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que

nez la licence de tenir des affemblées auffi folemnelles les nôtres. Il conclut en exhortant Nectaire, à representer à l'empereur, que l'affection qu'il a témoignée l'église dans tout le refte fera inutile, fi cette erreur prévaut à la faine doctrine. Saint Gregoire appelle Eunomius fon mal domeftique, parce qu'il étoit natif de Cap-' Philoft. x. 6. 6. padoce, & s'y trouvoit alors relegué. Car l'empereur Theodofe aïant trouvé quelques officiers de fa chambre attachez à la doctrine d'Eunomius, les chaffa du palais; & le fit promptement enlever lui-même de Calcedoine. Il l'envoya d'abord à Myffie; mais le lieu de fon exil aïant été pris par les barbares, il fut relegué à Cefarée de Cappadoce, & comme il y étoit odieux, à caufe des écrits qu'il avoit compofez contre S. Bafile, il fut envoïé dans Les terres en un lieu nommé Dacoroëne.

Depuis cette lettre à Nectaire, nous ne trouvons rien de S. Gregoire, qui regarde les affaires generales de l'églife. Il étoit toûjours en fa folitude d'Azianze dans for Carm. 59. p. 138. pais natal: un jardin, une fontaine, des arbres qui lui donnoient du couvert, faifoient toutes fes delices. Au Carm.4.1-70 refte, il jeûnoit, il prioit avec abondance de larmes : for lit étoit une natte, fa couverture un gros fac, fon habit une feule tunique : il alloit nuds pieds, ne faisoit point de feu, n'avoit pour compagnie que les beftes. Cependant malgré fes aufteritez, fes maladies continuelles & fon extrême vieilleffe, il fentoit encore des combats trésCarm. 58. p. 136. violens de la chair contre l'efprit. C'eft ce qui lui fait dire, qu'encore qu'il foit vierge de corps, il ne fait pas bien s'il l'eft de la penfée. Il fuïoit avec grand foin la veuë des femmes. On le voit par une lettre à un de fes parens nommé Valentinien, qui fous pretexte de jouir de fa compagnie, vint loger avec des femmes vis-àvis de lui. Ce voifinage lui fit quitter la place, quoiqu'il

Ibid. C..

A..

Ep. 196.

l'eût cultivée par fon travail,
fon travail, & que ce fut prés d'une
église des martyrs. Mais on ne croit pas que ceci fe ra-
porte au tems de fa derniere retraite.

C.

Le principal remede que faint Gregoire emploïoit contre les tentations, étoit la priere & la confiance en la grace de Dieu. Voici comme il en parle en un de fes poëmes: La vertu n'eft pas feulement un don de Dieu, Carm. 58. p. 136. elle vient auffi de ta volonté : mais elle ne dépend pas de ta volonté seule, il faut une plus grande puiffance: ma veuë ne fuffit pas, pour voir les objets vifibles, fans la lumiere du foleil. Deux parties du bien viennent de Dieu, la premiere & la derniere ; il n'y en a qu'une qui foit à moi. Il m'a rendu capable du bien, & il me donne la force; c'est moi qui cours au milieu de la carriere. J. C. eft mon guide, ma force, c'eft par lui que je refpire: il me fait voir & courir heureufement. Sans lui nous ne sommes tous nous autres mortels que de vains fantômes, que des cadavres vivans, infects par nos pechez. Comme les oifeaux ne peuvent voler fans air, ni les poiffons nager fans eau; ainfi l'homme ne peut marcher un pas fans J. C. D'où il conclut qu'il ne faut nous glorifier de rien, ni rien attribuer à nos forces, mais nous humilier profondement.

Ces faintes poëfies furent les occupations de faint Gregoire dans fa derniere retraite. Il y fait l'histoire de fa vie & de fes fouffrances : il y dépeint fes tentations, & il y déplore fes foibleffes; il prie, il enfeigne, il explique les myfteres, & donne des regles pour les mœurs. Outre l'inclination à la poëfie, que la beauté Carm. in Suos & la facilité de fon genie lui infpiroit, il regardoit cet exercice comme un travail de penitence; la compofition en vers, étant toûjours plus difficile qu'en profe. Greg. presb. p. 32o Il vouloit donner à ceux qui aiment la poëfie & la mu

Aaaa iij

verf.p. 248.

Or. 51. in fine. ́fique, des sujets utiles pour se divertir, & ne pas laiffer aux païens l'avantage de croire, qu'ils fuffent les feuls qui puffent réüffir dans les belles lettres. D'ailleurs il vouloit oppofer des poëfies utiles & pieuses à celles d'Apol-linaire, comme il s'en explique lui-même. C'est ainfi que S. Gregoire de Nazianze profita du loifir de fa retraite, où il finit heureusement fes jours, dans une extrême vieilleffe. Il femble reconnoître lui-même qu'il faifoit des miracles, en difant que l'on reclamoit fon Carm. 61. p. 142. fecours dans les maladies, & qu'il avoit souvent chaffé les démons, en prononçant feulement le nom de J. C. Il mourut âgé de plus de quatre-vingt-dix ans, la treifiéme année de l'empereur Theodofe, c'est-à-dire, l'an 391. de J. C. L'église grecque celebre fa memoire le vingtcinquiéme de Janvier, & l'église latine le neuviéme de May.

B.

A.

Suid. Greg.
V. Pag. an.
389. n. 4.

XII.

Jean d'Egypte.

