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de plufieurs villes furtout de Ninive & de Refen, qui y eft appellée la grande cité.

Les pays circonvoifins étoient de même peuplés. Je n'en veux point d'autres preuves que les guerres qu'eurent à foutenir les rois d'Affyrie contre les bactriens, les indiens, les fcythes, les éthiopiens, les armeniens, les parthes, les perfes de la Sufiane, qui felon Diodore, fubjuguerent l'Egypte, la Syrie, & toute l'Afie mineure depuis le Bofphore jufqu'au Tanaïs. On lit auffi que la reine Semiramis dans fon expedition des Indes enmena avec elle le roi d'Arabie.

C'eft environ ce même tems que les auteurs placent la guerre des ficyoniens, celle des argives, & celle des atheniens fous Cecrops, auffi bien que l'expedition des argonautes, & les fameufes guerres de Thebes & de Troye.

Il paroît encore par l'hiftoire d'Abraham que la terre de Chanaan & l'Egypte étoient fort peuplées long-tems auparavant. Outre les premieres colonies qui tranf porterent de la Mefopotamie Chanaan & Mitfraïm, lefquels y trouverent des royaumes peuplés & policés, Jacob qui n'y étoit arrivé que lui 72 y laiffa en 430 ans une puiffante nation. Car nous lifons que ses enfans fe trouverent au nombre de 600000, lorfqu'ils fortirent de Rhamefis. On jugera

combien l'Egypte étoit peuplée, par cela feul qu'elle pouvoit affervir une fi grande multitude, & parce qu'en dit Herodote en plufieurs occafions; & l'on peut conjecturer en combien peu de tems elle fe vit fi peuplée, par cette infcription rapportée par Diodore: Mihi pater eft Saturnus deorum junior; fum verò Ofiris rex, qui totum peragravi orbem ufque ad Indorum fines; ad eos quoque fum profectus, qui feptentrioni fubjacent usque ad Istri fontes, & alias partes ufque ad Oceanum. Or felon les meilleurs auteurs Ofiris. eft Mitfraïm, & Saturne Cham, dont l'Egypte prend le nom dans l'écriture,& même dans Plutarque, & fe nomme Chamia. Et fi Adam fut enterré au même endroit où le Sauveur a été crucifié, comme l'affurent quelques peres de l'Eglife, c'eft à dire fur le calvaire, il aura laiffé fes os loin du lieu où ils avoient été formés. Nous trouverons encore cet éloignement plus grand, fi nous faifons attention à ce que dit Moyfe qu'il fut chaffé du paradis par le côté de l'orient, ce que femble juftifier la pofition des chérubins qui étoient à l'orient pour empêcher qu'Adam n'approchât de l'arbre de vie

Il paroît auffi par divers témoignages que les régions éloignées du paradis étoient de même habitées. Car il est évident que l'Italie étoit peuplée; on ne peut en douter

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après ce que rapportent Tite-Live, Denis d'Halicarnaffe, de Janus, d'Evandre & d'Enée, après la frequente mention qu'Homere fait de la Sicile, & l'ancienne inf cription trouvée à Palerme, que Thomas Fazelli a expliquée dans fon hiftoire de Sicile, & qu'un fyrien a traduite en ces rermes: Non eft alius Deus præter unum Deum; non eft alius potens præter eundem quem colimus Deum: hujus turris præfectus eft Sopha, filius Eliphat filii Efau, fratris Facob filii Ifaac, filii Abraham: & turri quidem ipfi nomen est baych, fed turri huic proxima nomen eft pharat.

L'hiftoire de Geryon, les voyages d'Hercule, fes fameufes colomnes, un paffage de Strabon qui dit que les Iberiens fe vantoient d'avoir il y avoit plus de fix mille ans la connoiffance des arts & des loix, tout cela prouve l'ancienneté des peuples qui s'établirent en Espagne. Les fçavans conjecturent que la Mauritanie & la côte d'Afrique furent de bonne heure habitées par les pheniciens, & d'abord après que les ifraelites eurent conquis la terre de Chanaan. Outre que les deux langues cartha ginoise & phenicienne font affés conformes, Procope raconte au fecond livre de la guerre des vandales, que dans une ville de la Mauritanie Tingitane, on lifoit en langue phenicienne cette autre infcription: Nos Maurici fumus qui fugimus à facie Jehof

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chua filii Nunis prædatoris.

Les îles canaries ou fortunées n'étoient pas inconnues alors; du moins c'est ainfi que Strabon interprete la harangue de Pro

tée à Menelas.

Sed te qua terra postremus terminus exstat, Elyfium in campum calestia numina ducunt : Nous pourrions dire la même chofe de la France & de l'Allemagne, peut-être auffi de l'Angleterre ; & cela fur des autorités raisonnables. Sans nous arrêter à Geoffroi de Monmouth qui fait fortir les bretons des troyens, fans même tirer avantage de ce que dit l'écriture que la race de Japhet peupla les îles des nations, il eft certain que l'origine des peuples d'Angleterre étoit fi obfcure au tems de Jule Céfar, qu'il les regardoit comme aborigenes. On peut de même prouver par bien des témoignages. que l'Irlande ne tarda pas à être habitée, quoique nous n'ajoûtions pas une entiere foi aux traditions de Bartholanus le scythe qui y arriva 300 ans après le deluge; ni au rapport du Gyraldi fuivant lequel Cafaria fille de Noé s'y étoit établie encore auparavant. Bochart dérive de la langue phenicienne les noms anciens des regions, parce que les pheniciens s'étoient établis, ou avoient porté leur commerce dans la

plûpart. Si donc comme le prétend ce fça vant homme, Espagne en phenicien fignifie le pays des lapins, Lufitanie ou Portugal le pays des amandes; fi l'Angleterre fe nommoit autrefois Barfanaca, ou le pays de l'étain fi Hibernia ou l'Irlande n'étoit autre chofe que le païs le plus éloigné; & fi les pheniciens donnerent enfin tous ces noms, nous aurons en ce cas de fortes preuves de l'antiquité des peuples qui les portoient.

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Nous venons d'établir combien dans l'ef pace de treize fiécles, les hommes s'étoient déja éloignés de leurs demeures primitives; mais il eft certain que la terre étoit encore plus peuplée qu'on ne peut le prouver; car il eft évident par les découvertes de tous les fiécles, qu'il y a eu plus de climats habités que les geographes n'en ont connu ou décrit. Herodote & Thucydide ne font aucune mention de Rome, & Prolomée ne dit rien de plufieurs parties de l'Europe, de l'Afie, & de l'Afrique. Maintenant, s'il nous eft permis de former des conjectures d'après ce que nous trouvons fur d'autres regions, nous n'aurons befoin ni de nous étendre beaucoup plus, ni même de demander la moitié des treize fiécles. Il fuffit de rapporter les expeditions que firent les affyriens peu de tems après le deluge. Ninus leva contre les bactriens

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