Imágenes de páginas
PDF
EPUB

vent être univerfelles, & par conféquent elles ne peuvent caufer un nouveau déluge. Ainfi, lorfque les cataractes du ciel furent ouvertes, en vain eût-on cherché l'arc en ciel, il eût été impoffible de le voir, quoiqu'il devînt enfuite vifible à Noé. Il est donc vraisemblable que l'arc en ciel exifta avant le déluge, & que Dieu ajouta feulement la promeffe, qu'il n'empêcheroit plus déformais l'arc en ciel de paroître, ou qu'il n'affembleroit plus dans l'air une fi grande quantité d'eaux que l'on ne pût l'appercevoir ; & lorfque Dieu faifoit cette promeffe, il n'eft pas impoffible qu'il plût encore, fans que fa fidelité en eût fouffert, Ainfi ce fymbole fignifioit plus pour les premiers hommes, qu'il n'a fignifié dans la fuite pour les payens, qui le nommerent iris, la meffagere des dieux, & le ris de l'olympe en pleurs, rifus plorantis olympi : Et ce paffage d'Ifaie : J'ai mis mon arc & må fléche dans les nues, annonce de la pluye & du beau tems tout à la fois.

La cabale qui dans ce paffage trouve un livre celefte, où elle lit les grands évenemens, a en vue la figure hémifpherique de l'arc en ciel, laquelle reffemble au capb hébraique. Or ce caractére défigne le nombre de 20 ; & Jofeph fut vendu à l'âge de 20 ans, comme c'eft ordinairement à cet âge que l'on embraffe la profeffion des armes.

Nous

Nous dirons en finiffant, que nous approuvons extrêmement l'ufage des juifs qui de la manifestation de l'arc en ciel prennent occafion d'exalter la fidelité de Dieu dans fes promeffes, fuivant ce confeil de la Sageffe : Confidere l'arc en ciel, & loue celui qui l'a fait.

C

[ocr errors]

CHAPITRE V.

De Sem, Cham, & Japhet.

Eft une opinion prefque génerale, & que S. Auguftin même a fuivie, que les trois fils de Noé font nommés dans l'écriture, fuivant l'ordre de leur naiffance & que Japhet eft le dernier des trois; mais les preuves fur lefquelles établit cette opinion, ne paroiffent pas affés fortes pour déterminer les peuples de l'Europe defcendans de Japhet à l'embraffer.

L'écriture, à la verité, nomme toûjours Sem le premier, mais cela même ne prouve pas abfolument qu'il foit l'aîné. Sem eft la feconde tige de la race fainte, & c'eft pour cela feulement qu'il eft nommé le premier. Souvent le cadet eft nommé dans l'écriture avant l'aîné; Haram étoit le premier fils de Tharé, cependant il y eft dit que Tharé engendra Abraham, Nachor, & Haram. De même Rebecca eft nommée la mere de Jacob & d'Efau. Tome II.

[ocr errors]

y

J'ajoute que les cadets y font nommés Touvent les premiers, parce que c'est à eux d'ordinaire que la bénédiction eft donnée. Ainfi Abel fut préferé à Cain, Ifaac à If mael, Jacob à Efau, Joseph & David à tous leurs freres.

Suppofé, enfin, que Japhet ne foit pas le fils aîné de Noé, c'eft du moins à tort que nous le ferions plus jeune que Cham; car il eft dit formellement qu'après que Sem & Japhet eurent couvert la nudité de Noé, celui-ci s'éveilla, & qu'il reconnut ce que le plus jeune de fes fils avoit fait, υίος ὁ νεωτερες fuivant l'expreffion des feptante, filius minor. Selon S. Jérôme, c'eft apparemment ces motifs qui ont déterminé Jofephe à les nommer dans cet ordre, Sem, Japhet, & Cham. S'il refte quelque difficulté sur l'aîneffe de Sem, & de Japhet, & fi S. Cyrille, S. Epiphane, S. Augustin, Salien, le P. Petau, fe déclarent pour Sem il eft conftant d'un autre côté par les livres faints, que Cham étoit le plus jeune.

[ocr errors]

Ce fentiment quadre encore mieux avec l'hiftoire profane, & la chronologie des payens, qui fait de Noé Saturne, lequel avoit partagé le monde entre fes trois fils, & avoit pour fymbole un vaiffeau. On croit que Cham étoit leur Jupiter, le plus jeune des fils de Saturne, & qu'ils adorerent fous le nom d'Ammon. C'eft du moins ce

nom que les libyens avoient donné à ce même Jupiter, qui, felon eux, avoit coupé à fon pere les parties de la genération : ce qui eft évidemment tiré de l'hiftoire de Cham qui avoit vû celles de Noé; &, fuivant la remarque de Bochart, on n'auroit pas befoin de s'écarter beaucoup du texte pour lui préferer ici la fable des payens. Il ne faudroit que lire veiaggod il a coupé, au lieu de veiegged, il a annoncé.

CHAPITRE V I.

Si la tour de Babel fut bâtie contre un nouveau

déluge.

ON croit d'ordinaire que les hommes

entreprirent de bâtir la tour de Babel, pour fe garantir d'un nouveau déluge. Jofephe & d'autres hiftoriens l'affurent pofitivement; mais il y en a d'autres qui après un examen férieux ont douté que ce fût en effet le motif de l'entreprife. Car 1° ceux qui élevérent cet édifice pouvoient-ils ignorer que Dieu avoit juré de ne plus détruire le genre humain par. n'avoient-ils pas devant les yeux ciel qui étoit le gage de cette promeffe? En fecond lieu, fi l'on examine la nature du déluge, on verra que ne pouvant être produit ni par des pluyes, ni par des éruptions d'eaux fouterraines, & demandant

les eaux,

&

l'arc en

une caufe furnaturelle & irréfiftible, ces premiers hommes auroient bien manqué de jugement, en tentant une entreprise auffi inutile. D'ailleurs ils devoient avoir appris que les eaux du déluge furpafférent de quinze coudées la cime des plus hautes montagnes. Or fi, comme l'affurent quelques geometres, la hauteur perpendiculaire des plus hautes montagnes eft de quatre milles, ou de quatre ftades feulement, felon quelques autres, il eft difficile de concevoir que l'on ait pû conftruire une tour de cette élévation. Et fi l'on admet la defcription que fait Herodote de la tour de Belus, laquelle avoit huit étages, & le plus bas de ces étages un ftade de largeur & de hauteur ; fi l'on rabbat même de ce qu'en rapporte l'hiftoire fabuleufe des juifs, il y a de l'apparence que le projet pouvoit s'executer; & s'il avoit été impoffible, il n'eût pas été néceffaire que Dieu intervînt pour le détruire.

Le lieu que l'on fuppofe qui avoit été. choifi pour l'édifice, rend peu vraifemblable le motif que l'on prête à ces premiers hommes. Car ce fut la plaine de Sennaar; & fi la fituation de Babylone étoit alors la même qu'au fiécle d'Herodote, c'étoit plus tôt une fituation délicieuse, qu'un lieu convenable à un pareil deffein. En effet c'est une vafte plaine, & fi peu

« AnteriorContinuar »