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de s'enfuir à Anthedon, ville épifcopale entre Gaze & AN. 362. Afcalon fur la mer à vingt stades de Gaze, c'est-à-dire, à une lieuë. Cette ville n'étoit pas moins idolâtre; & comme il fut reconnu pour Chrétien , on le battit de verges cruellement, & on le chaffa. Il fe retira donc à Majume & y demeura caché. C'étoit l'arfenal de Gaze, dont Conftantin avoit fait une ville féparée, parce Sup.liv.x1 n.37. qu'elle étoit fort attachée au Chriftianifme: il luy avoit donné le droit de cité & le nom de Conftantia, ne voulant pas qu'elle fut sujette àGaze, où l'idolâtrie regnoit. Julien par la même raison ôta à Majume tous fes privileges, luy rendit fon ancien nom & la remit fous la dépendance de Gaze; ce qui fubfifta pour le gouvernement temporel. Mais pour le fpirituel, Majume cut toûjours fon évêque particulier, fon clergé, les fêtes de ses martyrs, la mémoire de ses évêques, & les bornes de fon territoire distinguées.

Une femme Chrétiene établie à Gaze, connut par revelation qu'elle devoit retirer les reliques des trois freres, Euzebe, Nestable & Zenon, & les remettre à l'autre Zenon, dont Dieu luy fit connoître par la même voïe le visage & la demeure. Elle alla donc peu de tems aprés leur martyre, les recueillir de nuit ; & les ayant mifes dans un vafe, elle les remit à Zenon, qui les conferva pour lors dans fa maison : mais étant devenu évêque de Majumé fous l'empereur Theodose, il les enterra auprés du confeffeur Neftor, sous l'au- Sez. v. c. 9. tel d'une églife qu'il bâtit. Plufieurs autres Chrétiens Sez.vbiff.c 15. s'enfuirent par les villes & les bourgades à l'occafion

de cette perfecution, & de ce nombre furent les ancêtres de l'historien Sozomene dans le même païs de Gaze. Les habitans de Gaze craignoient d'être punis Greg Nazor.3. de cette sédition; & l'on disoit déja que l'empereur ir- P. 91 D.

Tome IV.

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rité vouloit les faire decimer. Mais c'étoit un faux bruit. Julien ne leur fit pas même une reprimande par lettres, comme il fit à d'autres en des occafions femblables: Au contraire il priva de fa charge le gouverneur & l'exila, prétendant luy faire grace en luy donnant fa vie; & cela, parce qu'il avoit mis en prison les auteurs du maffacre pour en faire juftice, quoy qu'il eût auffi emprifonné un grand nombre de Chrétiens. Car, difoit julien, eft-ce une fi grande affaire, qu'une troupe de Grecs ait tué dix Galiléens.

Les payens de Gaze confervant le reffentiment de l'affront S. Hilarion avoit fait à leur dieu Marnas, que & des converfions que fes miracles avoient operées,préfenterent requête à l'empereur Julien, & obtinrent qu'il fut condamné à mort avec Hefychius fon cher disciple, fans doute à titre de magiciens ; & l'on envoïa par tout des ordres pour les chercher. S. Hilarion étoit demeuré en Egypte. Car aprés avoir vifité le dernier monaftere de S. Antoine, il revint à Aphrodite; & demeura avec deux freres feulement dans le défert voifin, pratiquant l'abftinence & le filence avec une telle ferveur, qu'il ne faifoit, disoit-il, que commencer à fervir J. C. Le pays n'avoit point eu de pluïe depuis trois ans, c'est-à-dire, depuis la mort de S. Antoine: ce qui faifoit dire au peuple que les élemens mêmes en faifoient le deuil. La renommée de S. Hilarion les attira: & ils vinrent en foule, hommes & femmes avec des vifages attenuez de famine, luy demander de la pluie comme au fucceffeur de S. Antoine. Il fut fenfiblement affligé de leur mifere; & levant les yeux & les mains au ciel, il obtint auffi-tôt ce qu'il demandoit. Mais cette terre alterée étant arrofée de la pluïe, produisit une telle multitude de ferpens & d'animaux venimeux,

qu'une infinité de perfonnes en furent piquées, & feroient mortes à l'instant, fi elles n'avoient eu recours à S. Hilarion. Il beniffoit de l'huile, dont ces laboureurs & ces paftres touchant leurs plaïes gueriffoient infailliblement.

Le Saint voyant les honeurs extrêmes qu'il recevoit en ce lieu-là, prit le chemin d'Alexandrie pour paffer dans le defert d'Oafis. Et parce que depuis qu'il avoit embrassé la vie monaftique, il n'avoit jamais demeuré dans les villes: il s'arrêta chez les moines de fa connoiffance, en un lieu nommé Bruchion. Ils le reçurent avec une joye extrême: mais le foir ils furent bien furpris d'aprendre que les difciples préparoient fon âne, & qu'il fe difpofoit à partir. Ils fe jettoient à ses pieds, & couchez devant la porte, ils protestoient de mourir plûtôt que d'être privés d'un tel hôte. Je me presse, dit-il, de partir, pour ne vous attirer rien de fàcheux: la fuite vous fera voir que je ne le fais pas fans fujer. En effet, le lendemain les habitans de Gaze avec les licteurs du préfet arriverent à ce monaftere, où ils avoient apris la veille que S. Hilarionétoit venu; & ne le trouvant point ils fe difoient l'un à l'autre : Ne nous a-t'on pas dit vray? c'eft un magicien, & il connoît l'avenir. S. Hilarion étant forti de Bruchion, entra dans l'Oasis par un defert inacceffible; & y demeura environ un an. Mais voyant que la réputation l'y avoit fuivi : il réfolut de paffer dans les illes defertes, puis qu'il ne pouvoit plus fe cacher dans l'Orient.

