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tellations, ou les differens effets du foleil & de la lune dans les diverfes régions de l'air.

Or une longue prescription ayant rendu authentiques ces figures, il peut arriver que les ignorans en abufent, & les prennent litteralement. C'eft ce qui a donné lieu au fçavant Hevelius de transferer dans fon exacte felenographie les noms connus de plufieurs régions, mers, & montagnes aux differentes parties de la lune. Et plus tôt que d'employer des noms inventés ou fabriqués par les hommes, il a fort ingenieufement trouvé dans la lune un mont finai, un mont taurus, des palus mæotides, une mer Mediterranée, une Mauritanie, & une Afie mineure.

Nous aurions de la peine à découvrir dans les cieux certains mots hebraiques compofés de grandes & de petites étoiles, qu'y découvrent les fpectateurs cabalis tiques, où ils prétendent lire les événemens futurs. Ainfi, des étoiles qui font dans la tête de medufe ils compofent le mot charab, & y trouvent la défolation de Javan, ou de la Grece. Mais de pareilles vifions ne méritent pas d'être relevées

Il n'eft pas facile de concilier les diffe rentes fupputations des longitudes, puifque dans les calculs modernes le 180 degré eft 30 degrés au delà de celui que Prolo

mée compte le 180. Et l'on ne peut fe fauver en difant que les modernes ont fait leur premier meridien plus occidental. Les anciens commençoient à compter l'eurs longitudes des îles Fortunées ou Canaries; les modernes commencent à les compter des îles Açores ou de S. Michel. Mais puifque les Açores ne font que de 15 degrés plus occidentales, pourquoi les modernes en comptent-ils 180? ou pourquoi Ptolomée en compte-il plus de 220? & prenant 15 degrés à l'occident, pourquoi comptent-ils 30 degrés à l'orient au delà de la même longitude? C'eft ce qui refte encore à décider; & les modernes ne fe tirent pas d'affaire en difant que le calcul de Ptolomée convenoit moins aux canaries qu'aux îles du cap verd.

On pourroit douter fi la maniere que plufieurs nations ont pratiquée de compter les mois par la premiere apparence de la lune n'entraîne point plus de confufion que la maniere de les compter par la conjonction de ce même aftre. Car non feulement fon apparition eft incertaine; mais il varie encore en tout tems, & fe montre plus tôt ou plus tard felon qu'il fe trouve, dans les poiffons, le belier, le taureau, dans le perigée ou le mouvement le plus rapide, & dans la latitude feptentrionale; de là vient qu'on peut le voir quelquefois le jour

même de fon changement; ce qui arrivera dans les mois d'avril & de may de l'année 1.654.

Il eft très douteux que l'on mefure bien exactement le jour par le lever & le coucher vifible du foleil; car le foleil eft quelquefois réellement couché, lorfque la refraction le rend encore vifible fur l'ho rifon : de même que l'on voit au fond d'un baffin, lorfqu'il eft rempli d'eau, une piece de monnoye que l'on n'y auroit point vue

autrement.

Il eft encore incertain fi le globe de la terre n'eft qu'un point par rapport aux étoiles & au firmament; & comment, fi les rayons tombent fur un point, ils font pourtant reçus par une fi grande varieté d'angles qui paroiffent grands ou petits, felon la difference des refractions.

Si le mouvement des cieux ceffoit pour quelque tems, l'univers rentreroit-il néceffairement dans le chaos au même inf tant? qui tiendroit pour l'affirmative, ne feroit-il point trop dépendre les chofes fublunaires de la caufe premiere & confervatrice; ou plus tôt ne donneroit-il point trop au mouvement des cieux, dont la principale activité fe manifefte par la chaleur la lumiere, l'influence, tandis que le mouvement ne fert guere, fuivant la fçavante remarque de Cabeus, qu'à l'application

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fucceffive des vertus de ces corps célestes?

On peut encore douter fi les cometes font des fignes auffi menaçans que l'antiquité l'a crû. Puifque la plupart de celles dont on a tiré des prédictions, étoient plus élevées que la lune, pourquoi leur attribuer d'autres influences que celles qui naissent de leur pofition, & de leur afpect avec les étoiles qui font reputées benines? ou, puifque lon conçoit qu'elles ne font autre chofe que des exhalaifons d'autres étoiles, pourquoi n'en retiennent-elles pas la benignité? ou, puifque la nature des étoiles fixes eft aftrologiquement differenciée par les planetes, & qu'elles font eftimées martiales, ou joviales, felon qu'elles répondent à la couleur de ces planetes, pourquoi fi l'on veut toujours que les cometes rouges menacent de la guerre, ne veut-on pas auffi que les cometes blanches annoncent des tems heureux, comme on le prétend de jupiter & de venus, auffi-bien que du cœur du fcorpion, ou du bouvier ?

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LIVRE SEPTIE'M E.

De plufieurs opinions hiftoriques communément reçues, & de quelques-unes furtout qui font tirées des livres faints.

CHAPITRE PREMIER.

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Du fruit défendu.

Eft une opinion géneralement reçue que le fruit défendu au premier homme étoit une pomme. La tradition po pulaire l'a confirmée, & les poetes & les peintres l'ont perpetuée. Qui croiroit que l'on eût tiré de ce fruit, parce qu'il a été la fource de tout mal, l'étymologie du mot latin malum, mal? c'est pourtant ce que quelques-uns ont fait. D'autres ont prétendu que le fruit dont il eft queftion étoit la vigne, parce que dans le myftere de

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