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à la communion. A quoi les évêques de ce concile ajoûterent: De ne s'être point prefenté devant nous pour être oui, & d'avoir fermé les portes des bafiliques avec le peuple, & avec des officiers pour nous empêcher d'entrer d'avoir rejetté injurieusement les députez, que nous lui avons envoyé.

:

AN. 394.

13′

Pour ces crimes & quelques autres qu'ils expriment outre ceux qu'ils difent, que la pudeur les empêche d'exprimer ; ils condamnent Primien, & avertiffent tous les évêques, les clercs, & les peuples d'éviter fa communion leur donnant toutefois un tems de fix moist pour fe declarer; favoir depuis le vingt-quatriéme de Juin, jour auquel ils rendoient cette fentence, jufques au vingt-cinquième de Decembre. On croit que c'étoit Fan 393. Ils écrivirent cette condamnation dans une lettre circulaire, qu'ils nommoient Tractoria, fignée de plufieurs d'entre eux, jufques au nombre de cinquantetrois. Aïant ainfi condamné & dépofé Primien, ils élû- Cont, Crefc. 111+ rent à sa place Maximien pour évêque de Carthage, ce « même diacre que Primien avoit condamné ; & il fut ordonné par douze évêques, qui lui impoferent les mains, en prefence du clergé de Carthage. Primien voyant fon adverfaire foûtenu par plufieurs évêques de la province proconfulaire, de la Bizacene & de celle de Tripoli, s'appuya de ceux de Mauritanie & de Numidie, outre ceux des autres provinces qui demeuroient dans fon parti: car il fut toûjours le plus nombreux. Il affembla donc à Bagaïa en Numidie un concile de in.c. Crefc.c.38. trois cens dix évêques, le huitiéme des calendes de IV.c. Crefe. c. 39 May, fous le troifiéme confulat d'Arcadius, & le fe- In Pf. 39 ferm. 2 cond d'Honorius, c'est-à-dire l'an 394. le vingt-quatriéme d'Avril. Dans ce concile Primien ne fe tenant point pour condamné, fut affis au second rang au nom

Cont litt. Pet. Të

10.

Cont. Crefc. 113.

c. 19.53.

De unit. Eccl.c.3.

n. 22.

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AN. 394

C. 19.

bre des juges. On condamna Maximien abfent, & Emeritus évêque de Cefarée en Mauritanie, dicta la sentence en ces termes : Comme par la volonté de Dieu 111. c. Crefc. c. 53. tout-puiffant & de fon Chrift, nous tenions le concile dans la Cité de Bagaïa, il a plû au S. Esprit qui est en nous, d'aflurer une paix perpetuelle, & de retrancher les fchifmes facrileges. Et enfuite: Maximien rival de la foi, adultere de la verité, ennemi de l'église nôtre mere, miniftre de Coré, Dathan & Abiron, a été jetté du fein de la paix par la foudre de.nôtre fentence. Le reste est du même ftile. Ils condamnerent nommément les douze évêques qui avoient ordonné Maximien, & en general tous les clercs de l'église de Carthage qui avoient affifté à fon ordination. Mais quant aux évêques qui ne lui avoient point impofé les mains, ils leur donnerent un delai de huit mois pour se réünir à eux, c'est-à-dire jusques au vingt-cinquième de Decembre: aprés ce jour ils ne feront plus recevables, & demeureront condamnez.

LV.

Auguftin avec S.

Paulin.

1. Retr. 4.2L

Ce fut dans ce même tems de fa prêtrife que faint Amitié de faint Augustin fit amitié avec S. Paulin depuis évêque de Nole, par l'entremise de S. Alypius, qui venoit d'être fait évêque de Tagafte fa patrie. Saint Alypius avoit connu Saint Paulin à Milan, lorfqu'il y fut baptifé, c'est-à-dire en 387. Aïant appris fa conversion, il lui envoïa vers l'an 394. cinq ouvrages de S. Augustin contre les Manichéens. C'étoit aparamment les livres des mœurs de l'église, du libre arbitre, de la vraie religion, de l'utilité de la foi, & des deux ames. S. Paulin en remercia Ap. Aug. ep. 24. S. Alypius, & le pria en même tems de lui écrire l'histoire de sa vie. Il accompagna cette lettre d'une autre pour S. Augustin, où il témoigne être charmé de ses ouvrages, & fe recommande à fes prieres; il leur en

Ep. 25.

:

à

woïe à l'un & à l'autre un pain comme eulogie; c'eft- à-dire, benediction. L'une & l'autre lettre porte le nom de Paulin, & de Therafia ou Therefe fa femme, qui avoit quitté le monde avec lui. Dans la lettre à Alypius, faint Paulin fe recommande aux freres qui font dans les églifes & les monafteres à Carthage Tagafte, à Hippone & en d'autres lieux; ce qui marque comme la vie monaftique étoit déja étenduë dans l'Afrique. S. Auguftin repondant à cette lettre, Aug. ep. 27. n. 4. dit entre-autres chofes : Ne vous laissez pas tant enlever à ce que la verité dit de moi, que vous ne fassiez attention à ce que je dis moi-même. De peur qu'en prenant trop avidemment la bonne nourriture que je fers aux autres, aprés l'avoir reçûë moi-même, vous ne penfiez pas à prier pour les pechez que je commets. Et enfuite II eft vrai, qui le peut nier? celui qui a reçû de plus grands dons de Dieu, eft meilleur que celui qui en a reçû moins; mais il vaut mieux rendre graces à Dieu d'un don mediocre, que de vouloir être loué d'un plus grand. Il promet enfuite la vie d'Alypius, que ce saint évêque n'avoit pû fe refoudre à écrire lui-même, & comme il lui envoyoit cette lettre par Romanien fon ancien ami; il lui recommanda Licentius fils de Romanien. Il ne pouvoit encore detacher ce jeune homme des biens fenfibles & des efperances du fiecle; ce qui lui donnoit de grandes inquietudes pour fon falut, comme on voit dans la lettre qu'il lui Ep. 20. écrivit à lui-même peu auparavant. S. Paulin étoit bien digne de l'amitié de faint Auguftin; fa famille étoit des plus illuftres de Rome; il avoit de grands biens en Uran Epift. inite Aquitaine, & étoit né à Bordeaux ; car les nobles Romains avoient de grandes terres dans les provinces, & y féjournoient quelquefois. Paulin qui fe trouve aufl

fine.

nommé Pontius & Meropius, fut fort instruit dans les lettres humaines par le fameux Aufone, qui cultiva toûjours fon amitié ; & il devint un des écrivains les plus Aufon. 10. init. polis de fon fiecle, pour la profe & pour les vers. Il parvint à de grandes charges, & jufqu'au confulat, quoifon que nom ne fe trouve point dans les faftes; sa femme avoit des richesses proportionnées aux fiennes, & il ne manquoit à leur profperité temporelle, que des enfans. Aprés en avoir long-tems fouhaité, il leur naquit un fils comme ils étoient à Complute en Espagne; Paul.poëm.15 fub mais il mourut au bout de huit jours; & ils le firent enterrer auprés des Martyrs. En cet état ils refolurent aprés y avoir long-tems penfé, de renoncer au monde, & de fe donner entierement à Dieu; la femme loin d'y refifter, y encouragea fon mari. Il fut baptisé par faint Delfin évêque de Bordeaux à l'âge d'environ trentehuit ans l'an 392. d'où il s'enfuit qu'il étoit de l'âge de faint Augustin, & né vers 354. Comme il avoit differé fon baptême jufques à fon entiere conversion; il embrassa auffi-tôt la vie monaftique, & fe retira en Espagne avec fon époufe, qu'il ne regarda plus que comme fa fœur. La retraite d'un homme fi illuftre fit grand bruit dans le monde : plufieurs le blâmerent, & entre autres fon ami Aufone, qui lui reprocha de fe laiffer gouverner fa femme, & d'être devenu atrabilaire: mais faint Paulin fçut bien lui répondre, & en vers comme Aufone lui écrivoit.

Auf. ep. 23. 25.
Ad Auf. ep.3.
Poëm 11. 12.

Paulin.

LVI.

à

Ad. Paulin.

par

Vigilance prêtre de l'église de Barcelone allant à JeJerome de faint rufalem; saint Paulin le chargea d'une lettre pour faint Jerôme, où il le confultoit fur la maniere dont il devoit vivre dans sa retraite ; & le felicitoit du bonheur qu'il avoit de vivre dans les faints lieux. Il lui envoyoit en même tems un difcours, qu'il avoit fait à la priere

Hier.ep.13.

d'un

ad Sever Gen

13.c.2

d'un de fes amis, pour la défenfe de l'empereur Theo- Paul ep 9 al.23. dofe contre la calomnie des payens; mais il ne l'avoit en pas publié. Vigilance fe trouva en Palestine, dans le Hier. in Virg.c.4. tems du tremblement de terre, que l'on croit être Id. ep. 13. c. 2 l'un de ceux qui precederent la mort de Theodofe vers la fin de l'année 394. S. Jerôme répondit à faint Paulin, & lui dit entre-autres chofes : Ne croyez pas que rien manque à votre foi, parce que vous n'avez pas vû Jerufalem; ni que j'en fois meilleur pour demeurer à Bethléem. La difference des lieux qui convient à vôtre deffein, c'est de quitter les villes & demeurer à la campagne. Jerufalem eft une grande ville qui a un confeil public, une cour, des officiers, des comediens, des bouffons, des courtifanes, tout ce qui eft dans les autres villes ; une grande foule de peuple, & un concours continuel de tous les pays du monde. Ainfi vous y trouverez tout ce que vous fuïez ailleurs.

30

Il lui marque enfuite la difference de la clericature c. 36 & de la vie monaftique: Si vous voulez, dit-il, exercer la fonction de prêtre ou d'évêque, vivez dans les villes & les bourgades, & travaillez à vôtre falut en procurant celui des autres. Mais fi vous voulez meriter le nom de moine que vous portez, c'est-à-dire, de folitaire; que faites-vous dans les villes, qui font les habitations de la multitude? Chacun a fes modeles; les évêques & les prêtres doivent imiter les apôtres & les hommes apoftoliques; nos chefs font les Pauls, les Antoines, les Hilarions; & pour remonter à l'écri ture, Elie, & les enfans des prophetes & les Recabites. Je vous prie donc, parce que vous êtes attaché à vôtre fainte fœur, & que vous n'êtes pas entierement libre; fuyez les affemblées, les repas & les devoirs de civilité. Ne mangez que le foir, & des chofes viles Tome IV. PPPP

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