A Sebafte en Palestine, les païens ouvrirent le fépulchre de S. Jean-Baptiste,brûlerent fes os, & jetterent les cendres au vent. Toutefois on fauva quelque partie de les reliques. Des moines de Jerufalem étane venus Sebafte faire leurs prieres, le mêlerent parmi les impies

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AN. 362. qui ramaffoient ces os pour les brûler, & en aïant pris quelques-uns à la dérobée, ils les porterent à leur abbé nommé Philippe. Celuy-cy fe croïant indigne de garder un tel trefor,l'envoïa à S. Athanafe par Julien fon diacre, qui fut depuis évêque de Palestine. S. Athanafe enferma ces reliques, en prefence de peu de témoins, dans le creux d'une muraille au fanctuaire d'une églife: difant par efprit de prophetie que la generation suivante en profiteroit: ce qui arriva fous l'évêque Theophile de l'empereur Theodofe. Le fepulchre de S. Jean-BapHier.ep 178 tifte ne laiffa pas d'être toûjours honoré à Sebafte, comme contenant encore fes cendres.

ep. 27. c. 6.

Euf. VII. c. 18.
Philoft.v1.c. 3

Sozom, v 21.

A Peneade autrement Cefarée de Philippe étoit la ftatuë de J. C. que la femme guerie de fa perte de fang luy avoit fait ériger. On voioit d'un côté la figure d'une femme à genoux, les mains étendues comme fuppliante, vis-à-vis un homme de bout enveloppé de bonne grace d'un grand manteau tendant la main vers la femme. Les deux ftatuës étoient de bronze, pofées devant la porte de la maison de la femme, dans la ville auprés d'une fontaine,avec d'autres ftatuës qui faifoient un agreable spetacle. De la bafe de cette image de J.C. fortoit une certaine herbe inconnuë aux medecins, qui étant montée jufques à la frange de fon manteau gueriffoit toutes fortes de maladies. On n'en fçavoit point la raison, ni pour quel fujet avoit été dreffée la statuë, ni qui elle reprefentoit, parce que le tems y avoit amaffé beaucoup de terre: mais enfin on découvrit la bafe,& on y trouva une infcription, par où l'on apprit toute l'hiftoire. Julien fit abatre cette ftatue & mettre la fienne à la place. Mais la foudre tomba deffus avec tant de violence, qu'elle la coupa par le milieu du corps, luy abatit la tête & l'enfonça le vifage en deffous. Elle demeura ainfi noir

cie de la foudre, & s'y voïoit encore du tems de Sozo- AN. 362. mene foixante ans aprés. Quant à la ftatuë de J. C. les païens la traînerent dans la ville par les pieds & la briferent: mais les chrétiens la recueillirent & la mirent dans l'église, où on la gardoit encore du même tems de Sozomene. Il est vray qu'elle n'étoit vray qu'elle n'étoit que dans la diaconie ou facristie, & que l'on ne l'adoroit pas : parce, dit Philoftorge, qu'il n'est pas permis d'adorer de la bronze ou d'autre matiere: mais on la confervoit avec la bienféance convenable,pour la montrer à ceux qui venoient la voir par dévotion. Quelques particuliers conferverent foigneufement la tête ; qui s'étoit feparée du de la ftatuë comme on la traînoit.

corps

Soz. v. c.ss.

A Emese en Syrie les païens profanerent l'église Theod. 3.6. 7. nouvellement bâtie, la dédiant à Bacchus qu'ils nommoient Gynide ou Androgyne, parce qu'ils luy donnoient les deux fexes; & y placerent fon idole. Tite étoit évêque de Boftre à l'entrée de l'Arabie Petrée prés de la Palestine. Comme l'empereur l'avoit menacé de s'en prendre à luy & à fes clercs fi le peuple faifoit quelque fédition: Tite luy envoïa une requeste, par laquelle il lui reprefentoit qu'il travailloit au contraire à contenir le peuple dans fon devoir: ufant de ces paroles entre autres: Quoique les chrétiens foient en auffi grand nombre que les païens, & qu'ils foient retenus par nos exhortations, afin qu'il n'arrive aucun defordre. Julien fe fervit de ces paroles pour rendre Tite odieux au peuple de Boftre, comme s'il les accufoit d'être portez d'eux-mêmes à la fédition, & leur ordonna de le chaffer de leur ville par un édit qui com

mence ainfi.

Julien aux Boftriens: Je croïois que les chefs des Galiléens reconnoîtroient qu'ils m'ont plus d'obligation

XXI Lettre de Julien aux Boftriens.

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