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me tems du même endroit pour faire le tour de la terre; fi l'un tourne vers l'orient, & l'autre vers l'occident, & qu'ils fe rencontrent au même endroit dans le même tems, il arrivera que celui qui aura marché vers l'orient, en anticipant chaque jour fur le mouvement circulaire du foleil, aura gagné un jour; tandis que celui qui aura fait le tour du monde par l'occident, en fuivant le mouvement du foleil, aura perdu un jour. Ainfi de ce que les deux aigles que Jupiter lâcha l'une vers l'orient & l'autre vers l'occident, fe retrouvèrent à Delos d'où elles étoient parties; on ne devoit pas en conclure que cette ifle fut exactement fituée au milieu de la terre.

CHAPITRE V.

Digreffion fur la fageffe de Dieu par rapport au mouvement & à la position du foleil.

Ous avons relevé les erreurs qui regar

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dent la mesure des années & des faifons qu'il nous foit permis maintenant d'admirer la fageffe du créateur par rapport à cet aftre lumineux, que quelques auteurs nomment la veritable mesure de toute durée. Que les idolâtres adorent le foleil à caufe de fa beauté, & que tous les homl'admirent pour fes influences favorables, nous nous contentons de le celebrer par

rapport à ce qui releve davantage la fageffe du Créateur, & nous fuivrons le plan que Valerius medecin efpagnol nous a tracé dans fa philofophie facrée.

Nous admirerons en premier lieu la providence du Créateur, qui n'a point fait du foleil une étoile fixe; car fi le foleil avoit été immobile il n'auroit point diftingué, comme il fait, les jours & les faifons. Elles font en effet reglées par les mouvemens du foleil. Lorfqu'il approche de notre zenith ou point vertical, il fait notre été, lors qu'il eft dans fon apogée, il fait notre hiver, lors qu'il eft dans l'intervalle de ces deux extremités, il fait notre printems. ou notre automne. S'il avoit été immobile, il n'auroit point formé cette diverfité; il auroit caufé pour la plupart un. hiver ou un été éternel. Les habitans d'une partie du globe terreftre auroient eu un jour que la nuit n'auroit jamais fuivi, tandis que d'autres auroient paffé leur vie dans une éternelle nuit. Car c'eft le foleil qui fait le -jour en fe montrant fur chaque horizon, comme il fait la nuit en paffant aux antipodes de chaque horiz on. Un foleil en ce cas n'auroit pas fuffi; il en eût fallu un fecond pour éclairer l'autre hemifphere: inconvenient inévitable, dans quelque fituation qu'il eût été fixé, foit aux poles., foit entre les poles. Car il eft impoffible

qu'un corps fpherique de quelque grandeur qu'on le fuppofe, puiffe éclairer tout entier un autre corps fpherique; l'optique nous apprend qu'il n'en peut éclairer qu'un peu plus de la moitié.

Mais la fageffe du Créateur éclate fur tout dans cette ligne qu'il a marquée au foleil pour fes revolutions, & qu'il a menagée avec tant d'intelligence que cet aftre fuffit à éclairer fucceffivement toutes les parties de la terre; nous nommons cette ligne l'écliptique. Or il n'y avoit pas d'autre maniere de produire le même effet. Suppofons d'abord que le foleil marche fur une ligne droite, & plaçons cette ligne fur l'équateur, ou fur quelqu'un des cercles qui lui font paralleles (car fi nous la placions ou dans les meridens, ou dans les colures, outre que le mouvement de l'orient à l'occident feroit renversé, c'eft qu'il en refulteroit les mêmes inconve niens) le foleil dans cet hypothese ne se montreroit qu'à l'un des deux poles, c'eftà-dire au pole qui en feroit le moins éloigné; & là il feroit un jour perpetuel, tandis que le pole oppofé feroit abandonné à une éternelle nuit. L'un feroit brûlé par des chaleurs fans fin, l'autre fentiroit les rigueurs d'un froid perpetuel, Et ce défaut d'alternative empêcheroit la production de toutes chofes, ou les détruiroit, Suppofons

en fecond lieu que le foleil parcourt l'équateur, en ce cas ceux qui ont le pole pour zenith, n'auroient ni lumiere ni obfcurité parfaite, car il entrecouperoit leur horizon, ou plutôt il cauferoit une nuit éternelle. Car bien qu'il entrecoupât cet horizon par rapport à l'horizon rationel qui partage le globe en deux hemifpheres, il ne feroit point vifible par rapport à chaque horifon particulier. En effet fi l'on peut ajouter foi à ce qu'affurent des témoins oculaires, qu'à cause de la convexité de la terre, l'oeil de l'homme fitué fur l'équateur ne peut découvrir les poles, il fuit de là que placé aux poles il ne pourroit appercevoir le foleil fur l'équateur. Ainfi toutes les regions fituées près des poles éprouveroient une sterilité perpetuelle, car le foleil ne luiroit fur elle quh'orizontalement, ou du moins dans un degré d'élevation qui feroit inutile. D'ailleurs le foleil feroit bien le jour & la nuit pour ceux qui habiteroient fous l'équateur, mais il ne varieroit point leurs faifons. Comme il ne s'éloigneroit jamais d'eux, ils auroient un été perpetuel, & la terre ne produiroit rien pour eux ni pour leurs antipodes. Ainfi ces terres ne feroient point habitables, comme la plupart des anciens fe l'étoient perfuadé.

Enfin, fi le foleil avoit parcouru l'é

quateur, de quelque maniere qu'on fe l'imagine, il auroit bien fait les jours, mais non pas les années; car il n'auroit point eu ce double mouvement que nous lui at tribuons, l'un de l'orient à l'occident qui fait les jours; l'autre de l'occident à l'orient qui fert à mefurer les années. En effet fuivant la veritable aftronomie les poles de l'équateur font les mêmes que ceux du premier mobile. Or il eft impoffible que ces deux mouvemens dont les termes font oppofés fe faffent en même tems fur un même cercle & dont les poles feroient les mêmes. Mais toutes ces difficultés s'évanouiffent, fi nous donnons au foleil un mouvement oblique dans fon cours annuel, & que nous fuppofions qu'il parcourt les poles du zodiaque qui font éloignés de 23 degrés & demi des poles de la terre. D'où il refulte que fon mouvement devoit être oblique, & ne pouvoit le faire fur un cercle parallele à l'équateur, ou fur l'équateur même.

Indiquons maintenant les inconveniens qui feroient arrivés, fi le soleil s'étoit détourné de la ligne oblique où la fageffe du Créateur l'a placé. Si cette obliquité en premier lieu avoit été moindre; fi par exemple au lieu d'être de 23 degrés & demi, elle n'avoit été que de douze ou de treize degrés, la viciffitude des faifons, fi necef

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