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AN. 362. Greg. Naz. or. 3 p. 70. B.

Ceux qui prétendoient fçavoir son secret, difoient, qu'il avoit commencé par effacer fon baptême avec le fang des victimes, oppofant à nos faintes ceremonies celles que les païens croïoient leur fervir d'expiation; & prenant dans fes mains les entrailles des animaux immolez pour les purifier de l'euchariftie qu'il y avoit reçûë. Comme il étoit curieux obfervateur des entrailles des victimes : on dit qu'un jour il y vit une croix couronnée, c'est-à-dire, environnée d'un cercle. Tous les affiftans en furent épouvantés : mais l'arufpice qui préfidoit à cette action, dit que ce cercle qui entouroit la croix, marquoit que les chrétiens étoient pris & Prudenta enfermés de toutes parts. Une autre fois comme il sacrifioit plufieurs vaches àProferpine,le facrificateur s'écria que les ceremonies ne pouvoient pas avoir leur effet, & qu'elles étoient empêchées par la prefence de quelchrétien: demandant l'on fift retirer ceux qui que avoient été lavez & oints, c'est-à-dire, qui avoient reçu le baptême. L'empereur effraïé regarda de tous côtés, & reconnut que c'étoit un jeune homme de fes gardes, Celuy-cy ne le nia pas, il jetta fa demie pique ornée de pierreries & fe retira, laiffant l'empereur & le pontife en defordre.

Socr. FIT. C. 11.

Sup, liv. x1. n.

que

Julien fit dreffer à C. P. l'idole de la fortune dans la principale bafilique, luy facrifia publiquement, comSozom v c. 4. me au genie de cette ville, d'où Conftantin avoit banni l'idolatrie. Comme il facrifioit à cette idole, Maris évê

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Ibid. c. 3.

que

de Calcedoine luy reprocha publiquement fon impieté & fon apoftafie. Julien fe contenta de luy dire qu'il étoit aveugle: car fa vûë étoit affoiblie par fon grand âge, & on le menoit par la main. Et ton Dieu Galiléen, ajoûta-t-il, ne te guerira pas. Maris répondit: Jerends graces à mon Dieu de ce que je fuis aveugle,

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33.

pour ne pas voir un apoftat comme toi. Julien paffa AN. 362.
outre fans rien dire, pour montrer fa moderation. Il
ordonna que la coudée dont on fe fervoit pour mesurer
l'accroiffement du Nil fi important à l'Egypte, fût re-
portée dans le temple de Seraphis, d'où Conftantin l'a- Sup. liv. 19.0.
voit fait ôter pour la mettre dans l'églife. Julien hono-
roit particulierement Serapis, Ifis, Anubis. comme
l'on voit par fes medailles. Il eft fouvent représenté en
Serapis avec le boiffeau fur la tefte, & à côté fa femme
Helene en Ifis. Il écrivit plufieurs fois aux communau-
tez des villes pour les exciter à l'idolâtrie, favorisant
celles qu'il y voïoit portées, & leur offrant tout ce
qu'elles demanderoient. Au contraire, il témoignoit
toute forte d'averfion contre les villes chrétiennes : il
n'y entroit point dans fes voïages, & ne recevoit ni
leurs députations ni leurs plaintes..

Il avoit en tefte deux grandes entreprises, d'abatre
les chrétiens au dedans de l'empire & les Perfes au de
hors. Les chrétiens luy tenoient plus au cœur: mais il
n'ofoit les attaquer ouvertement, fachant leur prodi-
gieuse multitude. Elle étoit telle qu'on ne pouvoit les
attaquer même en fecret, fans expofer l'empire au ha-
zard d'un renversement univerfel: c'est ainsi qu'en parle
S. Gregoire de Nazianze. D'ailleurs Julien craignoit de
paffer pour un tyran & de fe rendre odieux : au contraire
il affectoit de paroître doux & humain, comme un
philofophe qui ne fe gouvernoit que par raifon. Il cher-
choit donc tous les moïens d'attirer l'affection des
ples, en revoquant ce que Conftantius avoit fait de
dur & d'injufte, rapellant les bannis, rendant les biens
confifquez, donnant à tous la liberté de leur religion..
Enfin il fçavoit que les chrétiens ne craignoient ni la
mort ni les tourmens ;,& il ne vouloit pas leur procurer

peu

IV.

Rapel des exilez

Greg. Naz. Id. p. 80. 4. 133. D.

or. 3.p.79. D.

Soc. 111.6.3.

72.

Greg Naz. p.

l'honneur du martyre: connoiffant par l'experience des AN. 362. perfecutions paffées, que plus elles étoient cruelles,

plus elles fortifioient le chriftianifme. Ce ne font pas Liban. or. 1c. feulement les auteurs chrétiens: c'est Libanius païen & grand admirateur de Julien qui explique ainì fes

p.ase.

Chr.Pafc.

Soz. 111 3. Sup. liv. XIII. n. 15

motifs.

