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mes qui pour être crus immortels comme ils le difoient, font morts en des lieux écartés, & que d'autres fe foient imaginés qu'ils étoient morts dans le tems qu'ils étoient pleins de vie, il eft certain qu'il y en a peu, ou même qu'il n'y en a point qui ayent penfé qu'il leur fût impoffible de mourir. Ces hommes fuperbes qui fe font fait appeller dieux, n'ont jamais été affés aveuglés pour fe flatter d'une immortalité réelLe, & les plus orgueilleux ont été convaincus de la vanité de ces titres faftueux, par l'experience qu'ils faifoient chaque jour de leur déperiffement. L'homme peut bien s'étourdir pour un tems, mais il ne tarde pas à fe fouvenir de fa nature. Car les im perfections que nous ne ne pouvons diffimuler, ou celles que nous. que nous remarquons dans les autres, nous font à chaque inftant appercevoir de notre corruptibilité, & nous prêchent continuellement que nous devons retourner dans la terre d'où nous fommes fortis.

I

CHAPITRE XI,

De quelques autres opinions.

y a bien d'autres erreurs populaires; mais nous abandonnons les unes à la dif cuffion des théologiens, & nous ne parle tons pas des autres, parce qu'elles ne mé

Tome II.

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ritent pas

d'être réfutées. Lorfque David eut fait le dénombrement de ses sujets, futil puni, comme l'on croit, uniquement à caufe de la vanité de fon cœur, ou comme le prétend Jofephe & quelques autres, parce qu'il négligea encore de payer le tribut que le Seigneur avoit impofé fur chaque tête? c'est ce que nous ne déciderons point, Nous avouerons pourtant, que la loi contenue dans l'exode, menace formellement les ifraelites de la pefte, s'ils manquent à payer ce tribut. Si l'on compare les fommes qu'ils avoient levées auparavant à l'occafion des dénombremens, on verra à quoi pouvoit aller ce tribut, fous le regne de David, où les ifraelites étoient dans leur état le plus floriffant. Dans le premier dénombrement que fit Moyfe, le tribut fe monta à cent talens, & 1775 ficles, Chaque homme paya une beka, qui faifoit un demi ficle, felon le poids du fanctuaire, Cette fomme fut levée fur tous les ifraelites depuis l'âge de 20 ans, & ils fe trouverent au nombre de 603 550 hommes. C'eft fur ce tribut que fe regla Vefpafien, me nous l'apprend Jofephe, lorfqu'il affu jettit chaque juif à envoyer deux drachmes au capitole: ce qui faifant un quart d'once d'argent, revenoit au beka, ou demi ficle du fanctuaire, & faifoit environ 30 fols tournois, Car la drachme attique valoit

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Tept fols & demi fterling, ou un quart de ficle; le tribut qu'on levoit en forme de capitation étoit d'un didrachme, ou d'une double drachme, ou d'un demi ficle: & la Statere qui fe trouva dans le poiffon étant d'un ficle entier, fuffit à payer le tribut de J. C. & de S. Pierre.

Nous ne doutons point que la femme de Loth n'ait été changée en une ftatue de fel quoiqu'il y ait des auteurs qui prenant cet te expreffion au figuré, veulent que cette ftatue de fel ne fût autre chofe qu'une co. lomne durable, parce que le fel eft incorruptible. C'eft en ce fens que l'alliance de Dieu eft appellée l'alliance de fel, & qu'il eft dit de David, que Dieu lui donna le Royau me par un femblable traité, ou pour tou jours.

Nous croyons qu'Abfalom a été fufpen du par fa chevelure, & non pas par le col. comme le prétend Jofephe. Nous remar querons feulement qu'il y a beaucoup de fçavans commentateurs qui font d'un autre fentiment; & j'avouerai que j'ai moi-même de la peine à comprendre que le fair foit poffible, fuppofé qu'Abfalom eût fon' cafque en tête. Il ne paroît pas que S. Jerôme & Tremellius ayent fuivi l'opinion commune dans leurs verfions.

Nous croyons encore que Judas fe pen dit lui-même, & qu'il mourut en cet état.

Cependant Janfenius produit les témoigna ges de Théophylacte & d'Euthymius, pour prouver qu'il fut écrasé par la roue d'un chariot. Baronius ajoute que ce fut l'opinion des grecs du tems de Papias même qui avoit été difciple de S. Jean l'Evange lifte. Et, fuivant la remarque de Grotius il est bien difficile de concilier l'expreffion de S. Mathieu avec celle de S. Pierre, l'un difant en termes formels qu'il fe pendit & l'autre qu'il fe précipita, & qu'il creva pat par le milieu. Grotius obferve encore que le terme grec employé par S. Mathieu ne fignifie pas feulement fe pendre, ou s'étran gler, à la maniere dont les peintres le repréfentent, mais qu'il fignifie encore une fuffocation, un étranglement qui empêche la refpiration : ce qui peut être l'effet d'u ne extrême douleur, ou d'un defefpoir vio lent. On trouve ce terme au même fens dans l'hiftoire de Tobie au fujet de Sara: Ita triftata est, ut ftrangulatione premeretur, dit Junius, or l'horreur que Judas conçut de la perfidie, pur produire en lui un femblable effet. Ainfi les hébreux affurent que ce fut le dépit qui fuffoqua Achitophel, car le terme employé dans l'original, ne fignifie pas feulement fufpenfion, mais encore indignation, felon que l'a remare qué le même Grotius,

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CHAPITRE XII,

De la ceffation des oracles.

Uand on lit que les oracles du paga nisme fe turent à la naiffance de J. C. il ne faut pas l'entendre précisément à la lettre, comme s'il ne s'en étoit point rendu depuis, ou qu'ils n'euffent point perdu de leur crédit auparavant. D'un côté on ne peut nier qu'ils ne fuffent déja confiderable. ment tombés ; & ce paffage de Ciceron ne permet pas d'en douter: cur isto modo jam oracula Delphis non eduntur, non modo nostra ætate, fed jam diu, ut nihil poffit effe contem tius. Mais d'un autre côté un paffage de Suetone prouve qu'ils n'étoient pas toutà-fait muets de fon tems. Car dans la vie de Tibere fous qui le Meffie fut mis à mort, il dit que cet empereur voulant détruire les oracles aux environs de Rome, il en fut détourné par les forts de Preneste. Le même Suetone rapporte que l'oracle d'Antium avertit Caligula de fe défier de Caffius, lequel en effet confpira fa mort. Plutarque examinant pourquoi les oracles fe font tus, excepte celui de Lebadie; & dans le même traité Démétrius affure que les oracles de Mopfus, & d'Amphiloque étoient très fréquentés de fon tems. On en trouve beaucoup d'autres exemples dans

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