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par une loi inviolable, à garder du jour de leur ordi nation la fobrieté & la continence, pour plaire à Dieu dans les facrifices qu'ils offrent tous les jours. Ceux donc qui ont peché par ignorance & reconnoiffent leur faute, demeureront dans l'ordre où ils font, à la charge d'obferver la continence à l'avenir; ceux qui voudront défendre leur erreur, feront privez de cette fonction ecclefiaftique; ce qui eft dit en general pour les évêques, les prêtres & les diacres. On n'examinoit pas affez les ordinans, principalement fur la bigamie; c'eft pourquoi le pape donne ces regles : Celui qui dés fon enfance s'eft dévoué au fervice de l'églife, doit être baptifé avant l'âge de puberté, & mis au rang des lecteurs. S'il a tenu jufques à trente ans une conduite approuvée, fe contentant d'une feule femme, qu'il l'ait épousée vierge avec la benediction du prêtre, il doit être acolyte & foudiacre. Ensuite il peut monter au degré du diaconat, s'il en eft jugé digne, aprés avoir promis la continence. Quand il y aura fervi dignement plus de cinq ans il pour ra recevoir la prêtrife. Dix ans aprés, il pourra monter à la chaire épiscopale, fi l'on eft content de fa foi & de fes mœurs. Mais celui qui dans un âge avancé defire d'entrer dans le clergé, ne l'obtiendra qu'à condition d'être mis au rang des lecteurs ou des exorciftes, auffitôt aprés fon baptême, pourvû qu'il n'ait eu qu'une femme & l'ait prife vierge. Deux ans aprés il pourra être acolyte & foudiacre pendant cinq ans ; & ainfi être élevé au diaconat; puis avec le tems à la prétrise ou à l'épifcopat, s'il est choifi par le clergé & par le peuple. C'est la premiere ordonnance ecclefiaftique où l'âge des ordinans & les interstices foient marquez fi diftinctement. On y voit que l'église ne defaprouve pas que les laïques s'offrent d'eux-mêmes pour entrer dans le clergé.Le clerc

C. 12.

11. qui aura épousé une veuve ou pris une feconde femme, eft reduit à la communion laïque. Il est défendu aux femmes d'habiter dans les maisons des clercs, finon celles que permet le concile de Nicée.

Nic. can. 3.

0. 13.

£14.

Nous fouhaitons, dit le pape, que les moines qui feront trouvez dignes, foient admis dans le clergé, à la charge que s'ils font audeffous de trente ans, ils foient promûs aux moindres ordres par tous les degrez, & qu'ils viennent dans un âge mûr au diaconat ou à la prêtrife; mais qu'on ne les faffe pas tout d'un coup fauter à l'épiscopat. Comme il n'eft point permis aux clercs de faire penitence publique, ainfi il n'eft pas permis d'admettre à l'honneur de la clericature les laïques qui ont fait penitence publique, quoique reconciliez & purifiez de leurs pechez. On ufe d'indulgence pour le paffé 15. à l'égard de ceux qui ont peché par ignorance contre ces regles, & qui font intrus dans le clergé étant penitens ou bigames; mais à la charge qu'ils demeureront dans leur rang, fans efperance d'être promûs à un ordre fuperieur. Le pape envoïant ces décisions à l'évêque Himerius, l'exhorte à en donner part à tous les évêques, non-feulement de fa province de Tarragone, mais de celle de Carthagene, de la Betique, de la Lufitannie & de la Galice, & des autres provinces de fon yoifinage; ce qui s'entendoit dans la Gaule Narbonnoise.

XXXVI. Retonr de S. Je

ad Paul.

Aprés la mort du pape S. Damase, S. Jerôme ne derôme en Paleftine. meura pas long-tems à Rome. La reputation de sa doc, Pref. in Didym. trine avoit excité la jaloufie de plufieurs du clergé ; & fa liberté à reprendre leurs vices, avoit attiré leur haine. Pendant ce féjour de Rome, il écrivit un petit traité, de la maniere de garder la virginité, adreffé à Hier. epift. ad la vierge Euftochium, fille de fainte Paule; où il l'avertit de fuir les hypocrites de l'un & de l'autre fexe; &

Euft. c. 22. c. 12.

parlant

parlant des clercs en particulier, il dit: Il y en a qui AN. 385. briguent la prêtrise ou le diaconat, pour voir les femmes plus librement. Tout leur foin eft de leurs habits, d'être chauffez proprement, d'être parfumez. Ils frifent leurs cheveux avec le fer, les anneaux brillent à leurs doigts, ils marchent du bout du pied, vous les prendriez pour de jeunes fiancez, plûtôt que pour des clercs. Il y en a dont toute l'occupation eft de favoir les noms & les demeures des femmes de qualité, & de connoître leurs inclinations. J'en décrirai un qui est le maître en ce métier. Il fe leve avec le foleil, l'ordre de fes vifites eft préparé, il cherche les chemins les plus courts; & ce vieillard importun entre prefque jufques dans les chambres où elles dorment. S'il voit un oreiller, une serviette, ou quelque autre petit meuble à son gré, il le loüe, il en admire la propreté, il le tâte, il se plaint de n'en avoir point de semblable, & l'arrache plûtôt qu'il ne l'obtient. Saint Jerôme marquoit encore leur avarice, en difant, que ces clercs intereffez, fous pretexte de donner leur benediction, étendoient la main pour recevoir de l'argent, & devenoient dépendans de celles qu'ils devoient gouverner. Il fe plaint Ep. 2. ad Nepote ailleurs de ceux qui s'attachoient à des perfonnes âgées & fans enfans, & leur rendoient avec affiduité les fervices les plus bas & les plus indignes, pour avoir part à

leur fucceffion.

