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XXIV.

Amm XXII, C.

S.x. v. c. 7.

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Julien aïant appris cette fédition, entra en grande AN. 362. colere, & témoigna la vouloir punir avec la derniere rigueur ; mais il fut appaifé par les proches, particulie- Lettre de Julien rement par le comte Julien fon oncle, qui avoit été préfet d'Egypte. Il fe contenta donc de leur faire une fevere réprimande par une lettre qu'il leur écrivit en ces termes : Quand vous n'auriez pas de refpect pour Epift. 10. Alexandre votre fondateur, ou plûtôt pour le grand dieu Serapis : comment n'avez vous point eu d'égard au devoir commun de l'humanité, & à ce que vous me devez; à moy, dis-je, à qui tous les dieux, & principalement le grand Serapis, ont donné l'empire de l'univers Au lieu de me referver la connoiffance de vos injures, vous vous êtes laiffés furprendre à la colere, & Vous n'avez pas eu honte de commettre les mêmes excés, qui vous rendoient vos ennemis fi juftement odieux. Il rapporte les fujets de plaintes qu'ils avoient contre George, & ajoûte: Etant donc irrités contre cet ennemi des dieux, au lieu de le pourfuivre en justice, vous avez profané votre ville facrée. Et enfuite: Des citoïens ofent déchirer un homme comme des chiens, & ne craignent point d'étendre vers les dieux leurs mains fouillées de fon fang? Mais George méritoit d'être ainsi traité. J'ajoûterois peut-être, qu'il méritoit un châtiment plus rigoureux : mais vous n'en deviez pas être les executeurs. Vous avez des loix que vous devez honorer, du moins en public. Vous êtes bien-heureux d'avoir commis cette faute fous mon regne: car j'ay pour vous une affection fraternelle, par le refpect du dieu & la confideration de mon oncle. Sous un gouvernement Levere on apporteroit à un tel mal des remedes amers: je me contente du plus doux, qui eft la parole; perfuadé que vous en ferez touchés, fi vous êtes veritablement

Am. 362.

Epift. 36.

XXV.

Retour de faint

Athanafe.
Sup.liv. XII. n.

28.

Greg. Naz or.

Grecs d'origine, & fi vous confervez le caractere de cette ancienne nobleffe.

Comme on avoit pillé les biens de George aprés fa mort Julien écrivit à Ecdicius préfet d'Egypte de conferver les livres. C'eft, dit-il, ma curiofité dés l'enfance; & je fçay que George en avoit beaucoup, de philofophie, de rhetorique & de la doctrine impie des Galiléens. Je voudrois pouvoir abolir entierement ces derniers : mais pour ne pas en perdre avec ceux-là d'autres plus utiles; qu'on recherche tout trés-exactement, & que l'on fe ferve pour cet effet du fecretaire de George. S'il s'en acquitte fidelement, qu'il ait la liberté pour recompenfe : finon, qu'on le metie à la torture. Je connois les livres de George, parce que quand j'étois en Cappadoce, il m'en a prêté plufieurs pour faire tranfcrire, que je luy ai rendus. Julien en écrivit auffi à Porphyre tréforier general d'Egypte, le chargeant de raffembler cette bibliotheque par toutes fortes de moïens & de la luy en

voïer à Antioche.

Aprés la mort de George, S. Athanafe ne voïant plus d'obstacle à fon retour, rentra dans Alexandrie : il avoit été caché prés de fept ans, depuis le neuviéme de Février 356. jufques à cette année 362. environ le mois d'Août. Son entrée fut un triomphe, mais convenable à un dif21 p. 391. c. ciple de J. C. Il étoit monté fur un âne, au milieu d'une foule innombrable de peuple, qui venoit au devant de luy, remontant depuis Alexandriejufques à Cherée, à une journée & plus. Toute l'Egypte fembloit y être accourue on montoit fur toutes les éminences pour le voir, pour oüir le fon de fa voix : on croïoit fe fanctifier par fon ombre. Le peuple d'Alexandrie étoit feparé en plufieurs troupes, diftinguées par le fexe, l'âge & les profeffions, comme on avoit accoûtumé dans les entrées

Ibid. 350 A.

P. 391. B.

folemnelles. Les differentes nations qui fe trouvoient en cette grande ville, formoient un concert de loüanges & de cris de joie en diverfes langues: on répandit des parfums, on alluma des flambeaux par toute la ville, on fic des feftins en public, & dans les maisons particu lieres: on paffa les nuits entieres en réjoüiffances.

AN. 362.

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21 p. 392. C.

