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par ce difcours, dit que le baptême n'étoit d'aucune utilité qu'il n'y avoit que la priere qui chaffât le demon familier, que chacun recevoit en naiffant avec la nature du premier pere. Que quand ce demon étoit chaffé par la priere, le S. Efprit venoit & montroit fa prefence fenfiblement & vifiblement, en délivrant le corps du mouvement de paffions, & l'ame de l'inclination au mal en forte qu'il n'étoit plus befoin ni de jeûne pour abatre le corps, ni d'inftruction pour regler l'efprit. Que celui qui étoit en cet état, voïoit clairement l'avenir, & contemploit la fainte Trinité avec les yeux. Alors Flavien dit à Adelphius ces paroles de l'écriture: Malheureux vieillard, tu es convaincu par ta propre bouche.

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Enfuite il tint concile avec trois évêques, qui appa- Phot. Cod. remment se rencontrerent à Antioche, & jufques à trente prêtres & diacres. Les trois évêques furent Byze de Seleucie, Maruthas de Sopharene vers la Mefopotamie, & Samus, dont on ne fait pas le fiege. Bien qu'Adelphius témoignât fe repentir, & renoncer à fon herefie, le concile ne laiffa pas de le condamner avec fes complices, & on les convainquit enfuite du peu de fincerité de leur abjuration. Car on découvrit qu'ils com muniquoient par écrit avec ceux qu'ils avoient condam nez comme Maffaliens, & reconnoiffoient être dans les mêmes fentimens. Flavien écrivit une lettre aux fideles de la province d'Ofroëne où étoit Edeffe, pour les informer de ce qui s'étoit paffé, & il y marquoit, que les hérétiques avoient été abbattus & anathematisez. Les évêques d'Ofroëne remercierent Flavien, & approu verent fa conduite: toutefois il ne laiffa pas de demeu rer un grand nombre de Maffaliens en Syrie.

Ceux qui en furent chaffez, fe retirerent en Pamphy Photibi lie. Mais S. Amphiloque évêque d'Icone en Lycaonie,

voisine de cette province, en délivra le païs, & assembla contre eux un concile à Side métropole de la Pamphylie, où vingt-cinq évêques fe trouverent avec lui. Ils écrivirent à S. Flavien d'Antioche une lettre fynodale, pour l'informer de ce qui s'étoit paffé. Dans les actes de ce concile, S. Amphiloque avoit fait inferer les propres paroles des heretiques, qui montroient clairement la difference de leur doctrine. Letoiïus évêque de Melitine en Armenie, écrivit à faint Flavien, pour s'informer des Maffaliens, & apprit comme ils avoient été condamTheod. iv. hift. nez én concile. Sur quoi Letoïus animé de zele, & voïant plufieurs monafteres infectez de cette erreur, les brûla & chassa les heretiques. Mais ils trouverent de la protection auprés d'un autre évêque d'Armenie, à qui S. Flavien fut obligé de s'en plaindre.

6.11.

XXVII.

Schifme d'Antio

Caroué.

Socr. v. e. 15. Soz. VII. c. 15.

Hier. Chr. an. 273

Le fchifme d'Antioche duroit toûjours. L'évêque ehe. Concile de Paulin mourut vers l'an 389. mais le peuple de fon parti ne voulut pas pour cela reconnoître Flavien : ils avoient un autre évêque, fçavoir le prêtre Evagre ami de faint Theod. v. . 23. Jerôme, fils de Pompeien, d'une famille illustre à Antioche. Paulin feul l'avoit établi dés fon vivant, violant en cela plufieurs canons. Car il étoit défendu à un évêque d'ordonner fon fucceffeur; tous les évêques de la province devoient être appellez à l'ordination, & trois au moins devoient y affifter. Les Occidentaux ne laifferent pas de reconnoître Evagre pour évêque d'Antioche, & de communiquer avec lui, comme ils avoient fait avec Paulin. Car ceux de ce parti reprochoient toûjours à Flavien qu'il avoit violé fon ferment: prétendant qu'étant prêtre, il avoit juré avec les autres, de ne point donner de fucceffeur à Melece pendant la vie de Paulin. Ainfi de part & d'autre, chacun s'appuïoit plus fur les défauts de l'ordination de fon competiteur, que fur la regularité,

regularité de la fienne. Il fe tint un concile de Capouë Ibid. n. 2.
en Italie, où on accorda la communion à tous ceux qui
profeffoient la foi catholique ; & quant au differend
d'Evagre & de Flavien, on en renvoya l'examen àTheo-
phile d'Alexandrie, & aux évêques d'Egypte; parce
qu'ils ne paroiffoient point préoccupez, n'ayant em-
braffé la communion d'aucun des deux.

Ambr,

Ambr. de inftit.

Mar. Merc. diß.