Entre les preparatifs de la guerre contre Maxime, Prophetic de S. l'empereur Theodofe fit confulter le celebre anacoretę S. Jean d'Egypte, qui demeuroit dans la haute Thebaïde prés la ville de Lycus. Dés l'enfance il avoit appris le métier de charpentier, & avoit un frere teinturier. Il reCaff. xv. hift. c. nonça au monde à l'âge de vingt-cinq ans, & fe mit fous la conduite d'un vieillard, qui l'exerçoit à l'obéïffan

Pall. Lauf.c. 43.

24.

ce, en lui faifant arrofer du bois fec & d'autres chofes 11.vit. Patr. c. 1. femblables. Il paffa cinq ans dans un monaftere, puis fe retira feul au haut d'une montagne, dans une roche où il étoit difficile de monter. Il y avoit taillé trois cellules; l'une pour les befoins du corps, l'autre pour le travail, la troifiéme pour la priere. Il s'y enferma à l'âge de quarante ans, & demeura trente ans fans voir perfonne, rece vant par une fenêtre ce qui lui étoit neceflaire. Au bout de ce tems, c'est-à-dire, à l'âge de foixante & dix ans, il receut le don de prophetie, & de guerir les maladies,

morte.

Les Ethiopiens ayant fait une irruption dans la Thebaï- AN. 388. de, celui qui étoit chargé de conduire des troupes contre eux le vint confulter, craignant de venir aux mains avec eux, parce que fes forces étoient trés-inegales. Jean lui dit: Si vous marchez un tel jour, vous les joindrez & les vaincrez, & vous ferez en reputation auprés des empereurs; ce qui arriva. Il ne laiffoit entrer perfonne dans fa cellule, mais il parloit par la fenêtre. Jamais il ne voyoit de femmes, & il ne voyoit les hommes qu'à certains tems & rarement. Il permit de bâtir au dehors un hofpice pour ceux qui venoient à lui des pays éloignez. Il apparut en fonge à la femme d'un tri- Aug. de cura pro bun, qui defiroit passionnement de le voir. Il rendit la vûë à la femme d'un senateur par l'huile benite, dont elle fe frotta les yeux trois jours durant. Car c'est ainsi qu'il gueriffoit les malades, par de l'huile qu'il leur envoyoit, fans permettre qu'on les lui amenât, , pour éviter la vanité. Il prédit fouvent l'accroiffement ou la diminution des eaux du Nil, fi important en Egypte. L'empereur Theodofe fit donc confulter ce faint Anacorete fur le fuccés de fa guerre contre Maxime; & Jean lui prédit qu'il feroit victorieux. Il lui fit fouvent de femblables prédictions, touchant les courses que les barbares feroient fur fes terres, & la maniere de les vaincre. Il lui prédit qu'il mourroit de fa mort naturelle.

XIII. Defaite de MaTM

De Theffalonique l'empereur Theodose s'avança promptement en Pannonie, & y défit en deux combats xime & fa mort. les troupes de Maxime, quoique plus nombreuses que Chronol Cod. Th. les fiennes. Il paffa les Alpes fans obftacle, furprit Maxime dans Aquilée, & y entra fans refiftance. Maxime abandonné des fiens, fut dépouillé des ornemens d'empereur, & amené les pieds nuds & les mains liées devant Theodofe & Valentinien, jusques à trois mille de la Prosp.Chr.an.389.

Zofim. lib. 4. p

770.

Pacat. paneg. 34.35...

43.

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Socr. v. c. 14.

n. 28.

AN. 388. ville. Theodose lui reprocha en peu de mots fa tyran nie & fes crimes; il hefitoit entre la juftice & la cleSox' VIII. c. 14. mence, mais les foldats ôterent Maxime de devant lui,& Idaċ.fast. lui trancherent la tête. C'étoit le cinquiéme des calendes d'Aoust, c'est-à-dire, le vingt-huitiéme de Juillet de cette année 388. Maxime avoit regné environ cinq Sup. Liv. XVIII. ans depuis la mort de Gratien. Peu de jours aprés le comte Arbogafte envoyé en Gaule par Theodose, prit le jeune Victor fils de Maxime, & le fit mourir. Andragathius, le principal capitaine du même parti & le meurtrier de Gratien, étoit cependant avec une flotte fur la mer entre la Grece & l'Italie ; ayant appris la déOrof. vi. 35. faite de Maxime, il se jetta tout armé de fon vailleau dans la mer & fe noya. Tel fut l'évenement de cette guerre, où il n'y eut prefque point de fang répandu. Theodofe entra à Aquilée, & demeura en Italie jusques à

Socr. v. c. 13.

l'an 391,

Cependant on répandit à C. P. de faux bruits d'un Secr. VII. c. 14. combat ou Maxime avoit remporté un grand avantage; l'on difoit même le nombre des morts. Les Ariens irritez de ce que les catholiques étoient en possession des églises, groffirent ces nouvelles, enforte que ceux qui les avoient oui dire, les foûtenoient même à ceux qui les avoient inventées. L'emportement des Ariens alla jufques à brûler la maison de l'évêque Nectaire, p. 40. n. Mais cette fedition n'eut pas de fuite; l'empereur Arcade qui étoit demeuré à C. P. quoiqu'offenfé lui-même, interceda pour les coupables auprés de Theodofe L. 16. C.Th. de fon pere, & obtint leur pardon. Seulement Theodofe fit une loi, où il défend aux Ariens de se prevaloir de quelque ordre qu'ils prétendoient avoir obtenu en leur faveur ; & comme cette loi eft datée de cette année & du neuvième d'Aoust aprés la défaite de Maxime; on la

Ambr.

13.

bar.

raporte

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