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duite, par des exemples tirez de l'hiftoire, dont il avoit une grande connoiffance. S. Chryfoftome l'aïant appris, lui écrivit avec tant de force, qu'il le fit rentrer dans le bon chemin ; il renonça au mariage, quitta tous fes biens, & reprit la profeffion monaftique. Il n'avoit encore que vingt ans, & fut depuis évêque de Mopfuefte en Cilicie. Dans un de ces difcours, S. Chryfoftome Serm. 2. c. 2. p. dit expreffément que le mariage n'eft plus permis à celui qui a contracté les nôces fpirituelles.

588.A.

c. 2. p. 388. A.

On rapporte auffi au tems de fa retraite les deux difcours de la componction, adreffez à deux folitaires Demetrius & Stelechius. Dans le premier, il dit : Quand c.6.p.111. A j'eus refolu de quitter la ville pour aller aux cabanes des moines, je m'informois curieufement, qui me fourniroit les chofes neceffaires : fi je pourrois manger tous les jours du pain frais : fi on ne m'obligeroit point d'ufer de la même huile pour la lampe & pour la table; de vivre de legumes, de faire des travaux rudes, comme de bécher la terre, de porter du bois ou de l'eau: en un mot j'étois fort appliqué à me foulager. Il fe corrigea Pallad. p. 41. fi bien de cette foibleffe, qu'il tomba dans l'excés oppofé: en forte qu'aprés avoir été cinq ans dans le defert, fentant fa fanté affoiblie, & ne. pouvant la rétablir en ce lieu-là, il fut obligé de revenir à Antioche, & de rentrer au servicé de l'église : il avoit au moins alors vingtfix ans.

Aprés qu'il eut fervi cinq ans à l'autel, apparemment p. 42 en qualité de foudiacre, S. Melece l'ordonna diacre à l'âge de trente & un ans. On croit que ce fut en ce tems qu'il compofa les trois livres de la providence: pour la confolation d'un moine de fes amis nommé Stagire poffedé du malin efprit, & plongé dans une tristesse extrê me depuis cet accident, qui ne lui étoit arrivé qu'aprés

Pallad.ibid.

fa retraite & fa converfion, & contre lequel il avoit emploïé inutilement toutes fortes de remedes. S. Chryfoftome s'étend principalement dans cet ouvrage fur l'utilité des afflictions.

Les talens qu'il avoit pour instruire, étant déja connus de tout le monde, & le peuple trouvant une grande douceur à ses entretiens, il fut ordonné prêtre par l'évêque Flavien, & en fit les fonctions à Antioche pendant douze ans. Son ordination fe rapporte à l'an 385. & comme en même tems Flavien lui confia le miniftere To. 4. p. 834. de la parole, il fit un difcours en cette occasion,

qu'il

commence par les expreffions d'un étonnement extrême, demandant fi c'est un songe ou une verité, de fe voir fi jeune & avec fi peu d'experience élevé à une fi haute dignité; & toutefois pour peu d'années qu'il eût été diacre, il ne pouvoit guére avoir moins de trentecinq ans. Une grande partie de ce difcours eft emploïée à faire l'éloge de Flavien. S. Jean Chryfoftome fit peu de tems aprés le panegyrique de S. Melece, où il marque To. 1. p. 523. qu'il y avoit cinq ans qu'il étoit mort: ce qui se rapporte en l'an 386.

P. 838.839. 840.

To. 4.

n47.

Il fit plufieurs difcours, pour montrer contre les Anoméens, que la nature de Dieu est incomprehenfible à la créature: mais de fes premiers fermons, le plus faV. Sup. liv. x11. meux est celui de l'anathême. Plufieurs des catholiques d'Antioche, par un zele mal reglé, prononçoient anathême contre ceux qu'ils croïoient heretiques, c'est-àdire, contre ceux qui n'étoient pas de leur communion. Sup. liv. xv11. n. Car les fectateurs de Flavien reprochoient le Sabellianifme à ceux de Paulin, & les fectateurs de Paulin accufoient ceux de Flavien d'Arianifme. S. Chryfoftome crut devoir parler contre cet excés. Je voi, dit-il, des gens qui n'ont point l'efprit formé par l'écriture fainte

45.

P.804.

ou

AN. 387.

1.Tim. 1. 7.

ou plûtôt qui l'ignorent absolument; je paffe le reste en rougiffant; des emportez, des difcoureurs, qui ne favent ce qu'ils difent, ni ce qu'ils affurent; qui ne Lavent que dogmatiser en ignorans, & anathematiser ce qu'ils ne connoiffent pas; enforte que les infideles fe moquent de nous. Il leur reprefente enfuite la force de p.805. D ce mot d'anathême, qui emporte un abandonnement au démon; & il ajoûte : Pourquoi donc ufurpez-vous une fi grande autorité, dont il n'y a que le college des apôtres qui en ait été honoré; & ceux qui felon toute l'exactitude des regles, font leurs veritables fucceffeurs? Nos peres étoient si attachez aux commandemens de Dieu, qu'ils ne chaffoient de l'églife les heretiques qu'avec les mêmes précautions, que s'ils euffent arraché leur œil droit, fuivant la parole de l'évangile. Il Matth. faut anathematiser les heretiques contraires à notre tra- p.806. A. dition; mais il faut épargner en tout les perfonnes. Il est p. 809.4. clair qu'en ce difcours faint Chryfoftome ne parle que contre des laïques,qui prononçoient anathême contre qui il leur plaifoit de leur autorité privée ; & on y voit clairement la difference de l'anathême & de la séparation de communion; car ni lui, ni Flavien, ni tous ceux de leur communion, ne communiquoient avec les fectateurs de Paulin.

