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d'un commun confentement de tout le concile. On a AN. 381. remarqué les deux Gregoires en particulier, c'est-à-dire,

celui de Nazianze & celui de Nyffe, comme ayant Domnus ap. Faconcouru à cette élection avec Diodore de Tarfe, cand lib. v111.c.5. L'empereur Theodofe envoya des députez de fa cour Bonif. ep. ad.epife. avec des évêques, pour demander au pape fa lettre for- conc. p. 1708. D. mée en confirmation de l'élection de Nectaire.

en

Nectaire apprit les fonctions épifcopales de Cyriaque évêque d'Adane en Cilicie ; car il pria Diodore fon métropolitain, de trouver bon qu'il demeurât quelque tems avec lui. Il retint plufieurs autres Ciliciens tre-autre Martyrius fon medecin, confident des defordre de fa jeuneffe. Nectaire vouloit l'ordonner diacre, mais Martyrius ne le fouffrit pas, affurant qu'il en étoit indigne, & prenant Nectaire lui-même à témoin du déreglement de fa vie paffée. Et moi, dit Nectaire, qui fuis à prefent évêque, n'ai-je pas mené une vie encore plus defordonnée que la vôtre, & ne m'avez-vous pas fouvent fervi dans mes débauches ? Mais répondit Martyrius, vous venez d'être purifié par le baptême, & vous avez reçû par-deffus la grace du facerdoce; en forte que je ne trouve point de difference entre vous & les enfans nouveaux nez: moi au contraire, j'ai reçû le baptême il y a long-tems, & j'ai continué de vivre comme auparavant. Ainfi il demeura ferme à refufer l'ordination.

Maced. tom. 4.

Sozom. vII. a

VI. Symbole de C. P,

S. Melece avoit d'abord préfidé au concile de C. P. Aprés fa mort, ce fut S. Gregoire de Nazianze; aprés la ceffion de S. Gregoire, Timothée d'Alexandrie, & enfin Nectaire. Il eft difficile de marquer en quel tems précis, & fous quel president se pafferent les actions du concile; mais il eft certain que l'on y fit un decret furla foi, & quelques canons de difcipline. L'empereur sup.1. 50

Tome IV.

Eee

Socr. v. c. S.

Soz. VII.C. 7,

Theodofe avoit efperé de réunir les Macedoniens à l'églife catholique, & dans cette vûë il avoit admis leurs évêques au concile jufques au nombre de trente-fix, dont Eleufius de Cyzique étoit le chef. L'empereur & les évêques catholiques, leur reprefenterent qu'ils Sup. I. XVI. 17. avoient envoyé au pape Libere une députation conduite par Euftathe de Sebaste, & que depuis peu, ils avoient volontairement communiqué avec eux fans diftinction; qu'ainfi ils ne faifoient pas bien de vouloir renverser la foi qu'ils avoient approuvée, & quitter le bon parti qu'ils avoient pris. Mais les Macedoniens declarerent qu'ils aimeroient mieux confeffer la doctrine des Ariens, que de convenir du confubftantiel, & fe retirerent de C. P. puis ils écrivirent en chaque ville à ceux de leur parti, les exhortant à ne point confentir à la foi de Nicée. Cette féparation de Demi-ariens ou Macedoniens, arriva dés le commencement du concile, & les fit traiter comme des heretiques déclarez.

On ordonna donc, que perfonne ne pourroit rejetter le fymbole de Nicée, mais qu'il demeureroit dans fon autorité, & que l'on anathematiseroit toutes les herefies, particulierement celle des Eunomiens ou Anoméens, des Ariens ou Eudoxiens, des Demi-ariens ou ennemis du S. Efprit, des Sabelliens, des Marcelliens, des Photiniens, des Apollinariftes. En confirmant le fymbole de Nicée, on y ajoûta quelques paroles touchant le myftere de l'incarnation, à caufe des Apollinaristes & des autres nouveaux heretiques; & une explication plus ample de l'article du S. Esprit, à cause des Macedoniens. Le fymbole de Nicée difoit feulement fur l'incarnation de J. C. Il eft defcendu des cieux, s'eft incarné, & fait homme, a fouffert, eft reffufcité le troifiéme jour, eft monté aux cieux, & viendra juger

les vivans & les morts. Nous croyons auffi au S. Efprit. AN. 381. Mais le symbole de C. P. dit ainfi : Il est defcendu des cieux, & s'eft incarné par le Saint Efprit & de la Vierge Marie, & s'eft fait homme. Il a été crucifié pour nous fous Ponce Pilate : il a fouffert & a été enfeveli; & il est reffufcité le troifiéme jour, fuivant les écritures. Il est monté aux cieux : il eft affis à la droite du pere; & il viendra encore avec gloire juger les vivans & les morts; fon royaume n'aura point de fin. Le fymbole de Nicée portoit fimplement : Nous croyons auffi au S. Efprit ; & ne parloit point de l'églife. Le symbole de C. P. porte: Nous croyons auffi au S. Efprit Seigneur & vivifiant, qui procede du Pere; qui eft adoré & glorifié avec le Pere & le Fils; qui a parlé par les prophetes: Nous croyons en une feule église fainte, catholique & apoftolique; nous confeffons un baptême pour la rémiffion des pechez; nous attendons la réfurrection des morts & la vie du fiécle futur. Amen. Le refte du symbole de C. P. c'est à dire le commencement, eft entièrement conforme à celui de Nicée. C'eft ce fymbole de C. P. que nous difons à la Meffe.