Alors les catholiques rentrerent dans toutes les églises, & en chasserent les Ariens, qui furent reduits à s’assembler dans les maisons particulieres.Leur chef étoit un prêtre nommé Lucius; & on dit que deflors ils l'ordonnerent évêque à la place de George. Saint Athanafe Greg. Nax.or traita si doucement ceux qui l'avoient perfecuté, qu ils n'eurent aucun sujet de le plaindre de fon retour. Il foulagea les opprimez, fans distinguer ceux de fon parti, de ceux du parti contraire: il releva la prédication de la fainte doctrine fur laTrinité : il purgea le fanctuaire, en éloignant ceux qui trafiquoient des chofes faintes: il attiroit tous les efprits, & les conduifoit par feule volonté.

la

la

Comme S. Eufebe de Verceil & Lucifer de Calliari revenoient de la Thebaïde où ils avoient été releguez, faint Eusebe propofa à Lucifer d'aller enfemble trouver S. Athanafe, pour déliberer avec luy fur les affaires de religion, particulierement fur la réunion de l'églife d'Antioche. Lucifer aima mieux aller luy-même à Antioche; & fe contenta d'envoïer à Alexandrie deux de fes diacres, avec ordre de confentir à tout ce qui fe feroit dans le concile qu'on y devoit tenir. S. Eufebe vint à Alexandrie, où S. Athanafe, de concert avec luy, affembla en effet un concile, qui ne fut pas nombreux, mais tout compofé de confeffeurs. Les premiers étoient S. Athanafe & S. Eufebe de Verceil: enfuite S. Afterius de Petra en Arabie & plusieurs évêques d'Egypte, fçavoir Caius,

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AN. 362.

Ruf. L.c. 28. Sup. XIV. n. 24.

c.7.

Ammonius, Draconce, Adelphius, Paphnuce ; qui tous avoient été chaffez ou bannis,& plufieurs autres: vingt en tout, fans ceux qui ne font pas nommez. Outre les évêques prefens, il y avoit des députez de quelques abfens: les deux diacres de Lucifer,Herennius & Agapet:. deux autres diacres Maxime & Calimere, envoyez par le prêtre Paulin chef des Euftachiens d'Antioche; & quelques moines de la part de l'évêque Apollinaire. L'on croit que c'étoit l'herefiarque, qui n'étoit pas encore connu pour tel.

Le concile s'appliqua premierement à rendre à l'éHier. in Lucifer glife fa tranquillité, aprés la tempête que les Ariens venoient d'exciter fous Conftantius, en faisant souscrire la formule de Rimini. Tout le monde s'étoit trouvé Arien fans y penfer: c'est-à-dire, que les évêques catliques étoient furpris du mauvais fens, que les Ariens donnoient aux paroles qu'ils avoient approuvées dans un autre fens, & qui avoient fervi d'appas, pour les engager dans leur communion. Ils avoient dit anathêSup xv. n. 14. me à quiconque foûtiendroit que le Fils de Dieu eft créature comme les autres créatures: entendant par là qu'il n'est créature en aucune maniere, au lieu que les Ariens entendoient qu'il eft créature, mais differente des autres. Ils paroiffoient donc heretiques contre le temoignage de leur confcience, ne voyant dans leur cœur que la verité catholique,qu'ils y avoient toûjours confervée. Ils protestoient par le corps du Seigneur, & par tout ce qu'il y a de plus faint dans l'églife, qu'ils n'avoient foupçonné aucun mal dans cette profeffion de foy. Nous avons crû, difoient-ils, que le fens s'accordoit aux paroles : & dans l'églife de Dieu, où regne la fimplicité & la fincerité, nous n'avons pas craint que l'on enfermât dans le cœur autre chofe, que ce que

s'excu

l'on montroit fur les lévres ; la bonne opinion que nous
avions des méchans nous a trompez : nous n'avons pas
cru que desPontifes de Jefus-Chrift combatiffent contre
luy. Ils parloient ainfi en pleurant, & protestant, qu'ils
étoient prets à condamner leur foufcription & tous les
blafphêmes des Ariens. Ils difoient encore pour
fer, qu'ils avoient cedé pour un tems à la violence,
de peur que l'on ne mît à leur place des heretiques,
qui corrompiffent les églifes; & qu'ils avoient mieux
aimé fe charger de ce fardeau, que de laiffer perir les
peuples.

AN. 362.

Quelques-uns de ceux qui n'avoient point foufcrit, faifoient fcrupule de les recevoir; ils refufoient de reconnoître pour évêque, aucun de ceux qui s'étoient foüillez par par la communion des heretiques, en quelque maniere que ce fût. Et par une severité exceffive, ils vouloient qu'on les dépofât, & que l'on ordonnât de nouveaux évêques. On l'avoit tenté en quelques lieux : mais ceux à qui leur confcience ne reprochoit rien, avoient peine à fe laiffer dépofer; & ils étoient tellement aimez de leur peuple, qu'il étoit prêt à prendre des pierres, & à lapider ceux qui l'auroient entrepris. Les plus feveres vouloient du moins qu'ils fe contentaffent de la communion de leur églife, comme quelques-uns avoient fait depuis leur chûte: mais de les laiffer toûjours en cet état, c'étoit diviser l'église, & exposer ces évêques fi maltraitez à devenir cffectivement Ariens. On oppofoit donc à ce zèle trop ardent la maxime de Raf 1.28. l'apôtre, de chercher, non ce qui nous eft utile, mais ce qui eft falutaire au plus grand nombre. Car c'est ainfi que l'églife avoit coûtume de fecourir la multitude prête à perir par le fchifme & l'herefie. Il vaut mieux, difoit-on, nous abaiffer un peu, pour relever ceux qui font

1. Cor. X. 33.

Aug. Epift. so. na Bonif.c. 10.

22.4.

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