Le même concile de Capouë renvoya le jugement Epift. fynod. ap. de Bonofe évêque de Sardique, aux évêques voifins, V. not. in c. 5. principalement à ceux de Macedoine, avec Anyfius de ».35. Theffalonique leur metropolitain. Bonofe attaquoit, virg. comme Jovinien, la virginité perpetuelle de Marie, de 12. anath.n.15. prétendant qu'elle avoit eu d'autres enfans aprés la naif- p. 128, fance de J. C. dont il nioit même la divinité comme Sup.n.40. Photin; enforte que les Photiniens furent, depuis nom

Holften collec
R. p. 189.

mez Bonofiaques. Les évêques de Macedoine voulu- Gennad.atal. c.
rent renvoyer aux évêques d'Italie le jugement de Bo- 14-ad Audent.
nofe. Mais ceux-ci leur répondirent : Puifque le con-
cile de Capoue vous a donnez pour juges, nous ne le
pouvons plus être ; c'est vous qui avez l'autorité du con-
cile. On voit ici un exemple de la déference des évê-
ques pour leurs confreres, & de leur crainte d'entre-
prendre les uns fur les autres ; & cet exemple est d'au-
tant plus remarquable, que quelques-uns même entre
les Romains, attribuent au pape Sirice cette lettre des
évêques d'Italie. Anyfius de Theffalonique & les autres
évêques de Macedoine, jugerent enfin la caufe de Bo-
nofe; & refolurent que l'on recevroit ceux qu'il avoit
ordonnez par attentat, aprés avoir été interdit de fes
fonctions. Les évêques de Macedoine firent ce decret
contre les regles, par la neceffité du tems; de peur que
fes clercs demeurant avec Bonofe, n'augmentaffent le
fcandale.

Tome IV.

Ffff

Innoc. 1. ep. 22. n. s.

1

Evagre preffoit l'execution du concile de Capouë mais Flavien n'y vouloit point fatisfaire, ni fe foûmettre au jugement des évêques d'Egypte, au contraire il recommençoit à prefenter des requêtes à l'empereur, & en obtenoit des referits. Theophile d'Alexandrie en écrivit à S. Ambroise, qui lui répondit en ces termes : Ambr. p. 16. Evagre n'a pas fujet de preffer,& Flavien a fujet de craindre; c'eft pourquoi il évite le jugement. Qu'ils pardonnent à notre juste douleur, tout le monde est agité à caufe d'eux; & toutefois ils ne compatiflent point à notre affliction, & ne prennent point un parti conforme à .3. la paix de J. C. Et enfuite: On fatiguera encore de vieux évêques, ils quitteront les faints autels pour paffer les mers: ceux à qui leur pauvreté n'étoit point à charge, feront reduits à la fentir, ou à ôter les fecours aux autres * 4. pauvres. Cependant Flavien feul fe croit affranchi des loix ni les ordres de l'empereur, ni l'affemblée des évêques ne le peuvent obliger à fe prefenter. Nous ne donnons pas pour cela gain de caufe à notre frere Evagre; car nous voyons avec peine, que chacun s'appuye fur le défaut de l'ordination de fon competiteur, plûtôt que fur la regularité de la fienne. Et enfuite, il faut donc que vous preffiez encore notre frere Flavien afin que s'il continue dans fon refus, nous confervions la paix avec tous, fuivant le concile de Capouë, fans que la fuite de l'une des parties rende fon decret inutile. Au refte nous croyons que vous devez faire part de ceci à notre faint frere l'évêque de Rome, parce que nous ne doutons pas que votre jugement ne foit tel, qu'il ne puiffe le defaprouver; & c'eft le moyen d'établir une paix folide, fi nous fommes tous d'accord de ce que vous aurez decidé.

n. f.

2. 6.

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Theod. v. hift.c.z. Le pape se plaignit encore à l'empereur de la condui

te de Flavien. Vous abatez, difoit-il, les tyrans qui s'élevent contre vous, & non pas ceux qui attaquent les loix de J. C. Theodofe incontinent aprés fon retour à C. P. en Novembre 391. y avoit déja fait venir Flavien, & lui avoit ordonné d'aller à Rome, voulant fatisfaire aux instances du pape & des autres évêques d'Occident, qui les preffoient de faire ceffer le fchifme d'Antioche. Flavien s'excufa pour lors fur l'hiver, & s'en retourna chez lui, promettant d'y aller au printems prochain. Sur les nouvelles inftances du pape, l'empereur manda encore Flavien, & le preffa de partir pour aller à Rome. Alors Flavien lui dit hardiment: Si l'on m'accufe d'errer dans la foi, ou de mener une vie indigne du facerdoce, je ne veux point d'autres juges que mes accufateurs, s'il ne s'agit que de mon fiege & d'une difpute de préféance, je ne me défendrai pas, & je cederai la premiere place à qui la voudra prendre. L'empereur touché de cette generofité, le renvoïa gouverner fon églife. Evagre mourut peu de tems aprés, & Flavien Socr. . 15. fit en forte que l'on n'en mît plus d'autre à sa place: mais ceux qui avoient de l'averfion pour Flavien continuerent de tenir à part leurs affemblées.

22.

Soz. VII. c. I.

Sedition des

L'évêque Theophile s'appliquoit cependant à détrui- xXVIII. re l'idolâtrie en Egypte, où elle étoit fi enracinée. Il y païens d'Alexanavoit à Alexandrie un ancien temple de Bacchus, telle- drie. ment negligé, qu'il ne reftoit d'entier que les murail-Ruff. 11. hiß. c. les. Theophile jugea à propos de le demander à l'empereur Theodofe, pour augmenter le nombre des égli- Secr. v. c. 16. fes, à proportion de l'accroiffement du peuple fidele. L'aïant obtenu, il commença à le faire nettoier, & en ôter les idoles. Dans les lieux foûterrains & fecrets, que les paiens nommoient en grec Adyta, & qu'ils eftimoient facrez; on trouva des figures infâmes que léş Ffff ij

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