VII. Canons touchant

Quant à la difcipline, le concile de C. P. défend aux évêques d'aller aux églifes qui font hors de leur diocese, la hierarchie. ny de confondre les églifes. Mais fuivant les canons, «. 2 p.947. l'évêque d'Alexandrie ne doit gouverner que l'Egypte; les évêques d'Orient ne doivent regler que l'Orient, gardant à l'église d'Antioche les privileges marquez dans les canons de Nicée. Les évêques de la Diocese d'Afie, ne Can-Nic 6, gouverneront que l'Afie; ceux de Pont, le Pont feulement; ceux de Thrace, la Thrace seule. Les évêques ne fortiront point de la Diocese, fans être appellez pour des élections, ou d'autres affaires ecclefiaftiques; mais les affaires de chaque province feront reglées par le concile

cipl. part. x.liv. L. ch.4.0.12.

de la province, fuivant les canons de Nicée. Les églifes AN. 381. qui font chez les nations barbares, feront gouvernées Can. Nic 4.5 fuivant la coutume reçuë du tems des peres. Tel eft le V.Thoma.diffecond canon du concile de C. P. J'appelle icy une diocese au feminin, ce que le grec nomme Dioicefis, qui étoit un grand gouvernement, comprenant plufieurs provinces, dont chacune avoit fa métropole. Car ce que nous appellons aujourd'huy un diocefe, c'est à dire le territoire d'une cité foumis à un feul évêque, fe nommoit alors paroicia, c'est à dire voifinage, d'où nous avons fait le mot de paroiffe; je nomme province ce que le grec nomme eparchia, & qui étoit moins que la So... 8. diocéfe. L'occafion de ce canon fut, que pendant la perfecution de Valens, quelques évêques s'étoient mêlez, même utilement, des affaires ecclefiaftiques des autres provinces, comme S. Eufebe de Samofate, qui avoit même ordonné des évêques, & l'on ne vouloit pas que ces exemples fuffent tirez à confequence. On voit dans ce canon tout le plan de l'église Orientale; premiereV. Thomaff. dif- ment les deux patriarches, comme on les a nommez decipl. part. 1. liv. puis, celui d'Alexandrie & celui d'Antioche, dont les droits étoient bien differens. L'évêque d'Alexandrie avoit le gouvernement de toutes les églifes d'Egypte Can. Nic. 6. Compris la Lybie & la Pentapole. L'évêque d'Antioche avoit feulement quelques privileges; mais le gouvernement ecclefiaftique de la diocefe d'Orient, dont Antioche étoit la capitale, eft icy attribué en general aux évêques d'Orient, entre lefquels il y avoit plusieurs métropolitains. Les premiers évêques des trois autres grandes diocefes d'Afie, de Pont & de Thrace, prirent enfuite le titre d'exarques ; celui d'Afie étoit l'évêque d'Ephese, celui de Pont, l'évêque de Cefarée en Cappadoce; celui de Thrace avoit été jusques-là l'évêque d'Heraclée : mais

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celui de Conftantinople.

AN. 381.

Au reste, en tout cecy le concile de C. P. non plus que celui de Nicée, ne prétendoit rien établir de nouveau, mais feulement confirmer les anciennes coutumes. Il les confirme auffi à l'égard des pays barbares, c'eft à dire hors l'étendue de l'empire Romain, parce qu'il faloit s'accommoder à l'état des lieux, & aux mœurs des peuples. Ainfi les Scythes voifins de l'em- So. VI. c. 2. Supl. l. xvi.m.135. bouchure du Danube, n'avoient qu'un feul évêque, apparemment parce qu'ils étoient encore errans & fans demeure fixe, & nous ne voyons auffi qu'un évêque chez les Goths. Tout l'ordre de la hierarchie ecclefiaftique étoit reglé & confirmé par une ancienne tradition. Ce canon donnant aux conciles des lieux toute autorité pour Cone. Sard.c.3.457 les affaires ecclefiaftiques, femble ôter la faculté d'appel- Sup. liv.xx1.n.39. ler au pape, accordée par le concile de Sardique, & re

venir à l'ancien droit. Il fut aussi ordonné en ce concile, Can. 3. que l'évêque de C. P. auroit la prérogative d'honneur Socr. v. č. 8. aprés l'évêque de Rome, parce que C. P. étoit la nou- Soz. vII.c.ql velle Rome. Ce canon eft le plus celebre de tout le concile; & foit que cet honneur fût nouveau pour l'évêque de C. P. foit qu'il en fût déja en poffeffion, les fuites en furent tres-importantes; & au lieu d'une fimple dignité, ce fut bien-tôt une jurisdiction fort étenduë.

VIII. Autres canona

Pour empêcher la facilité de calomnier les évêques catholiques, le concile ordonna qu'il ne feroit pas per- Can. 6, mis à toutes fortes de perfonnes indifferemment de les accufer. S'il s'agit d'un interêt particulier, & d'une plainte perfonnelle contre l'évêque, on ne regardera ny la perfonne de l'accufateur ny fa religion, parce qu'il faut faire juftice à tout le monde. Si c'eft une affaire ecclefiaftique, un évêque ne pourra être accufé, ny par un heretique ou un fchifmatique, ny par un laïque excomEee iij

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