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4 p. 12. C.

Bebylo to S. p.

469.

pre

AN. 362. pontife que celuy d'empereut. Il faifoit tous les jours, ce que les autres faifoient tous les mois: il faluoit le lever & le coucher du foleil par le fang des victimes: la nuit il offroit encore des facrifices aux démons nocturnes. Ne pouvant aller au temple tous les jours, à cause de fes occupations, il faifoit un temple de fon palais & de fon jardin. Non content d'affifter aux facrifices, il Greg. Nazor. les offroit de fa main, allant & venant, fendant le bois, soufflant le feu de fa bouche: portant les victimes, nant le coûteau pour les égorger, maniant leurs entrailles pour les confiderer; enforte qu'il en avoit les doigts enfanglantez. On voïoit accourir de tous côtez Chryft. 2. in S à fa cour des magiciens, des devins & des impofteurs de toutes fortes: le palais étoit rempli d'artifans des métiers plus fordides, d'efclaves fugitifs, de miferables qui aprés avoir été convaincus d'empoisonnemens & de malefices, avoient langui long-tems dans les prifons ou dans le travail des mines. C'étoit tout d'un coup des hierophantes & des pontifes venerables. L'empereur renvoïoit des gouverneurs de province & des magiftrats fans leur donner audience; & paroiffoit dans les ruës au milieu d'une troupe d'hommes effeminez, & de femmes prostituées : fon cheval & fes gardes marchoient loin derriere ; & ces infames environnoient l'empereur éclatant de rire, & tenant des difcours conIbid. p. 469.7.37 venables à leurs mœurs. S. Chrisostome qui raportoit ceci vingt ans aprés, voïoit bien qu'on auroit peine le croire : mais il en prend à témoin tous les auditeurs. Au refte, c'étoit le culte de Venus, de Cybelle & des. autres divinitez semblables,qui attiroit au tour de Julien tant de personnes infâmes: il ne fouffroit la débauche dans les autres que par religion; car pour fa perfonne les chrétiens ne l'en accufent pas, & les païens l'en juf

Amm
Mijop p. 69.

XXV, c. 4.

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tifient. Il est vrai qu'il fait affez entendre qu'il avoit ÁN. 362 quelque concubine en difant qu'il couche feul la plupart des nuits, car il n'avoit plus de femme : mais chez les païens ce n'étoit pas un reproche. Il mangeoit & dormoit trés peu, paffant la plus grande partie des nuits à étudier. Îl faifoit profeffion d'une philofophie auftere, qui méprifoit les délices & le foin du corps: il blâmoit les fpectacles, & n'y affiftoit que pour la forme, autant que fa religion & fa dignité l'y obli- Mijop. ss. 60. geoient, & comme Antioche étoit une ville délicieuse,

il attribuoit à son éloignement des plaisirs l'aversion qu'elle avoit pour luy.

4.

121.
Amm, XX11.c.14.

Seer, 111. c. 17.

Il fut extrêmement irrité de ces railleries. Car fa XLII. philofophie ne l'avoit pas encore délivré des paffions: Gogos. p. Mifopogon. particulierement de la colere. En rendant la juftice, il rempliffoit le palais de fes cris, comme s'il eût été la partie plûtôt que le juge. Quelquefois des gens de campagne l'aïant abordé en public pour luy faire quelque priere, choqué de leur rufticité, il les maltraitoit à coups de poing & de pied, enforte qu'ils s'eftimoient heureux de fauver leur vie. D'abord il menaça la ville d'Antioche de toutes fortes de mauvais traitemens: il dit qu'il n'y reviendroit plus,& qu'au retour de fa campagne il établiroit fa réfidence à Tarfe en Cilicie. Cependant il fe contenta d'une vengeance plus philofophique, & publia contre la ville d'Antioche une fatyre fous le nom de Mifopogon : qui veut dire en grec, ennemi de la barbe. C'est une ironie perpetuelle, où faifant femblant de fe railler luy-même, & de convenir de fes défauts il se moque en effet du peuple d'Antioche, & luy reproche tous les vices: mais ajoûtant beaucoup à la verité, comme dit Ammian luy-même. Il compofa ce discours en 363. sept mois aprés fon arrivée à Antioche. Pag. 362.n. 6.

Mifejor.p.66.

AN. 362.

P. 88.

Alisop. p. 67

71.

p. 74.

On ne peut nier que l'efprit n'y brille de tous côtez: mais la plupart de ces railleries ne font pas de notre goût; & en s'accufant d'être mauvais plaisant, il disoit peut-être plus vrai qu'il ne pensoit. D'abord il attaque fa barbe, & les petits animaux qui s'y promenent: puis fa tête mal peignée, fes grands ongles, fes mains fales, La poitrine veluë. Il paffe à fa vie dure, fon éloignement des fpectacles, fes veilles, fa fobrieté ; & leur oppose les délices d'Antioche, où il dit qu'il avoit plus de farceurs que de citoïens. Il leur reproche l'amour exceffif de la liberté, jusques à ne vouloir obéïr ni aux loix, ni aux magistrats, ni aux dieux, enforte que leur ville eft pleine de gens qui ne le connoiffent point; que ceux qui par complaifance viennent aux temples avec luy n'y gardent ni filence,ni modeftie. Au contraire il rend témoignage aux Atheniens, comme étant de tous les 2. 89. 90. hommes les plus religieux envers les dieux, & les plus honêtes aux étrangers. Il reproche à Antioche d'aimer. J. C. & de le prendre pour Dieu tutelaire, au lieu de Jupiter, d'Apollon & de Calliope. Il fe plaint que leurs vieilles fe profternent auprés des fepulchres, & font des vœux pour être délivrées de luy : par où il marque le culte des martyrs. Votre peuple, dit-il, me hait, parce qu'il a embraffé l'atheïsme, & qu'il me voit attaché à la religion de nos peres : les riches, parce que je les empêche de vendre trop cher : tous, à caufe des danfeurs & des theatres; non que j'en prive les autres, mais parce que je m'en foucie moins, que des grenouilles d'un marais. Et enfuite: Vous avez calomnié les villes voifines qui font ficrées, & fervent les dieux avec moy, les accufant d'avoir compofé ce que l'on a fait contre moy. Mais je fay qu'elles m'aiment plus que leurs propres enfans. Car elles ont rétabli les temples des dieux, &

