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certain, eft que Julien fit préfet de Rome en 363. AproAN. 362. nien païen & ennemi des chrétiens. Celuy-cy en venant à Rome, perdit un œil, & crut que c'étoit par quelque malefice : ce qui l'excita à rechercher feverement les empoisonneurs ou magiciens. Or c'étoit un des prétextes, fous lefquels on perfecutoit les chré

Paulin epift. 28. ad Vitr.c. 26. Martyrol.. Aug.

tiens.

En Gaule un foldat nommé Victrice se presenta devant le tribun un jour folemnel, où les troupes étoient affemblées, & fe dépouilla de fes armes, déclarant qu'il renonçoit au fervice. Le tribun le fit fraper à coups de bâton, & déchirer avec des tests de pots caffez; & il le renvoïa au comte, qui le condamna à perdre la tête. Le boureau en le menant au fupplice, marquoit de la main l'endroit où il devoit fraper, quand il perdit fubitement la vûë. Victrice fut mis en prison avec des fers aux mains, qu'on luy ferra jufqu'aux os :il pria les miniftres de la prifon de le relâcher un peu; & comme ils le luy refuferent, il adreffa fa priere à Jesus-Chrift & ils virent les chaînes tomber d'elles mêmes. Ils n'oferent les remettre, mais ils coururent épouvantez raconter cette merveille au comte, qui fe convertit luy-même, & il laissa Victrice en liberté. Il fut depuis évêque de Rouen, & travailla puiffamment à la propagation de la foy dans toute la côte de l'Ocean, qui habitoient les Morins & les Nerviens. On compte auffi entre les martyrs de Gaule Eliphius de Toul, qui eft honoré à Cologne. Salluste ami de Julien, étoit alors préfet des Amm. xxc 8. Gaules: c'est à luy à qui il adresse l'oraison à la loüange du foleil, où il déploïe les ornemens de fa rhetorique, & les myfteres de fa théologie païenne: il le fit conful avec luy l'an 363. S. Hilaire écrivit un petit craité contre ce préfet Sallufte, & contre un medecin nom

Martyr. 16. Octobr.

Jul. Orat. 8.

Hier. fcript,

mé Dioscore, apparemment pour la défense de la reli- An. 362. gion chrétienne.

Id ad Magnun.

3. p. 310.

X X X II. Violence des Donatiftes en

Arique

Opiat. lib. 2.

Aug ad Dona.
Ep.10s. al 166.

En Afrique les Donatiftes profiterent de l'occafion. Ils prefenterent requeste à Julien : pour luy demander le rapel de leurs évêques bannis fous l'empereur Conftant, quand il envoïa Paul & Macaire en Afrique. Julien 2. n. 48. leur accorda facilement ce qu'ils demandoient, & ordonna qu'ils rentreroient dans les églises. Ils vinrent à main armée en prendre poffeffion, & commirent en divers lieux des meurtres & des violences fi atroces, que les juges fe crurent obligez d'en envoïer la relation à l'empereur. Felix évêque de Zabe & Janvier de Flumenpisce vinrent à Lemelle; où trouvant l'église fermée, ils firent monter fur le toît & ôter les tuiles; & comme les diacres catholiques défendoient l'autel, il y en eut plufieurs de bleffez & deux de tuez. Primose évêque catholique de Lemelle, fe plaignit de cette violence, dans un concile que les Donatistes tenoient à Tebeste, mais ils n'eurent point d'égard à fa plainte. A Thipase ville de la Mauritanie Cefariene, deux évêques Donatiftes de Numidie, Urbain de Formes & Felix d'Idicre, accoururent accompagnez de quelques officiers & du gouverneur Athenius, avec des enfeignes militaires. Ils chafferent le peuple catholique: blefferent des hommes, traînerent des femmes, en firent avorter quelques-unes, tuerent des enfans. Ils firent même jetter l'euchariftie aux chiens: mais les chiens devenus enragez le tournerent contre leurs maîtres, & les déchirerent à belles dents. On jetta par une fenêtrela fiole du faint Chrême, qui tomba entre des pierres fans fe caffer des religieufes furent corrompues en cette occafion; une entre-autres par l'évêque Felix,qui luy avoit luy-même imposé la mître, comme fon pere fpirituel.

:

AN. 362.

Op. liv. 6.

XXXIII. Confeflion de

Egypte

Cette mître étoit un bonnet de laine blanche orné de pourpre, que l'on donnoit en Afrique aux vierges confacrées à Dieu, pour marque de leur profeffion, comme

ailleurs le voile.

Les Donatiftes ôtoient à celles qu'ils attiroient à leur parti, les mîtres qu'elles avoient reçûës des évêques catholiques, & leur en donnoient d'autres. Ils exorcisoient les fideles pour les baptifer de nouveau: ils lavoient les murailles des églifes, brifoient les autels & en faisoient du feu ; car la plûpart en Afrique n'étoient que de bois: ils rompoient les calices facrez & les fondoient, pour les convertir à d'autres usages. En un mot, ils tenoient pour profane tout ce que les évêques catholiques avoient confacré, & c'eft pour cette raison qu'ils jettoient aux chiens leur euchariftie. Ils remettoient les diacres, les prêtres & les évêques au rang des laïques: ils impofoient la penitence aux vierges & aux enfans les plus innocens. Mais comme ces penitences n'étoient que pour la forme, ils n'y obfervoient point les tems reglez par les canons: l'un la faifoit pendant un an, l'autre un mois, l'autre à peine un jour.