c. 7.

c.ult. ep: 100. ad

Plufieurs furent choquez de cette liberté de S. Jerô- Ep.8.ad Demer. me, & prirent pour eux ce qu'il difoit. On l'attaqua Bon Ep.99, ad par toutes fortes de medifances; on reprenoit jusques à Afell. fa démarche, fon ris, l'air de fon vifage; fa fimplicité leur étoit fufpecte. Enfin la calomnie s'étendit jufques à noircir fa reputation, fous pretexte des femmes & des vierges à qui il expliquoit l'écriture fainte; quoique

Tome IV.

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AN. 385.

depuis fon baptême, fa conduite eûttoûjours été parfaitement pure & defintereffée, & qu'il ne vît que des femmes d'une pieté exemplaire & d'une rigoureuse peEpift. 13. adMar- nitence. En general, le peuple de Rome murmuroit conEp. 25. ad Paul. tre les moines venus d'Orient; les regardant comme des Grecs & des impofteurs, qui féduifoient les filles de qualité, & les faifoient perir par une vie trifte & auftere.

sel in fin.

5. 6.

3. Apolog, in Ruff.

6.7.

S. Jerôme refolut donc de ceder l'envie, & de quitter Rome pour retourner en Palestine. Il s'embarqua à Porto au mois d'Aoust de cette année 385. avec fon jeune frere Paulinien, un prêtre nommé Vincent, & quelques autres moines. Plufieurs perfonnes pieufes le vinrent conduire ; & comme il étoit prêt à monter dans le vaiffeau, il écrivit à fainte Afelle une lettre, où il lui rend compte des caufes de fon départ; appellant fes calomniateurs au tribunal de J. C. & fe recommandant aux faintes dames qu'il laiffoit à Rome. Il vint à Rege, d'où il pafla la mer Ioniene & les Cyclades, & à borda premierement en l'iffe de Cypre, où il fut reçû par faint Epiphane. Delà il vint à Antioche prés l'évêque Paulin, qui le conduifit quand il partit pour Jerufalem, où il arriva au milieu de l'hyver. Il paffa en Egypte, & trouva un nouvel évêque à Alexandrie, car Timothée mourut en 385. fous le confulat d'Arcade & de Bauton, & Tom. 2. conc. p. eut pour fucceffeur Theophile, qui tint le fiege vingtfept ans. Nous avons des réponses de Timothée fur dix Ep.65.ad Pamm. huit articles de cas de confcience, touchant l'adminif Epad Domn. tration des facremens. S. Jerôme vint à Alexandrie, principalement pour voir le fameux aveugle Didyme, & s'inftruire auprés de lui; quoique lui-même eût déja des cheveux blancs, & fut regardé comme un des plus favans docteurs de l'églife, Il demeura un mois avec

Socr. V. c. 12.

1791.

c. I.

Ruffin. invic

Didyme, lui proposant ses difficultez sur toutes les AN.385. écritures; & ce fut à fa priere, que Didyme compofa lib. 2 p. 176. trois livres de commentaires fur Ofée, & cinq fur Hier. pram. ad Ephef. Zacharie, pour fuppléer à ce qu'Origene n'avoit pas

fait.

Pendant ce voïage, S. Jerôme vifita les monasteres Apol.c.7< d'Egypte puis il retourna promptement en Palestine, & fe retira à Bethléem. On croyoit qu'aprés avoir oui Ep. 65.c. 1 Didyme, il n'avoit plus rien à apprendre ; mais il prit en

Praf. ad Ephef.

core pour maître un Juif, qui moïennant un certain falaire, le venoit inftruire la nuit, de peur des autres Juifs. Ce fut alors que faint Jerôme entreprit d'expliquer les épîtres de faint Paul; premierement l'épître à Phile- Praf. ad Gall. mon, puis aux Galates, puis aux Ephefiens. S. Cyrille de Jerufalem mourut vers ce tems-là, aprés avoir été Hier.fcrips fouvent chaffé de son siege, & souvent rétabli; & l'avoir tenu huit ans fans trouble fous Theodofe. Il Inf.n.ss refte de lui huit catechefes compofées pour expliquer le fymbole aux catecumenes; & cinq autres, pour expliquer aux nouveaux baptifez les trois facremens qu'ils venoient de recevoir. Saint Cyrille eut pour fucceffeur Jean, qui avoit auparavant pratiqué la vie monaftique.

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XXXVII. Voyage de fainte

Paule.

Hier. ep 17. nd.

Euft. c. 2. 3.

Sainte Paule fuivit de prés faint Jerôme : elle quitta Rome, & s'embarqua fans écouter la tendreffe maternelle, qui devoit l'empêcher de quitter fa fille Ruffine déja nubile, & fon fils Toxotius encore enfant. Elle emmena fa fille Euftochium, avec trés-peu de domeftiques, & s'arrêta d'abord à l'ifle Pontia, aux côtes d'Italie, pour visiter les cellules où fainte Domitille avoit paffé fon exil fous l'empereur Domitien, trois cens ans auparavant. Enfuite fainte Paule aborda en Sup..... Cypre, où elle se jetta aux pieds de S. Epiphane, qui la

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