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AN. 388.

rapporte avec raifon à cette fédition. Les Ariens de C. P. avoient pour évêque Dorothée, qui l'avoit été d'Antioche. Car Demophile étoit mort en 386. & pour lui Socr. v. c. 12. fucceder, on avoit fait venir de Thrace un évêque de la même fecte nommé Marin; mais ne fe trouvant pas affez capable, on mit Dorothée à fa place peu de tems aprés, ce qui dans la fuite produifit un fchifme en

tre-eux.

XIV.

Synagogue bru

22.168

D'Aquilée l'empereur Theodofe vint à Milan, où il paffa l'hyver, & y demeura jufqu'au mois de May lée en Orient. de l'année fuivante 389. Saint Ambroife étoit à Aquilée, Paul. n. 21. lorfqu'il apprit que l'empereur avoit condamné un évê- Amb. ep. 40.8.6. que à rétablir une fynagogue de Juifs, à cette occafion. A Callinique, petite ville de la province d'Ofroëne en Orient, les Juifs avoient une fynagogue, que les Chrétiens brûlerent; & on accufa l'évêque de l'avoir confeillé. Dans ce même lieu des heretiques Valentiniens, voïant passer des moines qui alloient à l'église celebrer la fête des Macabées, fuivant l'ancienne coûtume; & indignez de ce qu'ils chantoient des hymnes, së jetterent fe au milieu d'eux & traverferent leur marche. Les moines irritez de cette infolence, brûlerent le temple des Valentiniens ; & on prétendit même qu'ils en avoient enlevé quelques offrandes précieuses, Le maître de la milice d'Orient rendit compte de ces defordres à l'empereur Theodofe, qui regardant cette affaire comme de pure police, répondit que fans le confulter, on devoit commencer par le châtiment ; & on ordonna que l'évêque de Callinique rétabliroit la fynagogue, ou en payeroit la valeur; que les moines & le peuple seroient punis severement à caufe de l'embrafement; & que l'on informeroit des offrandes & des richeffes, qui avoient été enlevées du temple des Valentiniens,

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2. 13.

AN. 388.

Ep. 40.

n. 9.

n. 7.

S. Ambroise ayant appris cette nouvelle à Aquilée, où il étoit, écrivit à l'empereur qui étoit à Milan, une grande lettre, pour obtenir la revocation de cet ordre. Il s'étend d'abord fur la liberté que doit avoir un évên.4. que de faire des remontrances. Qui ofera, dit-il, vous dire la verité, si un évêque ne l'ofe pas? Venant au fait, il fe plaint que l'on ait condamné l'évêque de Callinique fans l'entendre ; & foûtient que s'il acquiesce à la fentence, il fera prevaricateur; que s'il eft puni pour y defobéir, il fera martyr ; & que l'empereur fera coupable de fa chûte, ou de fa mort. C'est que les Chrétiens ne croyoient pas qu'il leur fut permis de contribuer en quelque maniere que ce fût à l'exercice d'une fauffe Sup.. xv. m. 17 religion. Ainfi du tems de Julien, Marc d'Arethufe aima mieux fouffrir le martyre, que de rien donner .8. pour rebâtir un temple d'idoles qu'il avoit ruiné. S. Ambroife déclare qu'il eft prêt de fe charger du crime que m.9. l'on impute à l'évêque de Callinique ; & que quand on déchargeroit l'évêque, il ne feroit pas permis de rien prendre des autres Chrétiens pour rebâtir la fynagogue. Il objecte la raifon de police, & dit que la reli. 15. gion doit l'emporter. Il reprefente les defordres plus grands que l'on n'avoit pas punis ; des maisons des prefets brûlées à Rome, & la maifon de l'évêque à C. P. les églifes que les Juifs avoient brûlées du tems de l'empereur Julien; deux à Damas, dont une avoit été reparée aux dépens des Chrétiens, & non des Juifs; l'autre étoit encore en ruine; d'autres à Gaze, à Ascalon, à Beryte, à Alexandrie. L'églife, ajoûte-t-il, n'eft pas #. 18. vengée, & on vengera la synagogue & le temple profane des Valentiniens ? Les Juifs ont brûlé des églises; on n'a rien rendu ni rien demandé. Et que pouvoit avoir une fynagogue dans une petite ville frontierė,

22. II.

1. 13.

:

T. 224

qui toute entiere ne peut avoir rien de confiderable ou AN. 388. de precieux? Ce font des artifices des Juifs, pour calomnier les Chretiens, & leur attirer quelque execution militaire, des prifons & des fupplices. Et enfuite: Si n. 17. vous ne m'en-croyez pas, faites venir tels évêques qu'il vous plaira Si vous confultez vos comtes fur les affaires pecuniaires, combien plus devez-vous confulter les prêtres du Seigneur dans une affaire de religion? Que repondrai-je enfuite, fi l'on apprend que par un ordre venu d'ici, des Chrétiens foient morts par le glaive ou fous le bâton? Comment me juftifierai-je auprés des évêques, qui gemiffent déja fi amerement des vexations que l'on fait à l'église, en la perfonne de fes prêtres & de fes miniftres, en les obligeant aux charges des villes? On voit ici que faint Ambroise étoit regardé comme le principal défenfeur des droits de l'églife, à caufe du grand credit & du facile accès qu'il avoit auprés de l'empereur.