Par toutes les provinces, les gouverneurs païens $ Apollonius en prenoient avantage de l'indignation de l'empereur, 14. pour maltraiter les chrétiens, pour exiger d'eux de groffes fommes, & leur faire fouffrir des tourmens: fachant bien qu'encore qu'ils excedaffent leurs ordres, ils n'en feroient pas repris. En effet, fi les chrétiens s'en plaignoient, l'empereur leur répondoit: La foufrance eft votre partage: c'est ce que votre Dieu vous Ruf vit, patr. recommande. En Egypte S. Apollonius vivoit depuis Pallad. Lauf. c. quarante ans dans le defert, avec un grand nombre de difciples. Aïant fçû que l'un d'eux avoit été pris pour

lib. 11. c. 7.

52.

C.

luy faire porter les armes malgré luy: car Julien faifoit

enroller les clercs & les moines : il alla dans la prison le AN. 362. confoler. Le centurion furvint, & indigné qu'Apollonius eût ofé entrer, il l'enferma dans la prifon avec ceux qui l'avoient accompagné à cette vifite, voulant les enroller tous: & fit renforcer la garde. Mais au milieu de la nuit, un ange éclatant d'une grande lumiere vint, & ouvrit les portes de la prifon. Les gardes fe jetterent aux pieds des Saints,les priant de fe retirer, difant qu'ils aimoient mieux mourir pour eux, que de refifter à la puifsance divine qui les protegeoit. Le matin le centurion luy-même, avec les perfonnes les plus confiderables, vint en hâte à la prifon, les priant tous de fortir; parce que la nuit un tremblement de terre avoit renverfé sa maison,& tué ses plus chers domestiques. Les saints fe retirerent chantant les loüanges de Dieu,& retournerent à leur defert. S. Apollonius vêcut encore long-tems, & fit plufieurs autres miracles: il demeuroit en Thébaïde prés d'Hermopole, & avoit fous fa conduite prés de cinq cens moines.

chaflé.

72.

Les païens d'Alexandrie ne laifferent pas long-tems XXXIV. S. Athanafe en repos. Cette ville paffoit pour facrée S Athanafe parmy eux, & dédiée au grand Serapis : toutes fortes Eunap.inÆdes, de facrificateurs & de magiciens, s'y affembloient, & y exerçoient toutes leurs impietez fous la protection de l'empereur: jufques à égorger des enfans innocens, de l'un & de l'autre fexe, pour regarder leurs entrailles, & manger de leur chair: ce qui fe fit auffi fous ce regne à Athenes, autre fiege de l'idolâtrie. Les Alexandrins Soc. 111. c. 13. confpirerent donc contre S. Athanafe, & reprefenterent Ruf I à l'empereur qu'il rendoit inutile tout leur art; qu'il corrompoit la ville & toute l'Egypte, & que s'il y demeuroit, il n'y resteroit pas un païen. Sur cet avis, Julien leur écrivit en ces termes: Celuy qui avoit été

c. 31.

Theod. 111. c. 9.

Ju!. epift 26.

AN. 362,

Epift. st.

chaffé par les ordres de plufieurs empereurs, devoit au moins en attendre un nouveau avant que de revenir. Car j'ay bien accordé aux Galiléens bannis par Conftantius d'heureufe memoire, le retour dans leurs païs, mais non pas dans leurs églifes. Cependant j'apprens que l'audacieux Athanafe a repris avec fa hardieffe accoûtumée le fiege qu'ils nomment épifcopal: au grand déplaifir du peuple pieux d'Alexandrie. C'est pourquoi je luy ordonne de fortir de la ville à l'inftant qu'il aura receu ma lettre: fous peine, s'il y demeure, d'un châtiment plus grand & plus rigoureux.

Le peuple chrétien d'Alexandrie écrivit à Julien, au nom de toute la ville, pour obtenir la confervation de S. Athanafe; & l'on voit combien Julien en fut irrité par la réponse: Quand vous auriez, dit-il, pour fondateur quelqu'un de ceux qui ont violé leur propre loy, & fouffert la peine qu'ils meritoient, pour avoir introduit une doctrine nouvelle: vous ne devriez pas demander Athanafe. Mais aïant pour fondateur Ale, xandre, & pour dieu tutelaire le roi Serapis, avec fa compagne Ifis la reine de toute l'Egypte : il est étonnant que vous ne fuiviez pas la plus laine partie de la ville, & que la partie corrompuë ofe prendre le nom de la communauté. J'ay grande honte par les dieux, que quelqu'un de vous autres Alexandrins fe confeffe Galiléen. Les peres des vrais Hebreux ont autrefois été efclaves des Egyptiens; & vous qui avez foûmis les Egyptiens, vous vous rendez efclaves de ceux qui ont méprifé les loix de leurs peres. C'est un reproche que les païens faifoient fouvent aux chrétiens, de n'être que des: Juifs deferteurs & revoltez contre leur loy. Julien continuë: Vous ne vous fouvenez point de votre ancienne felicité, lors que l'Egypte étoit en commerce avec les

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