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renversé

A

renverfé tous les fepulchres des impies, fi-tôt que j'en AN. 363. ay donné le signal; & par grandeur d'ame, ils ont fait contre les ennemis des dieux, plus même que je ne voulois. Il fe plaint de l'embrafement du temple de Daphné, dont il charge les chrétiens, & ajoûte: Mais dés avant cet incendie j'ay crû que le Dieu avoit abandonné temple: fa ftatuë me le fit fçavoir la premiere fois que j'y entray; & j'en prens à témoin le grand foleil con-, Sup. n.15. tre les incredules.

CC

XLIII.

ple de Jerufa

En haine des chrétiens, Julien favorifa les Juifs. Il Miracle au temleur remit des tributs que l'on avoit acoûtumé d'exiger d'eux, & en brûla les memoires; il en rejetta la haine Je fur les chrétiens domestiques de Conftantius. Il exhorta même leur patriarche Jule, qu'il traite de frere trésvenerable, d'empêcher que leurs apôtres n'exigeaflent, certains droits fur le peuple. Tout cela pour les mettre sup. liv. 11.ñ. plus en état d'offrir tranquillement leurs prieres au Dieu " auteur de l'univers, pour la profperité de fon regne: afin qu'à fon retour de la guerre de Perfe, il puiffe habiter avec eux la fainte cité de Jerufalem qu'il defire depuis long-temps de rebâtir, & y rendre gloire avec Chryf injud or. eux à l'Eftre fouverain. C'est la fubftance d'une lettre qu'il adreffa à la communauté des Juifs.

re

2. tom. 6. p. 334.

37.

C. 20.

Il leur avoit en effet promis de rétablir ́ Jerufalem. Car comme il aimoit les facrifices, aïant affemblé leurs chefs, il leur demanda pourquoi ils n'en faifoient point, Ruf. 1. bit.c. puifque leur loi l'ordonnoit? Ils répondirent qu'ils n'en Theod. wx. hift. pouvoient faire qu'à Jerufalem, & il leur offrit de bâtir leur temple, ce qu'ils accepterent avec grande joïe, croïant avoir trouvé l'occafion favorable de leur rétabliffement. Mais Julien avoit encore une autre vûë, il vouloit démentir les propheties; tant celle de Daniel, secr.. 10. qui porte que la défolation durera jufques à la fin, que DAN. :X. 27.

Tome IV.

M

Soc. v 6. 21.

AN. 363.

Math. XXIV. 2.
Amm. xxill. 6.

1.

4.p. 111.

celle de J.C. qu'il n'y demeureroit pas pierre fur pierre. Il fit donc venir de toutes parts les plus excellens ouvriers, & donna l'intendance de ce grand ouvrage à Greg. Nix, or Alypius un de fes meilleurs amis : le chargeant d'y faire travailler inceffamment fans épargner la dépenfe. Les Juifs accouroient de toutes parts à Jerufalem,infultoient aux chrétiens, & les menaçoient avec une infolence extrême; comme fi le tems étoit venu où leur roïaume devoit être rétabli. Leurs femmes fe dépouilloient de leurs ornemens les plus précieux, pour contribuer aux frais de l'ouvrage, y travailloient de leurs mains, & portoient la terre dans les pans de leurs robes. On dit même qu'ils firent faire pour ce pieux travail des pics, des pelles & des corbeilles d'argent. S. Cyrille évêque de Jerufalem, revenu de fon exil, voïoit tranquillement tous ces preparatifs, fe confiant à la verité infaillible des propheties; & il affeura qu'on en alloit voir l'accompliffement.

Theod. ibid. Ruf.bid. Socr.ibid.

Philoft.v11.c.14.

En travaillant aux fondemens, une pierre du premier rang fe déplaça, & découvrit l'ouverture d'une caverne creusé dans le roc. On y defcendit un ouvrier attaché à une corde; & quand il fut dans la caverne, il fentit de l'eau jufques à mi-jambe. Il porta les mains de tous côtez ; & fur une colomne qui s'élevoit un peu au deffus de l'eau, il trouva un livre envelopé d'un linge trés fin: il le prit & fit figne qu'on le retirât. Tous ceux qui virent ce livre furent furpris qu'il n'eut point été gâté. Mais leur étonnement fut bien plus grand; particulierement des païens & des Juifs, quand l'aïant ouvert, ils y leurent d'abord en grandes lettres ces paroles: Au commencement étoit le verbe & le verbe étoit en Dieu, & le refte: car c'étoit l'évangile de faint Jean tout en

tier.

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