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marquant l'âge d'Ifmael, on a crû qu'il adoroit le dieu d'Abraham, comme firent quelques autres qui n'étoient pas defcendus de Jacob; Job entr'autres, qui fuivant l'opinion commune, étoit iduméen, & de la race d'Efau.

Enfin nous n'omettrons pas ici le fentiment de plufieurs fçavans, qui veulent qu'Adam ait vêcu plus long-tems que Mathufalem, puifqu'il fut créé dans l'âge d'une parfaite virilité, qui n'arrivoit alors qu'à so ou 60 ans. En effet nous lifons que c'étoit à peu près à cet âge qu'ils commençoient d'engendrer : enforte que fi à 930 ans nous ajoûtons ces so ou 60, il aura plus vêcu que Mathufalem; & que s'il n'a point furpaffé tous fes defcendans par le nombre des jours, il les a pourtant furpaffés en vieilleffe, quoiqu'il n'eût point paffé par l'enfance & par l'adolefcence; & à prendre les chofes à la rigueur, il n'avoit encore qu'un an, lorfqu'il engendra. Et s'il eft vrai que tous ceux qui font nés dans la même année foient du même âge, il fera vrai qu'Eve fut auffi âgée que fon époux Adam, & que leur fils Cain fut auffi âgé qu'eux.

Pour cette opinion qui veut qu'aucun homme n'ait vêcu mille ans, afin qu'il n'y en eût aucun qui pût dire : j'ai vêcu un jour devant le Seigneur, aux yeux de qui,

felon l'expreffion de David, mille ans në font qu'un jour; c'eft une opinion popu laire, & qui ne mérite pas d'être réfutée. Car on peut dire également que mille ans ne font qu'un inftant devant Dieu, & par conféquent Mathufalem n'approcha pas plus de ce jour qu'Abel, parce que toutes parties du tems font égales devant celui que le tems ne peut mefurer, & à qui toutes chofes, foit paffees, foit futures, font toûjours préfentes. Ainfi quoique nous foyons fujets à la mesure du tems, & à la fucceffion de tous fes momens, nous ne pouvons pas cependant mefurer la sphere de Trifmegiftes, ni calculer la durée immuable de l'être fouverain.

CHAPITRE IV.

Où l'on examine s'il n'y eut point d'arc en ciel avant le déluge.

Q

C

U'il ne doive point y avoir d'arc en ciel 40 ans avant la fin du monde, & que la féchereffe qui précedera l'embrafement de l'univers, doive confumer la matiere de ce metéore, c'est une opinion qui n'a point de fondement légitime. Il n'en eft pas de même du fentiment qui veut qu'il n'y ait point eu d'arc en ciel pendant les feize cens ans qui s'écoulerent avant le déluge. Il paroît fondé für le chap. 9 de

la genese où il eft dit: Je place mon arc dans les nues, & il fervira de figne pour mon alliance entre moi & les hommes. Cependant il ne femble pas que l'on doive conclure de ces paroles, qu'il n'y ait point eu d'arc en ciel avant celui-là; & c'eft renverser l'ordre naturel que de prendre l'ancienneté des effets qui ont des caufes naturelles & déterminées pour une cause ajoûtée, & qui dépend de la volonté indéterminée d'un être intelligent. Or felon les regles de la raifon & de la phyfique, l'arc en ciel a fon principe dans la nature; puisqu'il eft caufé par les rayons du foleil tombans fur un nuage qui leur eft oppofé, dont les uns réfléchis, & les autres renvoyés par angles, forment ensemble ce metéore de diverses couleurs, & le forment neceffairement, toutes les fois que ces caufes fe trouvent réunies. Ainfi croire qu'il n'y eut point d'arc en ciel avant le déluge, parce que Dieu en fit le figne de fon alliance, c'eft vouloir qu'aucune chofe n'exifte avant le tems où elle aura été prife pour le figne d'une autre. On pourroit également con clure, qu'avant l'inftitution du baptême, il n'y avoit point d'eau.

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D'ailleurs outre l'arc en ciel folaire que Dieu montra à Noé, & dont on nie l'antiquité, il y en a un lunaire, vifible feulement pendant la nuit, & furtout au tems

de la pleine lune, à quelques degrés audeffous de l'horifon. Or on ne contefte point l'existence de celui-ci avant le déluge, quoiqu'il foit caufé de la même manie re. Il y a même apparence qu'étant moins fréquent que l'autre, on l'a obfervé plus tard; & ceux qui le remarquerent par hazard, le pritent pour un phénomène extraordinaire, & qui préfageoit des évenemens, lefquels n'avoient aucun rapport à fa nature.

On concevra enfin qu'il n'étoit pas néceffaire que Dieu créât feulement l'arc en ciel au moment où il l'établit figne de fon alliance, fi l'on confidere que de tous les metéores il étoit le plus propre à cette def tination. Les éclairs & le tonnerre ont quelque chofe de trop effrayant pour être fignes de mifericorde & de reconciliation; les cometes paroiffent trop rarement, pour fignifier une alliance que nous devions nous rappeller fouvent ; & d'ailleurs elles étoient plus faites pour annoncer l'embrafement de l'univers, que pour certifier qu'il ne feroit plus fubmergé par les eaux.

La voy e lactée paroiffoit convenir d'avantage; une partie en eft vifible partout, & la galaxie fe montre entiere aux peuples qui habitent fous l'équateur; mais comme elle ne paroît que la nuit, & l'air étant ferein, on l'auroit vue trop rare

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ment. Une étoile fixe n'auroit pas été vifible à toute la terre, & par conféquent c'étoit un figne peu propre à raffurer tous les hommes. Mais l'arc en ciel fe manifefte partout, & dans toutes les pofitions de la fphere. En Angleterre, on peut le voir le matin, pendant que le foleil eft élevé de 45 degrés fur l'horizon, ce qui eft le plus grand demi diametre de tout arc en ciel & l'après-midi encore, lorfqu'il est descendu vers la même latitude. Dans la pofition directe de la fphere, l'arc en ciel peut paroître trois heures après le lever du foleil, & trois heures avant qu'il fe couche, car le foleil montant 15 degrés par heure, il arrive dans trois à la hauteur de 45. Et même dans la sphere parallele, & fous les poles, on en peut voir fix mois de l'année quelque partie pendant tout le jour; car le foleil ne fe couche point dans cette pofition de la sphere, il ne fait que tourner autour des poles.

Mais on comprendra mieux que pour être le fymbole de cette alliance, rien n'étoit plus propre que ce metéore, fi l'on examine la proprieté naturelle, & ce qu'il peut prédire par lui-même. Lorfqu'il eft dans un nuage clair & prêt à tomber, il marque dans l'air une difpofition à la pluye; mais comme il faut en même tems que le foleil paroiffe, ces pluyes ne peu

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