feroit montré à ces climats fur fon declin. Et fi nous prenons à la lettre ce que Moyfe a écrit conformément aux idées populaires, tel fut l'état du premier jour. Car quand le foir fut arrivé dans un cer. tain degré de longitude, il fut en même tems matin pour d'autres, & lorfqu'il fut nuit pour les uns, il fut jour pour ceux qui leur étoient oppofés. Ainfi la queftion fi: le Sauveur apparoîtra dans fon dernier avenement à la pointe du jour, de même qu'il eft reffufcité à la pointe du jour, ou s'il viendra pendant la nuit comme un larron, ou fuivant la tradition des juifs à la même heure qu'ils fortirent de l'Egypte ; cette question dis-je eft également inutile. Car fi la terre eft prefque toute entiere has bitée, & qu'il doive.fuivant le témoignage de l'écriture, fe prefenter en même tems à toutes les nations, il apparoîtra de jour & de nuit par rapport aux uns & aux aut tres. Si par exemple il fe manifefte de nuit à ceux de Jerufalem, lou à rels autres peus ples que hom voudra, il fera jour alors pour leurs antipodes. Si c'eft la pointe du jour par rapport à eux, le jour fera fort avancé dans les Indes, & ainfi des autres par rapport à leur differente fituation. Ainst quand il apparoitroit pendant la nuit, rien n'empêcheroit que l'on n'appellât ce tems le jour du jugement, parce que le mot em " porte la revolution d'un jour & d'une nuit, ou un jour naturel, Si pourtant il faut prendre à la lettre les paroles de l'apôtre, nous 'ferons changés en un clin d'œil, & fuivant les fcholaftiques, la deftruction de l'univers ne fe fera pas fucceffivement, mais dans un inftant. On ne peut donc employer ici les diftinctions reçues du tems, puifque le tems même n'aura plus d'exiftence, & -qu'ilpfera abforbé dans l'éternité. 3; Mais fi l'on demande quelle faifon il étoit dans une région particuliere au tems de la création, & que l'on fe fixe à la Mefopota mie, où l'on prétend qu'étoit fitué le paradis terreftre, la queftion deviendra plus -fenfée, & l'on peut y répondre abfolument; car elle a encore fes difficultés. Les uns tiennent pour le printems, comme Henri Philippi dans fa chronologie de l'écriture, lequel s'appuye de l'autorité d'Eufebe, de S. Ambroife, de Bede, & de Theodoret. D'autres veulent que le monde ait été créé sen autoine; & cleft de cette faifon que nos chronologiftes, comme Scaliger, Helvicus, & le P. Petau commencent leur calcul. v barey CHAPITRE III. De la divifion des quatre faifons de l'année Jelon les aftronomes & les phyficiens. L y a deux diftinctions remarquables Ith qua touchant la divifion de l'année en faifons. La premiere dont ufent les aftrono es fe fait par l'interfection cardinale du zodiaque, c'est-à-dire par les deux êquinozes, & les deux folftices. Ainfi nous avons le printems, quand le foleil paffe de l'équi noxe du belier au folftice du cancer; nous avons l'été, quand il paffe de ce folftice à l'equinoxe de la balance; d'automne quand il palle de cet équinoxe au folftice du ca pricorne, Bel'hyver quand shrevient de ce folstice à l'équinoxe du belier. Or cette divifion toute reguliere qu'elle eft ne peut sêtre univerfelle; car elle ne renferme .pas les climats qui ont des faifons doubles comme toutes les regions qui font fous l'équateur,sou entre les deux cropiques; le foleil leur étant vertical deux fois l'année, & formant pour eux deux étés differens dans les deux points differens de fajverticalité. Ainfi les habitans des regions fituées fous l'équateur ont leur été lorfque le foleil eft dans l'équinoxe, pendant que les habitans des régions feptentrionales ont leur printems, ou leur automne, &c. Hippocrate, & la plupart des anciens grecs ont obfervé une divifion bien plus fenfible. Ils ont partagé leurs faifons fuivant les changemens ordinaires & fenfibles de l'air. Leur printems commençoit au -point équinoxial du belier; leur été au lever des pleiades, leur automne au lever d'ariturus qui eft entre les jambes du bootés, & leur hiver au coucher des pleiades. Ils furent obligés de fubdivifer les deux plus grandes divifions qui étoient inégales, fçavoirles quartiers d'été, & d'hiver. Ils nommérent la premiere partie de l'été Tags, la feconde qui s'étendoit jufqu'au lever de la canicule, apa, & la troifiéme qui s'étendoit jufqu'au coucher d'arcturus, inŵpa. Ils partageoient de même l'hyver en trois parties: la premiere dans laquelle on femè les grains, ropebor, la feconde qui étoit le veritable hiver, xsiμr, la troifiéme dans laquelle ils plantoient & inoculoient les arbres, quruniar. Telle fut la divifion reçue dans les anciens tems, divifion dont ufent fouvent les poetes, qui a paffé des grecs aux latins, & que les medecins retiennent encore aujourd'hui. : Il eft certain que cette divifion n'a rien qui la rende recommandable. Les étoiles, comme nous l'avons déja expliqué ailleurs varient dans leurs longitudes, & par confequent pour le tems de leur lever & de leur coucher. Et l'étoile qui eft le point fixe du calcul, change sa fituation & fa longitude d'occident en orient, prefque d'un degré dans l'efpace de 72 ans ; enforte qu'elle eft reculée de 27 degrès depuis qu'Hippocrate a établi, cette divifion. D'où il refulte une prodigieuse variation dans le calcul qui eft fondé fur le tems du lever & du coucher de cetre étoile.. D'ailleurs fi l'on a égard aux differens degrés de latitude, cette regle ne peut être generale. C'est le coucher des pleiades qui dans cette divifion annonce l'automne & le commencement de l'hiver; or ce calcul devient inutile pour toutes les regions fituées au delà des 67 degrés, puifque les pleiades ne fe couchent jamais par rapport à ces regions. Et nous tomberons en d'étranges abfurdités, fi nous donnons la même étoile pour point fixe à des regions qui ont des latitudes differentes; car nous fuppoferons que l'été eft déja arrivé dans les pays feptentrionaux avant qu'il le foit pour des pays beaucoup plus meridionaux, & qui font plus voifins du foleil de plufieurs degrés. En effet fi nous examinons la fphére, nous verrons que les pleiades qui au 40 degré de latitude fe levent dans le fei ziéme degré du taureau, au so degré de latitude fe levent dans l'onzième degré du même figne, c'est-à-dire cinq jours plus |