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rapport aux globes célestes eft fujette à: tant de variations, & de relations differentes, & chaque chofe même en eft fi fufceptible par rapport à toutes les autres, que toute regle generale ne peut qu'induire en erreur, & que la meilleure fera tou jour celle qui aura égard à toutes les cir conftances: ce qui demande au refte les genies les plus circonfpects tout à la fois & les plus pénétrans.

CHAPITRE IV.

Des opinions touchant certains jours de l'année.

I

L y a des opinions populaires touchant certains jours de l'année, & le peuple tire des conféquences de certains jours des mois, parce qu'il s'eft imaginé que les jours augmentent & diminuent également pendant toute l'année : ce qui pourtant eft con traire à la verité. En effet les jours augmen tent prefqu'autant dans le feul mois de mars que dans les deux précédens, & di minuent autant dans le mois de feptembre que dans ceux de juillet & d'août; car les jours augmentent ou diminuent à proportion que le foleil decline vers le nord ou vers le fud. Or cette declinaifon n'eft pas égale en tout tems. Près des fections équinoctiales elle eft directe & plus grande; près des folftices elle eft oblique & moin

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dre, depuis l'onziéme mars, par exemple, ou depuis le 21, qui eft l'équinoxe du printems jufqu'à ce même jour du mois d'avril, le foleil decline vers le nord de onze degrés, & depuis ce jour jufqu'au même du mois de may il ne decline que de huit, & de là au folftice d'été, il ne decline que de trois & demi. Or tous ces degrés font enfemble vingt-trois degrés & demi; ce qui eft la plus grande declinaifon du foleil. Et cette inégalité de la declinaifon du fo leil fur le zodiaque s'accorde avec l'accrois fement & le declin de l'homme. Car au fortir de l'enfance il n'avance pas égale ment vers la perfection, & lorfqu'il est fur le declin, il ne tombe pas également jufqu'à ce qu'il meure. Car, fuivant l'expreffion d'Hippocrate, l'homme eft dans fon plus haut degré de chaleur le premier jour de fa vie, & celui de fa plus grande froideur eft le jour de fa mort. Sa chaleur naturelle augmente d'abord rapidement, & s'éteint de même, quand il tire vers fa fin. Ainfi, quoiqu'il foit vraisemblable que l'homme ne ceffe point de croître jufqu'à vingt & un an, il avance pourtant plus dans les fept premieres années & de là jusqu'à quatorze, que de quatorze à vingt & un. Car la grandeur à laquelle nous arrivons à l'âge de fept ans, il eft rare que nous l'ayions doublée à l'âge de 21. nous dimi

nuons à peu près dans la même proportion. D'abord nous ne nous appercevons qu'à peine de notre declin; mais dans la fuite nous tombons d'une maniere plus fenfible, jufqu'à ce qu'enfin arrivés près du terme ordinaire de la vie humaine, nous nous trouvons tout-à-coup au tombeau. Nos progrès dans la matrice font à peu près les mêmes. A la formation fuccede le mouvement, après quoi nous faifons des efforts pour fortir. Nous fommes formés en peu de tems; ce n'eft qu'après plufieurs mois que nous paroiffons nous remuer, & nous ne voyons le jour que long-tems après. Car, s'il en faut croire Hippocrate & Avicenne, le tems où nous commençons à nous mouvoir eft double de celui de notre formation, & le tems de notre fortie eft triple du premier, c'est-à-dire que fi l'enfant eft formé le 35 jour, il fe remue le 70, & fort le 210, ou le fep tiéme mois. S'il n'eft formé que le 45 jour, il ne fe remue' que le go & ne fort que le 270, ou le neuvième mois. D

Le peuple tire encore des pronoftics de certaines fêtes du calendrier, & il augure bien ou mal de certains jours du mois, telle eft cette opinion prefque generalep 'ment établie dans toute l'Europe, que fi le jour de la purification de la fainte Vierge le foleil luit, le reste de l'hyver fera rigou

que

l'on a

reux, & c'est à cette occafion fait ce diftiquerimod est Süsiv Si fol Splendefcat Marià purificante Major erit glacies post feftum quam fuit ante. C'eft encore un ufage en Angleterre que de characterifer les douze mois de l'année par les douze jours qui précedent & qui fuivent la fête de Noel, & d'attribuer au mois de mars certains jours que l'on emprunte du mois d'avril, ce qu'en France on appelle la lune rouffe. On s'imagine fouvent avoir fait ces obfervations foi-même, quoi qu'au fonds ce foit une tradition toutà-fait mal fondée.

Or il eft évident que les calculs & les calendriers de ceux qui donnene dans ces opinions font très differens; les grecs different des latins, & les latins entr'eux; les uns obfervant le calendrier julien comme les Anglois & plufieurs peuples d'Allemagne, les autres fuivant le nouveau ftile, ou le gregorien, comme les françois, les efpagnols, les flamands, les italiens. Or ce ftile devance le premier d'onze jours, enforte que ces jours font déja expirés pour ceux-ci, tandis qu'ils ne font pas encore arrivés pour ceux-là, & cependant on tire les mêmes prognoftics de ces deux calculs tout differents qu'ils font. Ainfi ces prétendus oracles que nos peres Tome II,

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nous ont tranfmis, n'ont d'autre fondement que la foibleffe des hommes, qui trompés une fois ne peuvent être ramenés à la verité par le chagement des circonftances.

Combien de peuples font encore dans l'erreur au fujet de certains tems qu'ils obfervent avec fuperftition, & de certains jours, ou certaines heures dans lesquelles ils imaginent quelque fatalité. Les égyptiens mettoient deux jours de chaque mois au rang des jours funeftes; & les romains plaçoient dans cette claffe les jours qui fuivoient immediatement les nones,les ides & les calendes. Les navigateurs encore, fuivant la remarque de Rhodigin, tombent dans une erreur femblable, lorfqu'ils regardent comme des jours malheureux le 1 & le de mars, les & le 6 d'avril; le 6, le 12 & le 15 fevrier. En effet les obfervations que l'on fait aujourd'hui different des anciennes; elles varioient même dans les fiècles précedens chés plufieurs nations. Il fe peut encore qu'en fuivant le même calendrier, en apportant la plus grande attention, les navigateurs fe trompent fur ces mêmes jours; c'eft ce qui arriva à ces Hollandois, qui pour faire le tour du monde par l'occident, ayant paffe le détroit de le Maire trouvérent en arrivant dans leur patrie qu'ils avoient perdu un jour. Que deux hommes partent'en mê

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