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niens fe nommérent autoxlores ou aborigi nes, & qu'ils portoient un infecte d'or fur leurs têtes. Et Jule Cefar donna le même nom aux habitans des provinces interieures de la grande Bretagne. Mais il faut ranger cette opinion avec celle de la generation des geans: elles font également contraires aux principes d'une faine philofophie, & plus encore à ceux de la theologie qui nous enfeigne que tous les hommes defcendent d'Adam, que le monde entier fut enseveli dans les eaux du deluge, & que le genre humain ayant péri nous defcendons tous maintenant des fils de Noé qui furent confervés. Il n'y eut donc jamais de veritable autochthone, ou d'homme iffu de la terte qu'Adam; car la femme qui fut formée d'une de fes côtes en étoit éloignée d'un degré, & quoique fa production ne tienne rien de la generation, elle fut pourtant en un fens feminale. Car fi l'idée de tout l'animal eft contenue dans chaque partie d'ou coule la femence, Adam étoit en raccourci dans la côte qui étant animée constitua la premiere femme. Ainfi cette opinion) touchant l'origine de l'homme & le commencement du monde a plus d'analogie avec fa fin. Car l'homme alors fera veritablement reproduit de la terre; les tombeaux poufferont des femences cachées, & les hommes germant de nouveau for

tiront une feconde fois du chaos.

D'autres dans leurs recherches fur l'ori gine des chofes ou celle du genre humain, fans s'arrêter à la chronologie fe font fon dés fur les conjectures des philofophes. C'eft ainfi que les fcythes & les égyptiens fe difputant l'ancienneté de leur nation, ceux-ci s'appuyerent fur la fertilité de leurs terres, & conclurent que les hommes s'etant établis où ils avoient trouvé plus abondamment de quoi fe nourrir, l'Egy pte qui étoit la plus fertile des regions étoit auffi la plus ancienne.

Les fcythes quoi que plus pefans & plus phlegmatiques raifonnoient plus jufte, ils tiroient leurs preuves des deux élemens actifs l'eau & le feu, qui font les principes de toutes choses. Car, difoient-ils, s'il y eut d'abord une confufion de toutes chofes, & fi le feu prédominoit, il fuit que la partie la plus froide de la terre fe découvrit la premiere comme elle fut la premiere capable de recevoir des habitans. Mais fi au contraire toute la terre fut d'a bord envelopée fous les eaux, il eft conftant que les parties les plus élevées ont dû paroître les premieres. Or ils prouvoient que tel étoit le pays qu'ils habitoient. Ces raifons qui prouvoient contre les égyptiens ne prouvoient pas en effet que les fcythes fuffent très anciens. Car, au rap

port d'Herodote, ils ne comptoient que deux mille ans depuis leur premier roi Pargitaus jufqu'au tems de Darius.

Les égyptiens inventerent un autre moyen pour établir leur antiquité. Selon le même Herodote, Pfammitichus fit élever par des chèvres deux enfans qu'il fépara de tout commerce avec les hommes; de là il concluoit que la nation dont ces enfans parleroient la langue, devoit fans contredit être reputée la plus ancienne. Mais il oublia que la parole vient par inftruc tion, & non par inftinct, qu'elle a fa fource dans l'imitation, & non pas dans la nature, & que les hommes à cet égard ne font qu'une efpéce de perroquets qui expriment d'abord les idées des chofes par les termes fimples qu'on leur a appris, que par la réflexion ils en forment enfuite des propofitions, & qu'enfin ils arangent avec le même fecours les propofitions pour en former des raifonnemens fuivis. Et quoi que la chronologie de Manethon égyptien remonte fort haut, & qu'il foit certain que cette région fut peuplée par Mitzraïm, nom que les juifs donnent encore à l'Egypte; quoique l'écriture même rapporte fouvent des chofes d'où l'on peut inferer une grande antiquité; il eft certain pourtant qu'elle n'eft point démontrée par la partie éxacte de leur chronologie. Car Pro

que

Sal

lomée auffi égyptien ne commence fon calcul aftronomique qu'à Nabonassar quelques fçavans croyent le même que manafar. Si l'on pese bien l'argument qu'ils tiroient de la fertilité de leurs terres, on verra qu'il détruit plus tôt leur antiquité, qu'il ne l'établit, du moins s'il eft vrai que cette région fi fertile ne fut autrefois qu'un grand lac, ou même une partie de la mer, dont les eaux bourbeufes du Nil avoient enfin après un long espace de tems formé des terres fermes & habitables, comme le dit Herodote fur la tradition des égyptiens, & fur des inductions très-vraisemblables: enforte que cette région se nommoit flavii donum prefent du fleuve.

Enfin, il y a à la verité des peuples dont les regiftres remontent fort loin; mais les plus exacts d'entr'eux ne prouvent point qu'ils aillent jufqu'au commencement du monde, & rien n'y indique l'époque de la création. Les plus authentiques font ceux des chaldéens, qui pourtant au tems d'Alexandre ne remontoient pas jufqu'au deluge. Car Ariftote, au rapport de Simpli cius, ayant chargé Callifthene qui accompagnoit Alexandre à Babylone, d'éxaminer leurs registres, Callifthene trouva q'u'il ne remontoient que jufqu'à 1903 ans, qui étoit 95 ans au deffous du deluge.

Les peuples d'Arcadie ont toujours paffé

pour très anciens, & l'on difoit d'eux en pro verbe qu'ils éxiftoient avant la lune, lune gens prior illa fuit, dit Ovide : fidus poft veteres Arcades editum, dit Seneque. Mais ces expreffions, fuivant la remarque de Cenforin, fignifioient feulement que ces peuples avoient mefuré le tems par des an nées lunaires, même avant les grecs.

Puis donc que nous ne pouvons tirer des payens aucun éclairciffement fur cette matière, il ne nous refte qu'à confulter ceux qui ont bâti fur la chronologie de Moyfe, lequel diftingue éxactement les tems par des époques extremément remar quables; comme depuis la création jusqu'au deluge; depuis le deluge jufqu'à la naiffance d'Abraham, depuis la naiffance d'Abraham jufqu'à la fortie de l'Egypte &c. Or nous ne pouvons compter dans cette claffe que les juifs, les famaritains, les chrétiens. Pour ce qui regarde les juifs, ils ne s'accordent point dans leur calcul, ainfi que Bodin l'a remarqué de Baal Seder, de rabbi Naffom, & de quelques autres qui ne font monter l'âge du monde qu'à 5400 ans. Cette diverfité eft encore plus frapante dans Philon & dans Jofeph qui ne s'accordent point entr'eux fur la durée des intervalles convenue entre les autres auteurs de leur nation. Philon ne compte que 920 ans depuis la fortie d'Egypte juf

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