Il voulut donc attaquer plus finement les chrétiens. Il rapella tous les évêques & tous les autres qui avoient été exilez sous Constantius à cause de la religion, sans distinction d'heretiques & de catholiques. Il en fit même venir quelques- uns dans fon palais, & les exhorta à fuivre hardiment chacun fa religion avec une entiere liberté. Ce procedé avoit un bel exterieur de clemence: mais Julien en ufoit ainfi, dit Ammian Marcellin, afin qu'aïant augmenté la divifion divifion par la licenil fût delivré de la crainte qu'il avoit eu d'un peuple réüni.

ce,

Les évêques catholiques profitant de cette liberté S. Melece revint à Antioche; Lucifer & S. Eusebe de Theod 111. c.4. Verceil partirent de la Thebaïde pour revenir à leurs églifes: mais S. Athanafe n'ofa fortir encore de fa retraite, parce que Georges étoit toûjours le maitre à Alexandrie. Les Ariens eurent la même liberté de revenit, & Aëtius en particulier fut rapellé avec honneur, parce que c'étoit l'amitié de Cefar Gallus frere de Julien Philoft. x. c. 4 qui luy avoit attiré la haine de Conftantius. Julien luy écrivit une lettre fort obligeante, le priant de le venir trouver & luy donna même une terre auprés de Mitylene en l'Isle de Lesbos. Il écrivit auffi à l'herefiarque Photin une lettre, où il le loüoit de ce qu'il nioit la divinité de J. C. & s'emportoit furieufement contre Diodore prêtre d'Antioche, & depuis évêque de Tarfe. Il ordonna fous groffe peine à Eleufius de Cyzique de

Jul. ep•31 •

Facund. lib. 4. p° 103.:64

faire

faire rebâtir dans deux mois l'Eglife des Novatiens, AN. 362. qu'il avoit abatuë fous Conftantius. Il favorifa les Donatiftes en Afrique, & prit le parti de tous les hereti- Inf. n. 31. ques, non feulement contre les Catholiques, mais contre les autres heretiques.

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V.

Terfecution

couverte.

Toutefois ceux qui profiterent le plus de cette liberté, furent les Catholiques; & les Ariens qui dominoient auparavant furent abaissez. Julien ayant apris que les Ariens avoient maltraité les Valentiniens à Ep. 43. Eceboľ® Edesse, écrivit en ces termes: J'ay résolu d'ufer avec tous les Galiléens d'une telle humanité, qu'aucun d'eux en quelque lieu que ce foit ne fouffre violence ; qu'il ne foit ni traîné au temple, ni maltraité en aucune autre maniere contre fa religion. Mais les Ariens infolens de leurs richesses ont attaqué les Valentiniens, & ont commis à Edeffe, des excés qui n'arriveront jamais dans une ville bien policée. Donc pour leur aider à pratiquer leur admirable loi, & leur faciliter l'entrée du royaume des cieux, nous avons ordonné que tous les biens de l'églife d'Edeffe lui foient ôtez, l'argent pour être diftribué aux foldats, les fonds de terre pour être réunis à notre domaine afin que devenant pauvres ils foient plus fages, & ne foient pas privez du royaume celefte qu'ils efperent. Tel fut le caractere de la perfécution de Julien:la douceur apparente & la dérifion de l'évangile. Il dit dans une autre lettre: Par les dieux, je ne yeux point que l'on faffe mourir los Galiléens y qu'on les frappe injuftement, ni qu'on leur faffe fouffrir aucun mal: mais je fuis d'avis, qu'on leur préfere les ferviteurs des dieux. La folie des Galiléens a pensé tout perdre, fi la bonté des dieux ne nous avoit confervez. Et dans une autre lettre: Nous ne permettons point de les traî- Ep. 5. Betr. ner aux autels : au contraire nous leur déclarons net

Tome IV

:

B

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Ep. 7 Artabio

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B.Jul. ep

cod. Th. de

coll. luftr.

,

AN. 362. tement, que fi quelqu'un d'entre-eux veut de fon bon gré participer à nos libations; il doit auparavant offrir des facrifices d'expiation & fe rendre les dieux propices. Tant nous fommes éloignez de vouloir ou de penfer qu'aucun impie prenne part à nos faints facrifices avant qu'il ait purifié fon ame par les prieres adreffées aux dieux & fon corps par les purifications legitimes. Un homme qui parloit ainsi, pouvoit bien avoir cherché les moyens d'effacer fon baptême. Mais en épargnant le fang des Chrétiens, il ne laiffa pas de les attaquer directement. Premierement il s'efforça de leur donner un nom méprifable en les appellant Galiléens, & il Greg Naz or.3 l'ordonna même par une loi. Enfuite il révoqua tous 1. Byfant-se les privileges que les empereurs Chrétiens avoient acsur.l.1. ibid. de cordez en faveur de la religion: comme l'exemption des charges publiques, dont les clercs joüiffoient, quoique décurions. Il ôta les penfions que Conftantin leur avoit données, aufli bien que celles des vierges & des veuves que l'église nourriffoit : car Conftantin en reglant les affaires des églises, leur avoit affigné un entretien fuffifant fur le revenu de chaque ville. Julien ôta ces penfions ordonnant même la restitution du paffé, dont l'exaction fe fit avec une extrême rigueur: mais tout fut rétabli aprés fa mort. Il fit auffi enlever l'or, l'argent, les vafes precieux & les autres richesses des églifes, fous prétexte de faire pratiquer aux Chrétiens la pauvreté évangélique ; & parce que l'évangile ordonne de fouffrir les injures & de fuir les honneurs, il défendit aux Chrétiens de plaider, de fe défendre en D'fenfe d'en- juftice, & d'exercer des charges publiques.

Soz. v. c. S.

Greg. Nax or

p. 86 D.

Ibid. p.

Soz. v. c. 10,

VI

3.

. c.

feigner & d'étu

dier.

Il paffa plus loin, & défendit aux Chrétiens d'enfeigner les lettres humaines : nous en avons encore l'orAmm. xxv.c.4 donnance où il en rend cette raifon. Que ceux qui en

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