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de Decembre. Fabiole étoit de l'illuftre famille Fabia. Elle avoit épousé un homme de mœurs fi déreglées, que ne le pouvant fouffrir, elle le quitta; mais fe trouvant encore jeune, elle ufa de la liberté que lui donnoient les loix civiles, & fe remaria à un autre. Aprés la mort de ce fecond mari, elle rentra en elle-même, & reconnoiffant que ce mariage avoit été contre la loi de l'évangile, elle en fit penitence publique ; & la veille de pâque elle fe prefenta à la bafilique de Latran avec les penitens, les cheveux épars, & dans le triste état des autres, tirant les larmes de l'évêque, des prêtres & de tout le peuple. Elle demeura hors de l'église, jusques à ce que l'évêque l'y rappellât, comme il l'en avoit chaffée. Enfuite elle vendit tout fon bien, & fut la premiere qui établit à Rome un hôpital de malades, où elle les fervoit de fes propres mains. Elle faifoit de grandes liberalitez aux clercs, aux moines, aux vierges ; non feulement dans Rome, mais dans toute la côte de Toscane, où il y avoit déja plufieurs monasteres. On juge avec vrai-femblance que ces liberalitez des Dames Romaines, & des autres Chrétiens riches, attiroient à Rome un grand nombre de men- L-Ụn.C.demend. dians. Et on y rapporte une conftitution de Valentinien le jeune, adreffée au prefet de Rome en 382. par laquelle il ordonne d'examiner leurs âges & leurs forces, d'affifter les invalides, & pour les valides, les donner au denonciateur, s'ils font de condition fervile, & s'ils font libres les attacher à la culture des terres. Auffi les faints ont toû- Ambr. Offic. jours été d'avis, qu'il y eût du choix dans les aumônes, pour ne pas entretenir l'oifiveté & l'avarice des vagabons; au préjudice des vrais pauvres.

val.

II. c. 26.

X XII. Lettres de Dama

S. Epiphane & Paulin d'Antioche ayant passé l'hyver à Rome, retournerent en Orient l'année fuivante 383. fe contre ApolliTome. IV.

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naire, &c.

AN. 383.

Ambr. ep. 15.&

16.

Rep. 46.

Coll. Rom.

Holft. p. 180. tom.

Ils pafferent par la Macedoine, & arriverent à Thessalonique, qui changea d'évêque cette même année. S. Afchole mourut, & les évêques de Macedoine & le clergé de Theffalonique en écrivirent à S. Ambroise: qui dans fa réponse fit l'éloge de S. Afchole, & les felicita de l'élection d'Anyfius fon disciple, qu'ils avoient Ep. Innoc. coll. mis à fa place, & à qui il écrivit auffi, l'exhortant à imiter les vertus de fon predeceffeur. Le pape S. Damafe donna à Anyfius, comme il avoit fait à S. Afchole, le pouvoir de connoître de tout ce qui fe pafferoit dans FIllyrie Orientale. Pendant que Paulin d'Antioche étoit 2.60 6. p. 864. E. à Thessalonique, S. Damase lui adressa une lettre, qui commence ainfi : Je vous avois déja écrit par mon fils Vital, que je laiffois tout à votre jugement. C'est pourquoi afin que vous ne faffiez point de difficulté de recevoir ceux qui voudront fe réunir à l'église, nous vous envoyons notre confeffion de foi; non pas tant pour vous, qui la tenez comme nous, que pour ceux qui fe joindront à vous. Donc aprés le concile de Nicée, & celui qui fut tenu à Rome par les évèques catholiques ; on a ajoûté quelque chose touchant le S. Esprit, parce que quelques-uns ont avancé depuis qu'il étoit fait par le Fils. C'eft pourquoi nous anathematisons ceux qui ne difent pas franchement, que le S. Esprit a la même puissance, & la même fubftance que le Pere & le Fils. Nous anathematifons les Sabelliens qui difent que le Pere eft le même que le Fils: Arius & Eunomius qui difent également, quoiqu'en differentes paroles que le Fils & le S. Efprit font des creatures : les Macedoniens qui viennent d'Arius fous un autre nom : Photin qui renouvellant l'herefie d'Ebion, foûtient que N. S. J. C. ne vient que de la Vierge Marie : ceux qui difent qu'il y a deux Fils; l'un avant les fiecles, l'autre aprés

Ibid. p 900.B.
Theod.v hift. c. IX.

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l'Incarnation. Ensuite il y a un anathême contre Apol- AN. 383. linaire : & un contre Marcel d'Ancyre, fans les nommer: puis un canon contre les tranflations fi frequentes deflors en Orient; puis les anathêmes continuent contre diverfes propofitions des Ariens & des Macedoniens. Le dernier défend de fe fervir du nom de dieux au pluriel, en parlant des perfonnes divines, quoique l'écriture le donne quelque fois aux anges & aux faints hommes. S. Damafe ajoûte enfuite, parlant à Paulin : C'est pourquoi fi mon fils Vital & ceux qui font avec lui veulent fe joindre à vous, ils doivent premierement foufcrire la foi de Nicée ; enfuite, parce que l'on ne peut remedier aux maux futurs, il faut déraciner l'herefie que l'on dit avoir paru depuis en Orient ; & confeffer que la fageffe même, le verbe, le Fils de Dieu a pris le corps humain, l'ame & l'entendement, c'est-à-dire Adam tout entier, tout notre vieil homme, fans peché. Car comme en confeffant qu'il a pris un corps humain, nous ne lui attribuons pas pour cela les paffions humaines: ainsi en difant qu'il a pris l'ame & l'entendement de l'homme, nous ne difons pas qu'il ait été sujet au peché, qui vient des pensées. On voit ici que l'erreur d'Apollinaire étoit clairement connue & condamnée à Rome, mais que Vital n'étoit pas encore con- Greg. Nax. 2 ad vaincu d'en être infecté, quoiqu'il en fut soupçonné : au contraire il avoit donné au pape Damase une confession de foi qui paroiffoit orthodoxe, & le pape le renvoyoit à Paulin pour s'en éclaircir.

