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à craindre de leurs ennemis, ils celebrerent deformais leur pâque dans la même attitude qu'ils prenoient leurs autres repas.

Mais il eft moins facile de déterminer l'ordre dans lequel fe placerent J. C. & Les difciples en cette occafion. Cafalius s'appuyant fur la figure du triclinium qui eft à Rome dans l'églife de S. Jean de Latran, foutient qu'ils étoient cinq couchés fur le premier lit, cinq fur le dernier, & trois-fur celui du milieu, & que le Sauveur occupoit la premiere place de celui-ci. Il paroît indubitable que le difciple bien aimé étoit fur ce même lit, puifqu'il étoit panché fur le fein du Sauveur, Et de ce que Pierre lui fit figne de demander à J. C. qui d'entr'eux devoit le tra hir, on conjecture qu'il étoit le troifiéme. Il eft vraisemblable que Judas n'en étoit pas éloigné puisqu'il trempa fon pain dans le même plat, & que J. C. étoit à portée de lui prefenter un morceau.

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Du tableau qui reprefente le Sauveur avec une longue chevelure.

N montre un autre tableau où le Sauveur eft representé avec une longue chevelure, fuivant la coutume des juifs & la defcription que Lentulus en avoit

envoyée au fénat romain. Nous ne blâ mons pas le peintre fur cet article ; mais nous condamnons les fpectateurs ordinai res qui fe font perfuadés que J. C. porta fes cheveux longs, parce qu'il étoit nazaréen, confondant ainfi cette efpece de religieux avec les habitans de Nazareth.

Les Nombres font mention des nazaréens de profeffion; il leur étoit défendu de boire du vin, de couper leurs cheveux, & d'approcher des cadavres. Tel fut Samfon. Mais il n'y a rien qui nous mene à croire que J. C. ait été nazaréen en ce fens, il buvoit du vin, puifque les pharifiens en prirent occafion de l'outrager; il approchoit des cadavres, puifqu'il reffufcita Lazare, & la fille de Jaïr.

Une autre espece de nazaréens, c'étoit ceux qui avoient pris naiffance à Nazareth ville de. Galilée dans la tribu de Nephtali. Or J. C. n'étoit pas même nazaréen en ce fens, puifqu'il étoit né à Bethléem de la tribu de Juda; cependant on a pû l'appeller ainfi, puifqu'il avoit été conçu à Nazareth, & qu'après fon retour d'Egy ptè, il

il y avoit paffé la partie cachée de fa vie, comme nous l'apprend S. Matthieu. Or ces deux efpeces de nazaréens se distinguent auffi facilement dans le grec que dans l'hébreu; en hébreu on les diftingue par les lettres zain & tfade, comme en

grec par l'a & l'e. Car fuivant la remar que de Janfenius, lorfqu'il s'agit du nazaréen de profeffion, on écrit Nasapatos, Levit. 6. & Lament. 4. & lorfqu'il eft queftion de J. C. dans S. Mathieu & dans les autres Evangeliftes, on lit Nalwpeïos, excepté dans S. Marc, qui écrivant à Rome a latinisé le mot grec & a ecrit Naζαρηνος.

CHAPITRE VIII.

De la reprefentation d'Abraham facrifiant Ifaac.

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Ans les tableaux qui reprefentent le facrifice d'Abraham, Ifaac eft ordinairement peint comme un enfant ; ce qui ne s'accorde ni avec le texte facré, ni avec l'explication des interpretes. Selon le texte facré Ifaac avoit porté lui-même le bois de fon facrifice. Or ce facrifice devant être un holocaufte qu'il falloit reduire en cendres, c'étoit fuivant les apparences de gros bois, & un fardeau trop pefant pour un enfant. Ifaac fut en cette occafion type du Sauveur qui porta luimême fa croix, laquelle étoit fi pefante qu'il eut befoin du fecours de Sinon le Cyrenéen.

Mais bien loin qu'Ifaac fût alors dans l'enfance; fi nous en croyons Jofeph, il ayoit atteint l'âge de 25. ans. Il est vrai

que dans la vulgate il eft nommé puer; mais ce terme eft relatif à fon pere qui avoit alors plus de cent ans. En quoi Ifaac fut encore la figure du Sauveur, qui fe laiffa conduire tranquillement à la boucherie, tandis qu'il avoit des legions d'Anges à fa difpofition. En effet fi Ifaac avoit voulu refifter à fon pere, celui-ci n'eut jamais pû le contraindre. Au même âge. David avoit déja terraffé un ours & un lion; Pompée avoit déja merité le furnom de grand, Alexandre étoit déja genera liffime de toute la Gréce, & Annibal faifoit déja la guerre aux Romains.

CHAPITRE IX.

De la reprefentation de Moïfe avec des cornese

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Oïfe eft souvent, & même dans des bibles anciennes, reprefenté avec des cornes. On le voit de la forte fur une medaille d'argent, & le revers porte la défense de tailler des images. On fuppofe que cette medaille a été frappée par quelques juifs qui vouloient infulter aux chrétiens, comme s'ils avoient les premiers reprefenté de la forte leur legiflateur.

La fource de cette erreur eft la fauffe

interpretation que l'on a donnée à quelques expreffions employées dans les livres

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Taints, lorfqu'il eft queftion de Moïfe defcendu de la montagne. Le mot hébreu dans l'Exode 34. 29. 35. fignifie également corne ou lumiere; & la vulgate a traduit: ignorabat quod cornuta effet facies ejus; & qui videbant faciem Mofis effe cornutam &c. la paraphrase chaldaique fuivant la verfion de Fagius: Mofes nefciebat quod multus effet fplendor gloriæ vultus ejus ; & viderunt filii Ifrael quod multa effet claritas gioria faciei Mofis. L'expreffion des septante revient au même : δεδοζαςαι ἢ ὄψις το γρῶμα τος το προσώπε : glorificatus eft afpectus cutis feu coloris faciei.

2.

Et ce paffage de l'ancien Teftament eft expliqué par un paffage du nouveau Cor. 3. où il eft dit qu'à caufe de l'éclat du vifage de Moïfe, les Ifraelites ne pouvoient le regarder διά την δοκίαν το προσώπε. De même ceux qui dans l'hiftoire de la courtisane Rahab ont pretendu que le mot hebreu fignifioit auffi hoteffe, ne doivent point être fuivis dans leur expofition; car S. Paul dans fon épitre aux Hebreux la nomme opva; mot qui ne fignifie point hoteffe, mais feulement une proftituée, mot par lequel les grecs ont défigné la celébre Lais, & qui eft different du mot Tarey, une maitreffe, comme on le peut voir dans le 13. livre d'Athenée. Qui vou dra de plus grands éclairciffemens fur Ra

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