Cette lettre n'eut pas l'effet qu'il defiroit; c'eft pour- Ep. 41. m. 1. quoi lorsqu'il fut de retour à Milan, l'empereur étant venu à l'églife, il lui parla publiquement, comme il l'en avoit menacé à la fin de fa lettre. Il finit en lui re- n. 26. prefentant les graces qu'il a reçûës de Dieu, & l'exhortant à pardonner aux coupables. Quand il fut defcendu #. 27. de la chaire, l'empereur lui dit : Vous m'avez prêché. Saint Ambroife répondit : J'ai parlé de ce qui vous étoit utile. Theodofe dit: Il eft vrai que j'avois donné un ordre

trop dure pour faire rétablir la fynagogue par l'évêque; mais il a été corrigé. Les moines font bien des Suid. Timaf. crimes. Alors Timafius maître de la milice, homme hautain & infolent, commença à s'emporter contre les moines. Saint Ambroife demeura quelque tems debout, & dit à l'empereur: Mettez-moi en état d'offrir pour

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AN. 388. vous; mettez-moi l'efprit en repos. L'empereur demeu

XV. Fermeté de S. abroi'c. hood v. c. 18.

rant assis, lui fit quelque figne, & le voyant encore debout, il dit qu'il corrigeroit fon refcrit. S. Ambroife le preffa de faire ceffer toute la pourfuite. L'empereur le promit. S. Ambroife lui dit par deux fois : J'agis fur vôtre parole. Oui, dit l'empereur, faites fur ma parole. Ainfi faint Ambroife s'approcha de l'autel; ce qu'il n'auroit pas fait autrement. Comme il avoit écrit à fa four fainte Marcelline, l'inquietude que cette affaire lui avoit donnée, il lui en écrivit aussi l'heureux fuccés.

Pendant ce féjour que l'empereur fit à Milan, il arriva un jour de fête, qu'étant entré à l'églife, & ayant apporté fon offrande à l'autel, il demeura dans l'enceinte du fanctuaire. Saint Ambroise lui demanda s'il defiroit quelque chofe, l'empereur répondit, qu'il attendoit le tems de la communion. Saint Ambroife lui fit dire par l'archidiacre: Seigneur, il n'eft permis qu'aux ministres facrez d'être dans le fanctuaire: fortez-en donc, & demeurez debout avec les autres ; la pourpre fait des princes, & non pas des prêtres. L'empereur témoigna que ce n'étoit point par hauteur qu'il étoit demeuré dans la balustrade, mais parce que c'étoit l'ufage de l'église de C. P. Il remercia faint Ambroife de cette correction: le faint évêque lui marqua une place diftinguée hors le fanctuaire, qui le mettoit à la tête de tous les laïques, & cet ordre s'obferva toujours depuis. Theodofe étant retourné à C. P. vint à l'églife un jour de fête, & ayant prefenté fon offrande à l'autel, il fortit du fanctuaire. L'évêque Nectaire lui demanda pourquoi il n'étoit pas demeuré dedans. Theodofe répondit en foûpirant: A peine ai-je pû apprendre la difference de l'empire & du facerdoce à peine ai-je pû

trouver quelqu'un qui m'enfeignât la verité. Je ne .AN. 388. connois qu'Ambroife, qui porte à jufte titre le nom d'é

vêque.

N. 4.

Prosp de promiff symn. 11. ep. 13.

lib. 111. c. 28.

S. Ambroife foûtint auffi l'interêt de la religion con- Ep. 57. ad Eugom tre une partie du fenat de Rome, qui deputa vers l'empereur Theodofe Theodose, pour demander encore le retablissement de l'autel de la Victoire. Il ne feignit point de dire en face à l'empereur ce qu'il devoit fur ce fujet; il fut même quelques jours fans venir chez lui, & l'empereur ne le trouva pas mauvais. Symmaque étoit apparemment chef de cette deputation; car il eft certain qu'il fit un discours à la louange de l'empereur dans le confiftoire, cette même année 388. Mais comme il demandoit le rétablissement de l'autel de la Victoire, l'empereur le chaffa auffi-tôt de devant lui, le fit mettre dans un chariot & l'envoya à cent milles, avec ordre d'y demeurer ce jour-là. Symmaque fut auffi obligé de fe juf- Ibid. ep. 31. tifier d'avoir fait un panegyrique à Maxime; mais enfin Sec. v.6. 14 Theodofe lui pardonna, le traita bien, & le fit même conful en 3.91.

De Milan, Theodose alla jusques à Rome avec fon fils Honorius, qu'il avoit fait venir de C. P. & avec le jeune empereur Valentinien. Ils entrerent le jour des ides de Juin fous le confulat de Timafius & de Promo- Idac. Faft. tus, c'est-àdire, le treiziéme de Juin 389. Ce fut alors

Sym.

que l'idolâtrie reçût à Rome les plus grands coups. On Prud. 1. cond voyoit les plus nobles fenateurs embraffer le Chriftianisme, les Aniciens, les Probes, les Paulins, les Graques; le peuple couroit en foule au Vatican reverer les tombeaux des apôtres, où à Lateran recevoir le baptême. Il en reftoit peu qui fuffent attachez aux anciennes fuperftitions. Les temples étoient pleins de toiles d'arai- Hier ep.7. ad Las gnées, & tomboient en ruine; les idoles demeuroient

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