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au chefd'œuvre de fa puiffance des parties fuperflues.

L'usage du nombril est de nourrir le fœtus, par la communication qu'il établit entre la mere & lui. Les vaisseaux dont il.eft compofé font la veine umbilicale qui est une branche de la veine porte, & qui aboutit au foye de l'enfant, puis deux arteres, & l'uraque ou le ligament qui fort du fond de la veffie, par où le fœtus vuide la partie aqueufe de fa nourriture. Or quand il fort de la matrice, quoiqu'il écarte & qu'il déchire les peaux qui l'envelopoient, ces vaiffeaux pourtant reftent dans leur entier, & tiennent l'enfant attaché à la matrice, même quelque tems après qu'il en eft forti. Alors on le coupe, & on le noue près du ventre, ce qui fait ce trou que nous nommons le nombril. Or le nombril étant une partie qui fuit notre naiffance, on ne doit pas la fuppofer dans Adam qui fut formé par le Créateur; ni dans Eve qui fut formée d'une partie d'Adam.

Si, de ce que nous avons cette partie nous concluons qu'Adam l'avoit auffi, notre conféquence n'eft pas foutenable. Ćar fi nous penfons qu'il a été produit de la même maniere que fes defcendans, & que nous croyions la même chofe de tous les premiers animaux, nous ferons obligés de conclure qu'Adam fut créé fans dents, que les vaif

feaux & la communication du cœur & des poumons étoient tels qu'ils ont été depuis dans les enfans, & qu'ils fubirent les mêmes changemens. Il fera inutile auffi de difputer fi les oifeaux ont été créés avant les œufs, & nous pouvons croire que les chiens furent d'abord aveugles, comme on voit qu'ils naissent tous. Or nous changerions la création en géneration,& nous confondrions les actes de Dieu avec ceux de la nature qui furent déterminés par ce commandement général : Croiffez & multipliez; c'eft à dire reproduifez-vous mutuellement, non pas tels précisément que vous êtes maintenant, mais tels que vous puiffiez arriver au même état par une fucceffion réguliere des causes féminales. Car la premiere formation des chofes fut differente de la génération qui fuivit. Elles n'avoient rien qui les précedât, mais elles étoient éxactement formées pour ce qui devoit les fuivre.

Ainfi quoi qu'Adam ait été formé fans nombril, parce qu'il lui étoit inutile, fes defcendans en eurent, parce que dans fa compofition il en contenoit les principes, & le pouvoir de les difpofer pour les fins neceffaires aux befoins de fa pofterité. Adam n'a donc point eu de partie qui le liât aux créatures; il n'avoit de liaison qu'avec le ciel, parce qu'il tenoit l'être immediate

ment de Dieu. Et comme il n'a dépendu d'aucune cause efficiente que de lui feul, ne pourroit-on pas concevoir une connexion umbilicale, mais pourtant figurée dans l'acte même de fa production? & bien que par rapport à fon existence corporelle, cette connexion ne paroiffe autre chofe que celle de l'effet avec fa cause, il femble que par rapport à fa partie immortelle il ait eu une liaison plus immediate avec Dieu, comme étant forti du fein de la divinité même. Ainfi quoique plufieurs efpeces d'animaux n'ayent point de nombril, ils ont pourtant tous une connexion commune qui prouve qu'ils doivent tous leur existence à l'Etre fouverain, & qu'ils en dépendent comme de leur createur; connexion fi neceffaire à leur existence, qu'ils retomberont dans le neant quand il plaira à Dieu de les abandonner

à eux-mêmes.

Ceux qui foutiennent que l'œuf a été créé avant l'oifeau, oublient ce qu'ils ont remarqué en d'autres animaux. Car les oifeaux font nourris par les vaiffeaux umbilicaux, & quelques jours après qu'ils font éclos on voit encore l'umbilic. S'il eft vrai que la moindre portion de l'œuf ferve à la formation, & que la plus grande foit deftinée à fa nourriture, la même chofe eft probable dans les exclufions ovi

pares,

pares, dans les œufs des ferpens, dans les grenouilles, dans les vermiffeaux mêmes, quoique toute la fubftance de ceux-ci fuffife à peine à la production d'une mouche, & qu'il n'en refte aucune portion, comme je l'ai obfervé dans le progrès journalier de quelques-uns.

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De la maniere dont on reprefente les orientaux &les juifs dans leurs feftins, & le Sauveur en particulier, dans la folemnité de la pâque.

L

Es fentimens font fort partagés fur la maniere dont les juifs & les orientaux Le plaçoient dans leurs feftins, & particulierement fur la fituation duSauveur dans la celebration de la pâque. On le reprefente d'ordinaire affis fur une espece d'efcabeau à une table quarrée au milieu de fes douze apôtres; mais nous ne croyons pas qu'il y ait été dans cette fituation.

Sans obliger perfonne à embraffer notre fentiment, nous regardons comme un fait conftant que bien des peuples mangeoient couchés fur des lits. Les Perfes en ufoient de la forte; ear on lit dans Efther 7. que quand Affuerus revint dans la falle du feftin, Aman étoit fur le lit de la reine Efther. Ce que dit Athenée après Poffidonius, que le roi des Parthes étoit couché fur Tome II.

B.

un lit plus élevé que les autres, prouve que ces peuples étoient dans le même ufage. Athenée nous apprend encore que telle fut la pratique de Cleopatre dans fes feftins avec Antoine, quand il dit qu'elle avoit fait dreffer douze triclinium. Outre plufieurs paffages des fympofiaques de Plutarque, le mot triclinium qui eft grec d'origine, prouve que les Grecs s'en fervoient auffi. Ariftote declare dans fes politiques que les jeunes gens ne doivent point affifter aux fpectacles avant le tems où il leur eft permis de fe coucher à table avec les perfonnes pfus âgées. Lipfe, Mercurialis, Saumaife, Ciaconius, qui ont traitté la matiere à fonds, démontrent que les Romains mangeoient de même couchés fur des lits. Or de ces lits il y en avoit un que l'on nommoit ftibadion ou figma. Il étoit fait en croiffant, & d'une grandeur indeterminée; c'est pour cela qu'on le nommoit encore exaclinon & octoclinon, comme le prouvent ces vers de Martial:

Accipe lunata fcriptum teftudine figma :

Octo capit, veniat quifquis amicus erit. placez le lit fait en maniere de croissant, le lit qui tient huit convives: quiconque eft de nos amis, il fera bien reçu.

La place honorable étoit tantôt le côté droit, & tantôt le côté gauche ; & le maître du feftin ne la prenoit jamais : une au

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