.

& d'Ithace.

Cependant Idace & Ithace croïant pouvoir arrêter le mal dans fa fource, pouffoient vivement les heretiques, & par un mauvais confeil, dit Severe Sulpice, ils pourfuites d'Idace s'adrefferent aux juges fecúliers, pour les faire chaffer Sever. Sulp. ibid. des villes. Aprés plufieurs pourfuites honteuses, l'empereur Gratien, à la follicitation d'Idace, donna un refcrit par lequel il étoit ordonné, que tous les heretiques feroient chaffez, non-feulement des églifes & des villes, mais de tous les pays. Les Prifcillianiftes épouvantez par cet édit, n'oferent se défendre en justice; ceux qui portoient le titre d'évêques, cederent d'euxmêmes, les autres fe difpenferent. Inftantius, Salvien & Prifcillien allerent à Rome pour fe juftifier devant le pape Damafe. En paffant par l'Aquitaine, ils furent reçûs magnifiquement par quelques ignorans, & y semerent leurs erreurs ; principalement dans le territoire d'Elufe ou Eause, dont le fiege a depuis été réüni à celui d'Auch; ils corrompirent par leurs mauvaises instructions ce peuple, qui étoit bon de lui-même & affectionné à la religion. S. Delphin les empêcha de s'arrêter à Bordeaux ; mais ils demeurerent quelque tems dans la terre

A N. 380.,

d'une femme nommée Euchrocia veuve de Delphidius orateur & poëte fameux. Prifcillien & les fiens continuerent enfuite leur chemin vers Rome, menant avec Profper. Chr. and eux leurs femmes & quelques femmes étrangeres; en- 386. tre-autres Euchrocia & fa fille Procula, que l'on accufoit de s'être fait avorter, étant devenuë groffe de Priscillien. Quand ils furent arrivez à Rome, le pape S.Damase, loin de recevoir leur juftification, ne voulut pas même les voir. Salvien mourut à Rome : Inftantius & Prifcillien revinrent à Milan, où faint Ambroise ne leur moins contraire.

fut

pas

Se voyant rejettez par les deux évêques, dont l'autorité étoit alors la plus grande, ils changerent de conduite, & se tournerent du côté de l'empereur Gratien. A force de follicitations & de prefens, ils gagnerent Macedonius maître des offices, & obtinrent un refcrit, qui caffoit celui qu'Idace avoit obtenu contre eux, & ordonnoit de les rétablir dans leurs églises. Inftantius & Priscillien appuyez de ce refcrit, revinrent en Espagne & rentrerent dans leurs fieges, fans oppofition. Ce n'est pas que pas que le courage manquât à Ithace, mais la force; car les Prifcillianiftes avoient auffi corrompu le proconful Volventius. Ainfi ils poursuivirent Ithace lui-même, comme perturbateur des églifes, & voyant contre lui une condamnation rigoureuse, il s'enfuit épouvanté dans les Gaules, & s'adreffa à Gregoire prefet du pretoire. Gregoire inftruit de ce qui s'étoit paffé, ordonna qu'on lui amenât les auteurs des troubles, & informa l'empereur de tout, afin qu'il fermât la porte aux follicitations des heretiques. Mais ce fut en vain; car l'avarice de quelques perfonnes puiffantes rendoit toutes choses venales en cette cour. Les heretiques donc, par leurs artifices & par une grande fomme qu'ils don

nerent à Macedonius, obtinrent que l'empereur ôtât la connoiffance de cette affaire au préfet des Gaules, & la renvoya au vicaire d'Efpagne; car il n'y avoit plus de proconful. Macedonius envoya des officiers pour prendre Ithace, qui étoit alors à Treves, & le ramener en Efpagne; mais il s'en garentit premierement par adreffe, enfuite par la protection de Britannius, ou Briton évêque de Treves: c'est ce qui fe paffa en cette affaire fous Ifid. Hifp. de vir. le regne de Gratien. Idace écrivit un livre en forme d'apologie, où il expliquoit les dogmes & les artifices des Prifcillianiftes, & l'origine de leur fecte. Il paffoit pour éloquent, & fut furnommé Clarus, c'est à dire illuftre.

ill. 6. 2.

LIX.

Maxime le Cyni

que. Greg. Naz. Carm. p. 12. D. Orat.13 p.411.A. p. 419 C. Theod. v. c. 8.

419. D.

Les travaux de faint Gregoire de Nazianze à C. P. Ordination de furent troublez par l'ordination irreguliere de Maxime le Cynique. C'étoit un Egyptien né à Alexandrie, d'une famille où il y avoit eu des martyrs. Bien qu'il fût Chrétien, il il ne laiffoit pas de faire profeffion de la philofoGregor. 23. p. phie Cynique, dont il portoit l'habit, le bâton, & les grands cheveux. Il avoit ainfi couru en divers pays, & avoit été plufieurs fois repris de juftice. A Corinthe, il vêcut feul quelque temps avec des filles, qu'il prétendoit exercer à la pieté : il fut fouetté publiquement en Egypte, & relegué pour des infamies dans le defert d'Oafis, où il demeura quatre ans ; on l'accufoit de fuivre l'herefie d'Apollinaire. Il vint enfin à Conftantinople, & fçut si bien feindre, qu'il imposa d'abord à faint Gregoire. Il se vantoit d'avoir quitté pour le fervice de Dieu la confolation de vivre avec fa mere & fes fœurs, qu'il qualifioit vierges. Il fe faifoit honneur des coups de fouet qu'il avoit foufferts, & de fon exil, comme fi c'eût été pour la religion. Ainfi faint Gregoire le reçut comme un confeffeur capable d'honorer fon petit troupeau; car il ne

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