Ce fut auffi vers le même tems que faint Chryfoftome Tom. s prêcha pour la premiere fois à la fête de la nativité de N. S. introduite depuis peu à Antioche, à l'imitation des églifes d'Occident, comme il le témoigne au commencement de ce discours. Ce fut pendant le tems de fa Tom. L prêtrife, & à Antioche qu'il fit les homelies fur la Genefe durant le carême. Il y cite l'hebreu en quelques endroits ; & il pouvoit l'avoir appris par le commerce des Juifs, qui étoient en grand nombre à Antioche, & Tome. IV.

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Hom. 20:

Hom. 41

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le

AN. 388. par la conformité de la langue fyriaque, naturelle dans pays. Il expliqua auffi à Antioche les pfeaumes; les évangiles entiers de faint Matthieu & de faint Jean; l'épître aux Romains, les deux épîtres aux Corinthiens, les To. 5. ferm. 51. deux à Timothée. Il marque qu'aprés pâque il ne prêchoit que les dimanches & pendant le cours de l'année

environ une fois la femaine, quoiqu'il prêchoit à toutes Serm. 66. les affemblées. Tel étoit le prêtre Jean, qui confola le peuple d'Antioche alarmé de la jufte colere de l'empereur Theodofe.

X

Maxime en Italie.
Zofim. lib. 4. p.

Cependant Maxime amusant toûjours Valentinien par des propofitions de paix, & par une apparence d'amitié, s'avança fans bruit vers l'Italie, paffa les Alpes, & Ruff. 11. biß.0.16 marcha à Aquilée, pour le furprendre; mais Valentinien

766.767.

s'embarqua avec Juftine fa mere, traverfa la mer, &

vint à Theffalonique, où il vint fe jetter entre les bras de Chron. Cod. Th. Theodofe, vers la fin de l'an 387. Maxime se rendit aifément maître de l'Italie, & de Rome même; il foûmit Ambr. ep. 41. ad aussi l'Afrique. Ayant appris que l'on avoit brûlé à Rome une fynagogue, il y envoya un édit, comme pour maintenir la tranquillité publique. Ce qui fit dire au peuple Chrétien : Ce prince n'a rien de bon à esperer, il est devenu Juif..

Theod. n. 23.

Secr. v. c. 12.

Sozom. VII. c.14 falonique

Theod. v. c. S.

pro

Theodofe ayant appris que Valentinien étoit à Theffalonique, alla l'y trouver; laiffant fon fils Arcade à C. P. il dit à Valentinien: Vous ne devez pas vous étonner du mauvais fuccés de vos affaires, ni des grés de Maxime; puifque vous combattez la vraye religion, & qu'il la foûtient. Ainfi il délivra ce jeune prince des impreffions que fa mere lui avoit données, & le ramena à la doctrine de l'église. Il entreprit même de le rétablir, & de venger la mort de Gratien; Aug.v.civit. c. 26, quoique fon interêt eût plûtôt été de profiter du mal

heur de Valentinien, & de partager l'empire avec Ma-
xime, qui étoit trés-puiffant, & qu'il avoit menagé juf-
ques alors. Theodofe fe declara donc contre lui, & se
prépara à la
guerre.

, on croit

haret.

X I.
Fin de S. Gre.

Pendant ce féjour à Theffalonique, Theodofe fit une L.14. C.Th. de loi contre les heretiques, dattée du dixiéme de Mars l'an 388. & adreffée à Cynegius prefet du pretoire d'Orient. Elle porte commandement de les chaffer hors des villes, particulierement les Apollinaristes ; & leur défend d'inftituer des évêques ou des clercs, & de tenir des affemblées, & même de fe pourvoir devant l'empereur. Le Liv. 15. ibid. quatorziéme de Juin fuivant, les deux empereurs étant à Stobe en Macedoine, firent une autre loi adreffée à Trifolius prefet du prétoire d'Italie, qui porte en general les mêmes défenfes, & femble faite pour revoquer la loi que Valentinien, ou plûtôt fa mere Juftine, avoit Sup. xvIII. n. 43" faite en faveur des Ariens le vingt-troifiéme de Janvier 386. Quant à la loi contre les Apollinaristes qu'elle fut l'effet du zele de S. Gregoire de Nazianze. Sa retraite ne l'empêchoit pas de s'intereffer aux maux de toute l'églife, & de celle de C. P. en particulier. Il en écrivit à l'évêque Nectaire en ces termes : Ceux de la fecte d'Arius ou d'Eudoxe font oftentation de leur herefie, en tenant des affemblées, comme s'ils en avoient la permission. Les Macedoniens ont l'infolence de fe donner le nom d'évêques, & fe vantent qu'Eleufius eft l'auteur de leurs ordinations. Eunomius nôtre mal domestiqué ne fe contente pas de vivre; mais il compte pour une perte, s'il n'attire tout le monde dans fa pernicieuse doctrine. Et ce qui eft le plus infupportable, c'est la hardiesfe des Apollinaristes. Car je ne fai comment vôtre fainteté a fouffert, qu'ils fe foient don Aa aa ij

goire de Nazian

ze.

Or. 46. p. 7:1.

Soz. v1.6. 27.

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