Cledon. p.746. C.

On rapporte au même tems une lettre du pape faint Ap.Theod.v.c. 10, Damase aux Orientaux, qui commence ainfi : Quand vous rendez au fiege apoftolique l'honneur qui lui est dû, le plus grand avantage vous en revient à vousmêmes, mes trés-honorez fils. Enfuite il declare qu'il a

AN. 382. Sup. l. xvII. n.32.

XXIII.

Traité de l'Incar

condamné il y a long-tems. Timothée avec son maître Appollinaire, en presence de Pierre évêque d'Alexandrie, & qu'ils n'ont pas de fujet de demander, qu'il foit dépofé de nouveau. Il les exhorte donc à fe tenir fermes à la foi de Nicée, & à ne pas fouffrir que ceux qui leur font foûmis, écoutent de vains difcours & des questions déja refoluës.

nation de S. Am- traité du myftere de l'incarnation

broife.

Amb. c. 18.

De incarn. c. I.

8.2.1. II.

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peu

C'est à peu près le tems où S. Ambroife écrivit fon contre les mêmes erreurs. Il y fut engagé par deux cubiculaires ou valets de chambre de l'empereur Gratien qui étoient Ariens. Ils lui propoferent, comme il prêchoit, une queftion fur l'Incarnation de N. S. & promirent de se trouver le lendemain dans la bafilique Portiene, pour en attendre la folution. Le lendemain ces deux officiers fe moquant de leur promeffe, & de l'évêque & du peuple affemblé dans l'églife, monterent en chariot & fortirent de la ville pour fe promener. S. Ambroise ayant long-tems attendu, & ne pouvant plus retenir le ple, monta fur le tribunal de l'églife, & commença traiter la question, en disant: Je defire, mes freres, payer ma dette, mais je ne trouve point mes debiteurs d'hier; fi ce n'eft qu'ils croient nous troubler en nous furprenant, mais la vraie foi ne fe trouble jamais. Ils viendront peut-être, & en attendant arrêtons-nous à ces laboureurs que l'on vient de nous proposer, c'est-àdire Caïen & Abel, dont on venoit de lire l'histoire. Il en prend occafion d'entrer en matiere, & fait d'abord le dénombrement des heretiques, qui erroient fur le Fils de Dieu, entre lefquels il compte ceux qui féparoient l'ame raisonnable du myftere de l'Incarnation, c'est-àdire les Apollinariftes, que toutefois il ne nomma pas; & ajoûte que peut-être ils honorent bien la Trinité,

mais qu'ils ne favent pas diftinguer la nature humaine de la divine. La nature de Dieu eft fimple, dit-il, l'homme eft compofé d'une ame raisonnable & d'un corps; fi vous ôtez l'un des deux, vous ôtez toute la nature de l'homme. Enfuite entrant en matiere, il prouve contre 3.4. les Ariens l'éternité & la divinité du Verbe; puis il vient aux Apollinaristes, & montre la difference de la c.6. n. 49. &ci chair de J. C. & fa divinité car ils vouloient que le Verbe eût été changé en chair; puis il détruit leur autre erreur touchant l'ame raifonnable qu'ils refufoient à J. C. comme la fource du peché, & il finit là fon dif

Cours.

c. 7.

Cependant les deux valets de Chambre de l'empereur continuant leur promenade, tomberent du chariot & fe tuerent tous deux; on rapporta les corps & on les enterra. Mais S. Ambroife loin d'infulter à leur memoire, n'a fait dans fes ouvrages aucune mention de cet accident; même en redigeant par écrit le fermon qu'il avoit fait à leur occafion. C'eft ce qui compose fon traité de l'Incarnation. Mais l'empereur Gratien, qui n'avoit pas oui ce fermon, lui propofa une objection, dont les Ariens faifoient leur fort; favoir, que le Fils étant engendré ne pouvoit être de même nature que le Pere non engendré. Il ajoûta donc la réponse à cette objection, qui confifte principalement à montrer, que la diftinction d'engendré, & non engendré, ne regarde point la «. 9. n. 97. ¿er nature, mais la perfonne.

S. Gregoire de Nazianze écrivit auffi de fa retraite, contre les erreurs d'Apollinaire, qui troubloient l'églife de Nazianze. Etant revenu en Cappadoce, il fe retira dans la terre d'Arianze, qui lui venoit de fon pere; & nonobstant fes infirmitez, il y mena une vie trés-penitente, mais que le repos & la folitude lui ren

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XXIV.

Lettre de S. Gres
Cledone.

goire de Nazianze

Vita. Gr. p. 31.6.

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